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Édition du jeudi 9 octobre 2025
Ecole

Rénovation des écoles : les collectivités en attente de financements pour maintenir la « forte dynamique » en cours

Alors que les élèves sont exposés à des vagues de chaleur toujours plus fréquentes, le premier baromètre de la rénovation des écoles révèle que l'essentiel des collectivités considèrent le sujet comme prioritaire. Au rythme actuel, « plus de 30 % du parc » pourrait ainsi être rénové d'ici 2030. À condition que les financements suivent…

Par A.W.

La rénovation des bâtiments scolaires est bien une « priorité essentielle »  des collectivités, et devrait toujours l’être dans les années à venir. Mais son financement constitue « l’enjeu numéro 1 »  pour l’essentiel des collectivités. C’est ce que révèle le premier baromètre de la rénovation des écoles en France, publié hier et qui dévoile un état des lieux inédit de la « forte dynamique »  en cours dans les quelque 64 000 crèches, écoles, collèges et lycées publics du pays qui sont fréquentés par près de 12 millions d’élèves.

Une enquête qui intervient deux ans après qu’Emmanuel Macron a promis d’investir sans compter dans la rénovation des écoles. « Notre objectif, c’est dans les 10 ans de pouvoir rénover 40 à 44 000 écoles », dont 10 000 d’ici 2027, assurait-il avant que la situation des comptes publics ne se dégradent sérieusement et que les coupes budgétaires ne se multiplient.

2 600 rénovations par an depuis 2021

Réalisé sur un échantillon de près de 300 collectivités – dont 261 communes et EPCI (majoritairement des communes) - par deux filiales de la Caisse des dépôts (la Banque des Territoires et la Scet, une société de conseil et d'appui aux territoires), cette étude témoigne de « la forte mobilisation des élus et agents pour transformer les écoles en espaces plus sobres en énergie ».

Selon les auteurs du baromètre, la rénovation des établissements scolaires en France connaît « une forte dynamique »  puisque 84 % des collectivités qui ont répondu à l’enquête assurent avoir lancé ou réalisé un projet de rénovation au cours des cinq dernières années, les trois quarts étant des rénovations globales visant des transformations d’ampleur. 

Au total, ce sont 2 600 rénovations qui ont été initiées en moyenne chaque année entre 2021 et 2024. Ce qui traduit « la prise de conscience collective face aux enjeux de confort, de sobriété énergétique et de transition écologique ».

Une priorité en « léger recul » 

La preuve, huit collectivités sur dix prévoient de « poursuivre cet effort »  et de placer la rénovation comme une des priorités du prochain mandat. Un peu moins qu’actuellement, cependant, puisqu’elles sont près de neuf sur dix à avoir fait de ce thème une priorité de leur mandat en cours.

Un « léger recul »  annoncé donc pour le prochain mandat qui constitue « un point de vigilance », selon le baromètre. « Il traduit une incertitude, sans doute liée au renouvellement à venir des exécutifs locaux. Mais il peut aussi être le signal faible d’une moindre attention au défi de la rénovation énergétique et plus globalement de la transition écologique », préviennent les auteurs de l’enquête. 

On peut aussi penser que les coupes budgétaires de 2025, qui ont particulièrement frappé le Fonds vert, n’y sont pas étrangères. Les élus comptaient beaucoup sur cette enveloppe, ce qui a pu refroidir leurs ardeurs en la matière, alors qu’en 2024, 500 millions d’euros inscrits dans ce fonds étaient exclusivement dédiés à la rénovation des écoles.

Dans le sud, des vagues de chaleur de 8 jours 

Pourtant, les enjeux ne sont pas minces puisque le bâti scolaire, qui représente près du tiers du patrimoine immobilier public total de l’État et des collectivités, est vieillissant et s’accompagne d’une dégradation avancée, qui touche « 10 % à 20 % des bâtiments du parc scolaire ». 

Alors que 80 % des écoles primaires ont plus de 50 ans (76 % des collèges et 80 % des lycées ont plus de 25 ans), leurs élèves seront exposés à des vagues de chaleur « jusqu’à cinq fois plus fréquentes »  d’ici 2030, soulignent la Banque des territoires et la Scet. 

Plus précisément, les projections montrent que d’ici cinq ans « 9,4 millions d’élèves pourraient être exposés de 2 à 8 jours de fortes chaleurs par an, soit 2 à 5 fois plus que pendant la période 1976-2005 ». 

C’est dans le sud que ces journées consécutives de températures anormalement élevées se démultiplieront puisque « les 677 000 élèves de la région Paca seront les plus exposés avec environ 7,6 jours de vagues de chaleur à horizon 2030, suivie de la Corse (5,4 jours) et de la région Occitanie (4,8 jours) ». D’où l’urgence à accélérer les rénovations.

10 % d’économies sur la facture d’énergie

La bonne nouvelle, c’est qu’en maintenant le rythme engagé depuis 2021, les auteurs du baromètre affirment que « plus de 30 % du parc pourrait être rénové »  d’ici 2030. Ce sont ainsi 16 000 rénovations supplémentaires qui pourraient être lancer dans les cinq prochaines années.

D’autant que les premiers « effets positifs »  sont d’ores et déjà visibles puisque 86 % des collectivités interrogées estiment que les usagers sont satisfaits des travaux menés. « Cette satisfaction progresse particulièrement lorsque les collectivités consultent des publics divers (élèves, professeurs, parents d’élève…) au cours de leur projet de rénovation », constatent les auteurs.

Surtout, en poursuivant le même rythme de projets engagés que celui observé au cours des cinq dernières années, ces rénovations devraient permettre aux collectivités de voir leur facture d’énergie être allégée de « 10 % par an ». Et ainsi générer « jusqu’à 130 millions d’euros d’économies annuelles sur les dépenses ». 

Un vrai « levier budgétaire », selon les auteurs de l’étude. « À ces dépenses évitées s’ajouteraient par ailleurs les économies d’énergie rendues possible par une évolution des usages, une meilleure gestion énergétique et la massification des éco-gestes au quotidien », expliquent-ils.

Le financement, le « nerf de la guerre » 

Toutefois, quatre « défis majeurs »  demeurent. Qualifié de « nerf de la guerre », le financement des opérations est ainsi devenu « l’enjeu numéro un »  et le principal besoin pour les trois quarts des collectivités. Dans le contexte budgétaire contraint actuel, cet enjeu devrait encore prendre de l’importance à l’avenir alors que le baromètre relève que le prêt demeure un levier sous-exploité par les collectivités avec « des potentiels de mobilisation importants ».

« Seuls 21 % du bloc communal, 29 % des départements et 18 % des régions mentionnent l’emprunt comme premier mode de financement », constate l’étude, pour qui « il pourrait sans doute être plus fortement utilisé et représente donc une marge de manœuvre financière pour de nombreuses collectivités ». Et ce d’autant plus dans un contexte de contraction des subventions, principale source de financement des projets de rénovation scolaire des communes et EPCI qui y recourent « massivement »  (47 %).

Si le financement reste le principal besoin exprimé par les collectivités, le manque de compétences techniques et financières doit être également pris en compte, tout comme la connaissance partielle du parc immobilier et la difficulté à mesurer l’impact réel des rénovations sur la consommation énergétique.

Une collectivité sur cinq ignore encore cet impact. Pourtant, parmi les collectivités ayant atteint tous leurs objectifs, « 55 % constatent une baisse significative (supérieure à 40 %) de la consommation énergétique ». Par ailleurs, le déficit d’ingénierie interne « complique la gestion de projet par les collectivités, dont 50 % expriment une difficulté à faire les bons choix, notamment entre différents scénarios de rénovation ».

Consulter l’étude.
 

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