Alcome, une nouvelle filière pour aider les communes au nettoiement des mégots
Par Franck Lemarc
7,7 milliards de mégots sont jetés au sol, chaque année, dans le pays. Une véritable nuisance, bien connue des communes, et particulièrement compliquée à traiter. Pourtant, un objectif ambitieux de réduction de 40 % des mégots jetés sur la voie publique à l’horizon 2026 a été fixé par les pouvoirs publics, en 2020, dans le cahier des charges de la nouvelle filière, avec deux étapes intermédiaires (- 20 % en 2023 et - 35 % en 2025).
Premier éco-organisme sur la filière REP (responsabilité élargie du producteur) des mégots, agréé en août dernier pour six ans, Alcome est en train de se structurer, et plus de 140 communes ont déjà contractualisé. Il ne s’agit pas toutefois d’un éco-organisme tout à fait comme les autres, puisque Alcome ne fait pas de recyclage : ses missions consistent à soutenir financièrement les communes pour le nettoyage et la collecte de mégots, à sensibiliser les fumeurs, et à fournir des équipements comme des cendriers de poche ou de rue. Autrement dit, Alcome veut agir à la fois sur la prévention (sensibilisation des fumeurs à ne pas jeter leurs mégots) et sur le traitement (nettoyage).
Soutien financier
Contrairement à d’autres éco-organismes, Alcome n’est donc pas partenaire des intercommunalités mais bien des communes, au titre de leur compétence propreté.
Concrètement, les choses sont assez simples : les communes qui contractualisent avec Alcome touchent un soutien financier forfaitaire, fixé non pas en fonction d’un tonnage mais du nombre d’habitants : 2,08 euros par habitant et par an pour les communes de plus de 50 000 habitants, 1,08 €/h/an pour celles de 5 000 à 50 000 habitants et 0,50 €/h/an pour les communes de moins de 5 000 habitants. Il s’agit d’un soutien aux actions de nettoiement.
Ces sommes proviennent, comme pour tous les éco-organismes, d’un financement des metteurs en marché. Les communes qui souhaitent contractualiser peuvent le faire directement sur une plate-forme internet mis en œuvre par Alcome (143 l’ont déjà fait à ce jour). Elles s’engagent contractuellement à fournir à Alcome une liste de « hot spots », c’est-à-dire de lieux particulièrement exposés aux jets de mégots, et à procéder à des campagnes de communication et de sensibilisation. En échange, elles perçoivent immédiatement un soutien financier.
Quel devenir pour les mégots ?
Comme l’explique Marie-Noëlle Duval, directrice générale d’Alcome, à Maire info, l’une des premières missions de l’éco-organisme « est de conduire des études », car un bon nombre de questions liées à la gestion des mégots sont encore mal connues. Il faut d’abord « étudier les gisements. Comment compter le nombre de mégots ramassés ? » Pour tenir les objectifs de réduction du nombre de mégots jetés, il est indispensable de disposer d’une méthode objective de comptage, ce que la petite taille des mégots rend particulièrement complexe. « Nous avons lancé une deuxième étude sur le coût du nettoiement, qui permettra de savoir si le barème financier qui a été fixé est juste. »
Une troisième étude, encore plus fondamentale, « sur la fin de vie du mégot », a été lancée par Alcome. C’est en effet la question de fond : que faire des mégots collectés ? Faut-il mettre en place une filière de collecte spécifique, avec des perspectives de recyclage ou de valorisation ? Ou au contraire intégrer les mégots dans la collecte des ordures ménagères destinées à être incinérées ? « Ce sont toutes ces questions que nous voulons remettre à plat, explique Marie-Noëlle Duval, afin de fournir des données objectives aux communes qui pourront, ensuite, décider de ce qu’elles veulent faire. » Et les questions sont plus complexes qu’il n’y paraît : vu le poids individuel d’un mégot (0,22 gramme), la constitution d’un gisement directement valorisable peut s’avérer « un gouffre financier » et une opération bien peu écologique, puisqu’elle supposerait une centralisation des mégots, c’est-à-dire une multiplication des transports.
Communes pilotes
En plus de ces études, Alcome vient de lancer un programme de tests, baptisé « Communes pilotes », avec six communes représentatives de plusieurs typologies (urbaines denses, rurales ou touristiques). Cinq communes sur six sont déjà parties prenantes (La Ferté-sous-Jouarre, Grenoble, Rouen, Lalinde et Châlons-en-Champagne), et une sixième commune, touristique, « est en cours de sélection ». Ces communes serviront, explique la directrice générale d’Alcome, de « laboratoire expérimental » pour améliorer la collaboration entre l’éco-organisme et les collectivités : sur l’élaboration d’un « état des lieux des mégots », la sélection des « hot spots », « la mise en place d’un plan d’action » mêlant communication, sensibilisation, mise à disposition de cendriers de poche et de rue. Et, en aval, la mesure des résultats de ces actions.
Communication
La communication et la sensibilisation seront une des missions essentielles d’Alcome, qui va fournir aux communes adhérentes des « kits de communication », actuellement en cours de validation par la Direction générale de la santé. Les responsables de l’éco-organisme espèrent pouvoir lancer les premières campagnes dès cet été sur les plages et les lieux touristiques. Avec notamment la volonté de « lutter contre les idées reçues », comme celle qui consiste à penser que jeter un mégot dans le caniveau n’est pas un problème puisque « de toute façon les rues sont nettoyées ».
Les buralistes, dont la fédération professionnelle est membre du conseil d’administration d’Alcome, seront aussi au centre du dispositif : « Ce sont les premiers interlocuteurs des fumeurs, explique Marie-Noëlle Duval, et dans ce sens ils sont les mieux placés pour faire de la sensibilisation ou, par exemple, fournir les cendriers de poche ».
Cette filière est toute récente. Il est donc logique qu’elle cherche encore ses marques, et il faudra un certain temps pour que les indispensables études donnent des résultats objectifs. Alcome se réjouit du soutien actif et du rôle de conseil que joue l’AMF dans son comité des parties prenantes – l’association ayant une expertise « irremplaçable » sur la question du nettoyage, du tri et de la collecte.
Les communes sont donc invitées à s’inscrire sur le portail d’Alcome (https://portail.alcome.eco/), ce qui leur permettra de faire directement leur demande de soutien financier et d’obtenir des outils de communication.
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