Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 10 janvier 2020
Santé publique

Désertification médicale : les élus et les patients priés d'attendre 2027

La ministre de la Santé l'a répété à plusieurs reprises lors d'un débat à l'Assemblée nationale, jeudi 9 janvier au matin : il faudra attendre 2027 pour que le nombre de médecins formés augmente de nouveau. Chacun espère que cela se répercutera dans tous les territoires pour faire reculer les déserts médicaux – car ceux-ci ont progressé partout ces dernières années. « Toute la France est en zone sous-dense en médecine générale », a d'ailleurs résumé la ministre Agnès Buzyn.

Coercition contre incitation, bis repetita
Dans ce débat sous forme de questions-réponses entre députés et ministre sur l’efficacité des mesures prises pour lutter contre la désertification médicale, les échanges sont restés relativement convenus. Surtout dans les constats… un peu moins dans les solutions – si ce n'est la demande réitérée par plusieurs députés de groupes politiques de l'opposition de mettre en place un conventionnement sélectif. « Le déconventionnement permet de concilier la liberté d’installation avec le principe constitutionnel d'égal accès aux soins », a plaidé le député de la Mayenne Yannick Favennec Becot (Libertés et territoires). La ministre ne s'est, elle, pas privée de soulever qu'il était toujours de bon ton de proposer des mesures coercitives lorsque l'on est dans l'opposition, mesures que l'on oublie de mettre en œuvre une fois au pouvoir. Pour la ministre, la réponse reste ferme : pas de mesures coercitives. Elle est confortée dans son opinion par la réunion du G7 qu'elle a organisée sur ce thème en mai dernier où ses homologues lui ont « tous dit que les mesures coercitives ne marchaient pas ». « Les pays qui les ont mises en place font marche arrière », assure-t-elle, citant par exemple le Canada. 
L'issue reste donc pour le gouvernement la palette de mesures incitatives. La ministre a plusieurs fois évoqué celles récemment introduites dans la loi santé adoptée cet été : les communautés professionnelles de santé (200 ont été mises en place), les protocoles de coopération entre professionnels, ou encore les 400 postes de médecins salariés en zone sous-dense dont 110 ont déjà été recrutés.

L'investissement forcé des communes
Les députés n'ont pas manqué de mettre en regard l'investissement que continuent de déployer les communes et leurs groupements. À l'instar du village de Mont-Bernenchon, qui a transformé un bar en maison médicale. Ou de la communauté de communes Flandre-Lys (8 communes, 40 239 habitants) qui en est à sa neuvième maison de santé pluridisciplinaire. Deux exemples cités par la députée du Pas-de-Calais, Marguerite Deprez-Audebert, pour illustrer « le désarroi »  des collectivités, forcées de s'impliquer pour faire reculer le désert médical.

Plébiscite pour les centres de santé
La nouveauté, c'est l’accent mis sur les centres de santé, cités à de nombreuses reprises comme « la »  bonne idée. « Ces centres sont une chance », a relevé la ministre qui a évoqué les aides prévues pour en développer davantage, notamment en milieu rural (10 millions d’euros par an pour aider à leur création et 50 millions d'euros par an de la Cnam d’aide à leur fonctionnement) . 100 nouveaux centres de santé (sur un total de 425 centres recensés) ont été créés ces deux dernières années. Autre outil mis en avant : les contrats locaux de santé. La ministre veut « impulser une nouvelle dynamique en 2020 sur ces contrats ». 
Le recours à la télémédecine a en revanche été abordé avec précaution. « La télémédecine est un outil extraordinaire mais avec des risques de dérive dont l'aggravation du désert médical et l'instauration d'une médecine à deux vitesses », a pointé la ministre. Elle ne renonce pas pour autant à « organiser la télémédecine »  mais « sur des bases régionales ».  
Dernière mise en garde, cette fois des députés en direction du gouvernement : ne fermez pas de services dans les hôpitaux. « Il n'a aucune décision de fermeture de service aujourd'hui », s'est insurgée la ministre. Elle a toutefois concédé « qu'il y a des hôpitaux qui n’arrivent pas à recruter de médecins ». Mais elle assure que « les nouveaux médecins d’urgence, à partir de cette année, vont pouvoir renforcer l'offre de médecine d’urgence pour éviter les fermetures dont vous parlez ».

E.S.

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