Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 21 octobre 2025
Associations

Des financements en baisse pour les associations et les tiers lieux dans le budget pour 2026

Tous les voyants sont au rouge du côté du monde associatif. Alors que l'examen du projet de loi de finances pour 2026 a débuté hier en commission des finances à l'Assemblée, les représentants du mouvement associatif s'inquiètent.

Par Lucile Bonnin

L’étude nationale 2025 sur la vie associative menée par Recherches & Solidarités a récemment été publiée par la Direction de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative du ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative.

Au total, 1,6 million d’associations sont actives en France en 2025 avec plus de 74 000 nouvelles associations créées entre juillet 2024 et juin 2025. « Près de 13 millions de bénévoles dont 5,5 millions s’impliquent chaque semaine formant la colonne vertébrale du monde associatif. Côté emploi, le secteur associatif confirme son poids économique et social avec 1,9 million de salariés et une masse salariale de 51 milliards d’euros. » 

Si la dynamique associative observée dans cette étude est plutôt positive, elle s’inscrit sur un « fond d’inquiétude »  qui s’est sensiblement aggravé après la présentation du projet de loi de finances pour 2026. 

Un milieu associatif déjà fragile 

Depuis la crise sanitaire, le monde associatif peine à trouver des bénévoles et des fonds nécessaires pour assurer la continuité de leurs activités. Pourtant, cette dynamique est indispensable notamment « dans des territoires qui manquent parfois de lieux, de lien social, d’évènements locaux, de cohésion de territoire », comme le rappelait le maire de Chenevelles, Cyril Cibert, dans un rapport d’information sur la vie associative dans la ruralité (lire Maire info du 6 septembre 2024).

Dans un rapport inquiétant publié en juin 2024, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) indiquait que les « contraintes budgétaires de l’État et des collectivités territoriales »  ont conduit à une baisse significative de leurs ressources puisque, en une quinzaine d’années, « la part des subventions a baissé de 41 % dans le budget des associations »  (lire Maire info du 3 juin 2024). 

L’instabilité politique de ces derniers mois a largement empiré la situation. Patrice Douret, président des Restos du cœur, expliquait à la rentrée à l’AFP qu’entreprises et donateurs étaient en attente de savoir s'ils pourraient dégager des fonds pour aider les associations.

Enfin, l’augmentation de la pauvreté en France – selon l’Insee près de 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire en 2023 – conduit à une augmentation des demandes d’aides auprès des associations qui, comme les Restos du cœur, sont parfois contraintes de refuser certains demandeurs. 

Les associations se sont d’ailleurs mobilisées le 11 octobre dernier dans toute la France sous la bannière « Ça ne tient plus ! », pour alerter sur la crise sans précédent que traverse le secteur. « Les associations, qui comptent 20 millions de bénévoles, 1,8 million de salariés et touchent 67 millions de Françaises et Français, sont aujourd’hui menacées dans leur existence même », peut-on lire dans le communiqué du Mouvement associatif.

Des « coups de rabot »  préoccupants 

C’est dans ce contexte déjà fragile que la réduction drastique de plusieurs budgets prévue dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 inquiète les acteurs. Dans un décryptage, France générosités (syndicat professionnel des organisations d'intérêt général faisant appel aux générosités) alerte sur la baisse de trois budgets importants pour les associations. 

La mission Aide publique au développement par exemple passe de « 4,4 milliards d’euros en 2025 à 3,7 milliards d’euros, soit une baisse de plus de 700 millions d’euros (- 16 %). L’an passé, la mission de l’aide publique au développement avait déjà subi une baisse de près de 40 % » . De même, la « ligne budgétaire consacrée à l’économie sociale et solidaire (ESS) passe de 26,7 millions d’euros à 12,3 millions d’euros, soit une baisse de 54 %. »  À cela s’ajoute la baisse générale des subventions de l’État et des collectivités territoriales aux associations. Rappelons que cette année encore l’effort imposé aux collectivités dans le projet de budget est une « purge massive »  estimée à plus de 8 milliards d'euros selon les associations d’élus (lire Maire info du 16 octobre). 

Le Mouvement associatif chiffre au passage à 90 000 le nombre d'emplois en péril dans le monde associatif en raison de la baisse des financements. « Alors que la société se fragmente, peut-on couper les financements des associations culturelles et des autres lieux de rencontres, de socialisation, de vivre ensemble entre les habitants et habitantes ? » , peut-on lire dans le communiqué du Mouvement associatif. 

Mais la diminution la plus impressionnante concerne les tiers-lieux, alors que 75 % des élus valorisent leur rôle dans la lutte contre l’isolement et le renforcement du lien social. Selon l’Association nationale des tiers-lieux, les 3 500 tiers-lieux vont subir une baisse drastique de 95 % des crédits qui leur seront alloués en 2026 alors que 13 millions d’euros avaient été votés en 2025 et que 7,5 millions d’euros ont finalement accordés. En effet, il apparaît dans le programme 112 « Impulsion et coordination de la politique d'aménagement du territoire »  que l’enveloppe en faveur du développement des tiers lieux en autorisations d'engagement et en crédits de paiement est de... 700 000 euros. « C’est une gifle envoyée à la figure des 13 millions d’habitants qui participent aux activités et aux 377 000 personnes qui bénéficient de formations dans les tiers-lieux » , peut-on lire dans un communiqué.

Les acteurs soulignent cependant un bon point. Dans le dossier de presse du PLF 2026, il est indiqué que le gouvernement « propose de renforcer l’incitation fiscale pour les ménages à donner à des organismes d’intérêt général venant en aide aux personnes les plus démunies. »  Le PLF prévoit ainsi via le dispositif dit « Coluche », de passer de 1 000 euros à 2 000 euros « le plafond de versements ouvrant droit au taux majoré de 75 % de la réduction d’impôt au titre des dons effectués par les particuliers en faveur d’organismes d’intérêt général sans but lucratif qui accompagnent, fournissent des repas, dispensent des soins médicaux et favorisent le relogement des personnes en difficulté et des victimes de violences domestiques. »  Cependant, l’intéressante proposition du maire de Chenevelles est visiblement restée lettre morte. Ce dernier plaidait pour que les associations situées dans les communes faisant partie du dispositif France ruralités revitalisation (anciennement ZRR) puissent bénéficier de l’exonération des charges qui sont appliquées aux entreprises.

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