Conseil national de la refondation : les associations nationales d'élus y participeront finalement
Par Franck Lemarc
Après avoir beaucoup hésité (lire Maire info du 1er septembre), les associations d’élus réunies sous la bannière de Territoires unis ont décidé de prendre part au CNR (Conseil national de la refondation) : « Les engagements du président de la République lèvent les principales objections que Territoires unis avait pour prendre part aux échanges prévus dans le cadre de la première réunion du CNR », écrivent les trois associations dans un communiqué publié hier soir.
Hésitations
Les interrogations étaient pourtant nombreuses : dans un courrier adressé au chef de l’État, David Lisnard, président de l’AMF, s’interrogeait sur « l’opportunité » même de la création du CNR, demandait des précisions sur le rôle de cette instance et sur la place qu’y occuperaient les associations d’élus, et demandait à « connaître les modalités de fonctionnement du CNR, les suites réservées à ses travaux, et avoir l’assurance du caractère partagé des analyses de la situation comme des solutions à mettre en œuvre ».
Le 2 septembre encore, les présidents des trois associations (François Sauvadet pour les départements, Carole Delga pour les régions et David Lisnard pour les communes et intercommunalités), estimaient encore dans un communiqué que « le cadre du CNR qui est proposé ne (leur) semble pas approprié pour évoquer les enjeux relevant des compétences de nos collectivités ». Tout en « saluant » la « volonté affichée de changement de méthode conduisant à écouter et solliciter davantage les élus locaux et l’ensemble des corps intermédiaires », les trois présidents jugeaient que face aux « enjeux majeurs qui menacent la continuité des services publics locaux et l’investissement public » (allusion à la question de l’inflation et de l’énergie), un « échange approfondi avec l’exécutif » est nécessaire, qui ne peut exister que « par un dialogue dédié et direct entre les représentants des collectivités, l’exécutif et le Parlement. »
Les associations d’élus rassurées
Emmanuel Macron a choisi de répondre à cette préoccupation, en demandant, ce début de semaine, à recevoir en direct les présidents des trois associations pour une « réunion de travail ». Saluant « cette réponse donnée à leur démarche », les trois élus ont naturellement honoré cette invitation, qui a semble-t-il donné des résultats positifs.
Le chef de l’État s’est en effet engagé à rencontrer « à échéance régulière, au moins deux fois par an », les représentants de Territoires unis, « pour travailler sur les perspectives d’amélioration de la décentralisation et fixer un cap aux discussions d’ores et déjà engagées avec le gouvernement (…), dans un esprit de construction commune et de confiance mutuelle ». Lors de cette réunion, Emmanuel Macron a assuré les trois présidents « de son souhait d’avancer » sur le chantier de la décentralisation, et a « réitéré son engagement de maintenir les moyens financiers des collectivités locales », se félicite Territoires unis dans son communiqué.
Dans ces conditions, les trois présidents ne voient plus d’objection à ce que leurs associations participent, demain, à la première réunion du CNR.
Boycott de la plupart des partis d’opposition et des syndicats
Le tour de table ne sera néanmoins pas complet, puisque la plupart des partis d’opposition et plusieurs syndicats ont finalement décliné l’invitation.
On savait depuis la semaine dernière que ni Les Républicains ni les partis constituant la Nupes (LFI, PS, PCF et Europe écologie - Les Verts) ne participeraient aux travaux. Le Rassemblement national a lui aussi fait savoir qu’il ne serait pas présent.
Seuls seront donc présents La République en marche, le MoDem et Horizons, le parti d’Édouard Philippe… qui ne sera toutefois pas présent en personne.
Côté syndicats, enfin, seules la CFDT et la CFTC seront de la partie. La CGT a décliné l’invitation, regrettant de « n’avoir aucun détail sur le périmètre, les participants, les modalités, la forme et les attendus de cette réunion », qu’elle qualifie de « coup de communication ». Seront également absents FO, Solidaires, la FSU et la CFE-CGC, cette dernière qualifiant au passage le CNR « d’usurpation d’identité assez indélicate » – allusion à l’homonymie entre le CNR (Conseil national de la refondation) d’Emmanuel Macron et le CNR (Conseil national de la Résistance) du général de Gaulle.
Pour ce qui concerne les organisations patronales, le Medef, en revanche, a accepté de participer, tout comme la CPME (petites et moyennes entreprises), bien que sans grand enthousiasme.
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