La collecte des textiles, linge et chaussures usagés va reprendre dès aujourd'hui
C’est une situation très compliquée pour les collectivités qui est en passe de se débloquer : en fin de semaine dernière, après d’âpres négociations entre l’éco-organisme de la filière TLC (textile, linge de maison et chaussures), les collectivités et l’administration, d'une part, et les opérateurs d'autre part, un accord a été conclu permettant la reprise de la collecte dès aujourd’hui. Un « plan de relance d’urgence » va être mis en œuvre pour accompagner les acteurs de la filière – metteurs en marché, opérateurs et collectivités.
Dans un courrier commun des acteurs de la filière, que Maire info a pu consulter, il est annnoncé que « la collecte des TLC usagés va pouvoir être redéployée dès lundi 15 juin », ce qui va représenter une véritable bouffée d’oxygène eu égard à la saturation totale des points de dépôt.
Saturation
Rappelons que la filière TLC collecte et valorise quelque 280 000 tonnes de textile, linge et chaussures. La période de confinement et de déconfinement a eu des conséquences directes sur cette filière : pendant le confinement, de nombreuses personnes ont profité de leur inactivité forcée pour faire du rangement et se débarrasser de vêtements dont ils n’ont plus l’usage ; dès le 11 mai, elles ont profité du déconfinement pour aller déposer ces vêtements aux bornes de collecte. Le problème, c’est que celles-ci ne sont plus vidées. Pour une raison en particulier : une très grande partie des débouchés de la collecte va à l’exportation (75 à 80 %), en particulier vers l’Afrique et l’Asie. Or l’épidémie a mis à l’arrêt une grande partie des échanges internationaux. Par ailleurs, les magasins assurant la revente de certains vêtements collectés ont été fermés jusqu’au 11 mai. Quant à la filière industrielle du recyclage (transformant les vêtements usagés en chiffons ou matériau d’isolation), elle ne reprend que très partiellement.
Résultat, les opérateurs n’ont plus de débouchés et ont arrêté leurs installations de tri et interrompu la collecte. Dans beaucoup de collectivités et agglomérations, devant la saturation des bornes de collecte, celles-ci ont été condamnées – ce qui n’a pas réglé le problème, certains habitants n’hésitant pas à laisser les sacs en pied de benne, créant des dépôts sauvages et les nuisances qui vont avec.
Soutien financier
Cette saturation des points de collecte est le premier sujet sur lequel se mobilisent les acteurs de la filiale, qui écrivent que « aujourd’hui saturés, (ils) génèrent des désordres pour les collectivités locales et une incompréhension pour les citoyens, qui ne peuvent plus y déposer leurs vêtements et leur assurer une deuxième vie. » Le plan de relance qui a été élaboré, en concertation avec la direction générale de la Prévention des risques (DGPR) au ministère de la Transition écologique et solidaire, repose sur deux grands enjeux, comme le souligne le site de l’Institut français des textiles et de l’habillement : « Permettre aux entreprises de disposer, en complément des aides prévues par l’Etat, de davantage de trésorerie et, d’autre part, faire que le redémarrage ne soit pas bloqué par l’insuffisance des solutions de recyclage disponibles en France et à l’exportation. » Eco TLC, l’éco-organisme de la filière, a déjà versé aux opérateurs les quatre cinquièmes des soutiens relatifs à la production de 2019, et le complément devrait être versé d’ici à l’été. D’autre part, dès l’obtention du PGE (prêt garanti par l’État) qu’il a sollicité, Eco TLC s’est engagé à verser par anticipation les soutiens relatifs à la collecte 2020.
Ces mesures devraient permettre d’éviter la mise en incinération de tonnages importants de TLC non réutilisables dans les centres de tri.
Par ailleurs, l’organisme va devoir tenir compte du fait que les contributeurs (c’est-à-dire le secteur de l’habillement et de la chaussure) ont été particulièrement durement frappés par la crise sanitaire, avec la fermeture, plusieurs mois durant, des magasins. Eco TLC s’est donc engagé à examiner, « au cas par cas », les demandes d’étalement des versements de l’éco-contribution pour les entreprises les plus durement touchées.
Eco TLC a également proposé aux collectivités de mettre en œuvre ensemble une vaste opération de communication à destination des citoyens.
Si la première période, qui s’engage aujourd’hui, va être centrée sur « le désengorgement des points d’apport », le circuit devrait reprendre un rythme normal d’ici « fin juin », annoncent les acteurs de la filière.
F.L.
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