Consigne du verre : quatre régions vont expérimenter le dispositif en 2025
Par A.W.
Après être tombée en désuétude dans les années 60 avec l’arrivée du plastique, la consigne du verre fait son retour en France. Cette pratique va être, de nouveau, expérimentée dans le nord et l’ouest du pays à compter du printemps prochain, a annoncé hier l’éco-organisme Citeo, dans un communiqué.
« Dès mai 2025, 16 millions de Français pourront acheter des produits de grande consommation dans des emballages réemployables, dans les grandes surfaces alimentaires de quatre grandes régions » : les Pays-de-la-Loire, la Bretagne, la Normandie, ainsi que les Hauts-de-France, a détaillé l’organisme financé par les producteurs d'emballages pour soutenir les collectivités et organiser la collecte dans le bac jaune.
30 millions d’emballages réemployables
Selon l’échéancier présenté par Citeo, le déploiement du dispositif débutera par la mise en production des « standards d’emballages réemployables » à partir d’octobre 2024, avant l’installation en mars 2025 des « moyens de récupération en magasin » et le démarrage du déploiement deux mois plus tard.
Dès le printemps prochain donc, « les premiers emballages standardisés réemployables » créés par l’éco-organisme - et estimés à 30 millions en phase d’activation - seront « disponibles dans les grandes surfaces où un grand nombre de citoyens-consommateurs font leurs courses », explique dans le communiqué le directeur général de Citeo, Jean Hornain, qui espère « réduire l’impact environnemental des emballages […] en démocratisant cette nouvelle offre » qui reste « encore marginale ».
Une expérimentation qui fait office de « première étape » avant « la généralisation du réemploi à l’échelle nationale », souligne l’éco-organisme.
« Les bouteilles de bière, de jus de fruits, ainsi que les bocaux de conserves alimentaires », seront les principaux produits concernés, selon le détail présenté par le gouvernement hier soir, lors d’un point presse relaté par l’AFP.
Reste que, outre l'intérêt environnemental de la démarche, beaucoup moins énergivore que la production de nouvelles bouteilles, ce dispositif séduit aussi les acteurs de l'agroalimentaire car ils espèrent, là, reconstituer une partie de leurs marges. En effet, développée avec l'appui du syndicat Brasseurs de France (qui rassemble les plus grands acteurs de la filière), cette initiative « part d'un constat : la hausse des prix du verre l'année dernière lors de la crise énergétique », a ainsi indiqué l’exécutif.
Alors que Bruxelles venait d’épingler la France pour ses performances jugées « insuffisantes », ce retour de la consigne du verre avait été annoncé, il y a tout juste un an par voie de presse, par la secrétaire d'État à l'Écologie de l’époque, Bérangère Couillard, sans qu’il n’ait été « ni présenté ni discuté avec les parties prenantes » et alors même qu’une concertation avait été lancée sur la consigne des bouteilles en plastique.
Ce procédé avait particulièrement irrité les représentants des élus locaux, notamment, qui avaient dès lors qualifié les discussions de « fausse concertation ». Malgré les « propositions argumentées et précises » formulées par ces derniers, la réunion d’arbitrage qui était prévue la veille des annonces de la ministre à la presse avait, en effet, été « annulée en dernière minute ».
Objectif : « baisser la production de plastique »
Parmi la série de mesures présentées par Bérangère Couillard, celle-ci avait prévu le déblocage de quelque 50 millions d’euros pour « inciter les producteurs de pâtes à tartiner, de sauces ou de sodas, à adopter des contenants en verre standard et réutilisables au lieu du plastique jetable », mais aussi l'interdiction des plastiques non recyclables d’ici 2025 (notamment « les barquettes alimentaires noir de carbone » et le polystyrène expansé en billes).
Car, derrière le retour de la consigne du verre, l’objectif numéro un du gouvernement était bien « la baisse de la production de plastique », dont la question de la consigne des bouteilles plastiques reste très sensible puisque les collectivités y sont farouchement opposées.
Le feuilleton autour du sujet dure d’ailleurs depuis près de cinq ans. Et alors que l’exécutif s'était très clairement engagé à renoncer à la mise en place d'une consigne sur les bouteilles plastique, en septembre 2023, celle-ci avait finalement bien figuré, deux mois plus tard, dans la dernière version du projet de cahier des charges des éco-organismes.
Dans la foulée, le Parlement européen avait adopté, un projet de règlement « relatif aux emballages et aux déchets d’emballages » qui impose « un système de consigne pour les bouteilles pour boissons en plastique à usage unique d’une capacité maximale de trois litres », au plus tard le 1er janvier 2029. Avec pour seule exemption possible : le fait qu’un Etat puisse justifier d’un taux de collecte séparée des bouteilles plastique de « plus de 90 % ». Les associations d’élus avaient demandé au gouvernement « de s’opposer » à cette « fausse consigne » qui ne permet pas le réemploi des bouteilles mais juste leur destruction pour les recycler.
Ce dispositif ne présenterait, en effet, que des inconvénients à la fois pour les collectivités et pour les consommateurs. Pour ces derniers, les bouteilles seraient plus chères (le consommateur étant censé récupérer la différence en « rendant » la bouteille, ce que tout le monde ne fera pas) tandis que les collectivités pourraient se retrouver avec des installations surdimensionnées et voir leurs ressources tirées des emballages collectés se réduire. C’est donc tout l’équilibre économique de la filière qui serait mis en danger.
Comme l’expliquait le maire de Joigny Nicolas Soret, lors du dernier congrès des maires : Les matières « qui ont de la valeur vont échapper aux collectivités pour être rendues directement aux industriels, aux Pepsi, Coca, Danone, Neslé, etc. Ce qui est une ressource pour nous va tranquillement devenir une ressource pour les industriels. »
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