Les bénévoles, piliers indispensables des bibliothèques dans les petites communes
Par Franck Lemarc
Quelque 70 000 bénévoles sont engagés dans une action en bibliothèque territoriale, estiment les rapporteurs, et leur présence « permet et conditionne l’ouverture et le fonctionnement courant des bibliothèques ». C’est la raison pour laquelle l’IGÉSR (Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, qui dépend du ministère de Jean-Michel Blanquer), a souhaité mener une étude sur « la place et le rôle » de ces bénévoles pour étudier notamment « la relation qu’entretiennent les bénévoles avec la collectivité territoriale qui les emploie ».
« Convention de bénévolat »
La première partie du rapport est donc consacrée à cette question du « statut » juridique des bénévoles et balaie tous les types de situations rencontrées, selon par exemple que le bénévole exerce sa mission dans le cadre d’une association ou d’une régie. Les rapporteurs étudient notamment dans quel cadre le bénévole peut ou non être assimilé à un « collaborateur occasionnel du service public » et se penche sur les (rares) cas de contentieux qui ont pu voir le jour.
Afin d’unifier les pratiques et de protéger les deux parties (le bénévole et la collectivité), la mission recommande une forme de « contractualisation » systématique sous forme d’une signature d’une « convention de bénévolat » (dont le rapport fournit en annexe un modèle type). Ce document est destiné à « définir de manière claire les objectifs, moyens et modalités assurant la continuité du service public liés à l’activité du bénévole. (…) Sans qu’il y ait un lien de subordination, ni une contrepartie financière à l’activité, sans s’apparenter à un contrat de travail, la convention de bénévolat fixera les droits et obligations entre la collectivité territoriale et le bénévole, et constituera l’acte d’engagement réciproque ».
Où sont et qui sont les bénévoles ?
Le rapport évalue le nombre de bénévoles à 70 000 personnes, soit environ 12 000 ETP (équivalents temps plein), ce qui représente « plus du quart du temps de travail disponible dans les bibliothèques territoriales » – le nombre d’agents publics employés dans les bibliothèques étant, lui, estimé à environ 32 000 ETP.
Les bénévoles sont très clairement le pilier des bibliothèques des communes de petite taille, plutôt en milieu rural. On n’en trouve quasiment pas dans les communes de plus de 50 000 habitants, alors qu’ils sont « majoritaires » dans celles de moins de 2 000 habitants. Quant aux communes de moins de 500 habitants qui disposent d’une bibliothèque, elles n’emploient « exclusivement » que des bénévoles.
Ces bénévoles sont majoritairement des retraités (56 % ont plus de 65 ans) et ce sont des femmes à 90 % ! Les enseignants en retraite y ont une place prépondérante. Ces statistiques ne sont cependant que peu précises, le ministère ne disposant pas d’outils suffisants. Les rapporteurs recommandent donc aux départements d’effectuer des « enquêtes » sur le territoire pour améliorer ces connaissances, constatant que « dans l’ensemble, les bibliothèques départementales connaissent mal la population de bénévoles de leurs réseaux ».
L’accent sur la formation
Le rapport insiste également sur la nécessité d’améliorer le « recrutement » des bénévoles, notamment en rédigeant des appels à candidature plus clairs et plus précis, avec des fiches de poste détaillées. Il est recommandé de faire approuver ces éléments par le conseil municipal ou communautaire, afin « d’impliquer officiellement » la collectivité.
Il paraît également nécessaire aux rapporteurs de mieux former, voire de « professionnaliser » les bénévoles, en particulier ceux qui sont appelés à être responsables d’une bibliothèque. Certains départements conditionnent l’attribution des aides départementales à la construction ou à l’équipement de bibliothèques au fait que les bénévoles aient suivi une formation – a minima initiale, idéalement continue. Cette pratique est encouragée par les rapporteurs, qui appellent à sa généralisation. Pour aller dans le même sens, ils recommandent la systématisation de « la formation de formateurs pour mieux encadrer les personnels à former les bénévoles ». Le rapport décrit de façon très précise le contenu que pourrait avoir ces formations. Les rapporteurs préconisent également la mise en place d’une formation de base « en ligne », pour favoriser une diffusion la plus large possible.
On notera que, de façon surprenante, ce rapport – comme on peut le constater dans la liste des personnes auditionnées – a été réalisé sans entendre l’avis des associations d’élus, que ce soit l’AMF ou l’Assemblée des départements de France.
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