La taille de la commune joue un rôle déterminant dans la répartition des salles de cinéma en France
Par Lucile Bonnin
« En 2023, plus de la moitié des Français sont allés au cinéma », selon le service statistique ministériel de la Culture (DEPS) (lire Maire info du 25 avril). Cette sortie culturelle, qui reste donc très prisée par les citoyens, est de plus en plus facilement accessible.
Comme l’indique une étude sur la Géographie du cinéma publiée en septembre par le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) et repérée par nos confrères de Localtis, le nombre de salles de cinéma est en hausse depuis dix ans.
Des nouvelles salles
« En 2023, 1 683 communes, soit 4,6 % des 34 820 communes hexagonales, sont équipées d'au moins une salle de cinéma en activité », peut-on lire dans les analyses géographiques délivrées par le CNC. Cette hausse concerne toutes les tailles de communes, notamment celles ayant entre 10 000 à 20 000 habitants, qui ont enregistré 206 nouveaux écrans.
Cependant, la typologie des cinémas évolue aussi. « Le nombre de mono-écrans recule (- 3,2 %, soit 37 établissements en moins), ainsi que celui des établissements de 4 à 5 écrans (- 3,3 %, soit 5 établissements en moins). À partir de 6 écrans, le nombre d’établissements progresse significativement sur la période : + 17,2 % pour les cinémas de 6 ou 7 écrans (15 établissements supplémentaires) et + 30,4 % pour les multiplexes (58 de plus) ».
Ces chiffres, même si le CNC ne l’indique pas, montrent que ce sont les plus petites salles, souvent publiques, qui pâtissent de cette évolution. Rappelons qu’aujourd’hui environ 300 salles de cinéma sont en régies municipales et qu’elles ont eu du mal à se relever après la crise sanitaire. De plus, si les équipements sont nettement moins denses dans les communes rurales, il faut souligner qu’il existe aussi des cinémas itinérants, et qu’ils « représentent ainsi 13,3 % du parc cinématographique des communes rurales ».
Au total, selon le CNC, 48, 7 % de la population française vit dans des communes équipées d’un cinéma. Une couverture de plus en plus importante mais qui revêt certaines disparités.
Equipements et fréquentation
Sans surprise, du point de vue des équipements, « les grandes villes sont les plus fréquemment équipées » et on constate que « toutes les communes de 100 000 habitants et plus abritent au moins un établissement cinématographique actif depuis 1998. » À l’inverse, sur les 33 838 communes de moins de 10 000 habitants, 995 sont équipées de salles de cinéma. De plus, en un peu moins de dix ans, seulement dix communes rurales supplémentaires ont été équipées (+ 1,5 %), soit une évolution près de deux fois plus lente que celle observée sur l'ensemble du territoire (+2,8%).
Ces inégalités apparaissent comme problématiques si on met en perspective l’étude du service statistique ministériel de la Culture (DEPS) sur les sorties dans les lieux culturels. Cette dernière met en lumière le fait que « la distance au lieu de sortie dépend du type d’équipements culturels fréquentés ». Aller au cinéma est davantage une sortie qui se réalise dans la commune où habitent les répondants (49 %). Cela s’explique aussi car la sortie au cinéma « s’organise majoritairement au dernier moment : 79 % des spectateurs de cinéma ont acheté leur billet le jour même ». L’offre de proximité est donc une variable importante.
Par ailleurs, concernant la fréquentation des salles – en baisse de plus de 13 % avant la crise Covid – « Paris enregistre la plus importante baisse (- 23,3 %), suivie des communes de 50 000 à 100 000 habitants (-16,5 %). Les communes entre 10 000 et 20 000 habitants et celles de moins de 10 000 habitants enregistrent le plus faible recul (respectivement - 8,2 % et - 7,3 %). »
Mais le nombre d’entrées sur un an continue de progresser. Le CNC enregistre une augmentation de plus de 18 % des entrées sur l’ensemble du territoire en 2023 par rapport à 2022.
Recettes et programmation
Le CNC indique qu’en France la recette moyenne par entrée (RME) est de 7,39 € TTC en 2023. « 24 départements sont au-dessus de cette moyenne nationale, apprend-on dans ce panorama. C’est dans le Territoire de Belfort (90) et les Bouches-du-Rhône (13) que le cinéma est, en moyenne, le plus cher (supérieur à 8,50 €). À l’autre extrême, l’Ariège (09) et le Gers (32) se trouvent parmi les départements qui proposent le tarif moyen le plus bas (inférieur à 5,50 €). »
Au niveau communal, ce sont les communes de moins de 10 000 habitants qui dégagent la plus faible recette moyenne par entrée, à 6,52 €. A l’inverse, la recette moyenne par entrée est plus élevée dans les communes de 200 000 habitants et plus (hors Paris) avec une recette moyenne par entrée qui atteint 8,06 €. Selon le CNC, cela s’explique notamment par le fait qu’en moyenne, un établissement compte 5,8 écrans dans ces communes. Ce sont ainsi plus souvent des multiplexes « ouverts tous les jours et sur l’ensemble de la journée. Leur capacité de programmation explique en partie la part de marché en entrées des grandes communes. »
Enfin, le CNC donne à voir les différences de programmation entre les communes. 46,9 % des entrées des communes de moins de 10 000 habitants sont réalisées par les films français. En comparaison, à Paris, la part de marché des films français s’élève à 42,9 %. Pour les films Art et Essai, leurs entrées « correspondent à 27,8 % du total des entrées, une part très hétérogène selon la taille des communes. Paris enregistre la part de marché des films Art et Essai la plus élevée (51,9 %) en 2023. »
Le CNC rappelle enfin que toutes les régions soutiennent financièrement les salles de cinéma, pour un montant total de 13,5 millions d’euros en 2023.
Aussi, « les établissements classés Art et Essai mobilisent une aide sélective du CNC d’un montant total de 17,9 millions d’euros au titre de l’année 2023 ». Ces établissements spécifiques représentent 62,8 % du parc national de cinéma et sont le plus souvent situés dans les communes rurales (68,5 % d’établissements classés), et notamment dans les bourgs ruraux (75,4 %).
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