L'Éducation artistique et culturelle dans l'attente d'un nouveau souffle
Par Sophie Le Gall
Le ton du forum a d’emblée été donné par sa co-présidente, Florence Portelli, maire de Taverny (95), vice-présidente de l’AMF et co-présidente de la commission Culture de l’association, qui a lancé un vibrant appel à l’engagement des élus pour l’éducation artistique et culturelle (EAC).
« Dans une société comme la nôtre, fortement clivée, où la violence est de plus en plus présente, on ne peut pas transiger sur l’accès à la culture, il est 100 % non négociable, (…) en particulier s’agissant des enfants », a-t-elle plaidé, enjoignant ses collègues élus à « avoir la foi » pour ne pas faillir devant ce défi. La commune de Taverny est d’ailleurs détentrice du label 100 % EAC, qui a vocation à distinguer les collectivités engagées dans un projet visant le bénéfice d’une éducation artistique et culturelle de qualité pour 100 % des jeunes de leur territoire.
Les témoignages qui ont suivi celui de Taverny ont donné une idée du foisonnement des dispositifs dans ce secteur, qu’il s’agisse de Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale), projet de démocratisation culturelle centré sur la pratique musicale en orchestre pour les enfants habitant en quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ou en zones de revitalisation rurale (ZRR), expérimenté avec succès par la communauté de communes du Thouarsais (79), comme l’a expliqué son président, Bernard Paineau, maire de Thouars (79), ou des Micro-Folies (des appels à projets sont en cours), des musées numériques, notamment à Saint-Laurent-du-Maroni (973), avec les précisions de sa maire, Sophie Charles.
Ambition et simplicité
Mais aucune obligation de rejoindre un de ces dispositifs nationaux pour être un acteur de l’EAC, a assuré Olivier Peverelli, maire du Teil (07), président de l’association des maires de l’Ardèche et co-président du forum.
« Je dis à tous mes collègues qui commencent à s’intéresser au sujet de ne pas prendre peur. Il y a des actions très simples à engager, en commençant par faire le recensement des ressources locales. Une simple salle des fêtes peut suffire. Ou mettre en relation les habitants avec l’univers de la création en leur faisant rencontrer un écrivain, une danseuse… » , a-t-il expliqué. L
e rôle de la collectivité est « d’amorcer pour que chacun s’approprie le processus de création, pour faire découvrir des vocations », a-t-il poursuivi. « Les actions culturelles menées à l’école ou au périscolaire permettent que les enfants se disent : "Je m’y autorise" » , a complété Florence Portelli, à la condition que les écoles « disposent d’assez d’intervenants extérieurs formés » , estimant que le "Plan chorale“, mis en place par l’ancien ministre de la Culture Jean-Michel Blanquer (en 2019), a été « un échec » pour cette raison.
Quid de l’avenir des conservatoires ?
Sans surprise, les obstacles qui se dressent sur le chemin des élus acteurs de l’EAC ne manquent pas : course au financement, fragilité du secteur de la culture après la période covid, coût des manifestations gourmandes en ressources humaines, difficultés de mobilité en zones enclavées, manque d’équipements…
Sur ce dernier point, la santé des conservatoires inquiète tout particulièrement. « L’État ne finance plus les conservatoires ! » , a déploré Florence Portelli. Un propos contesté par Bertrand Munin, adjoint au délégué général à la Transmission, aux Territoires et à la Démocratie culturelle au ministère de la Culture, qui a assuré que l’État soutenait à nouveau financièrement les conservatoires, « dont les conservatoires municipaux », tout en reconnaissant qu’une large concertation sur l’avenir de ces équipements était nécessaire, avec un focus sur la revalorisation des métiers de la musique, devenus très peu attractifs. Les participants au forum se sont quittés sur un dernier point de vigilance : le soutien à l’EAC ne doit pas être exclusif et détourner les communes du soutien à la création.
Rapport de la Défenseure des droits
Le rapport annuel de la Défenseure des droits sur les droits des enfants (diffusé le 20 novembre 2023), est consacré au droit aux loisirs, au sport et à la culture, « reconnu par la Convention internationale des droits de l’enfant » , souligne-t-il.
Les auteurs rappellent le rôle crucial de l’école, « premier lieu de transmission des savoirs et des valeurs démocratiques » pour dépasser les conditions sociales de chacun « en offrant à tous les enfants un accès minimum au sport, à l’art et à la culture ». Par ailleurs, il insiste sur la nécessité de faciliter l’accès à la culture pour les enfants les plus vulnérables : en situation de handicap, en hébergement d’urgence ou encore pour les adolescents sous main de justice.
Retrouvez l’interview de Claire Hédon, Défenseure des droits, pour Maire info/AMF TV.
Claire Hédon, Défenseure des droits from Association des Maires de France on Vimeo.
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