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Édition du jeudi 19 janvier 2023
Crise énergétique

« L'essentiel des risques » de coupures d'électricité dissipé cet hiver, les stocks de gaz historiquement pleins

« Quelques risques » persistent autour de la seconde moitié de février en cas de vague de froid intense. Le président du directoire du Réseau de transport d'électricité (RTE) demande donc de rester « vigilant ». 

Par A.W.

Le réseau électrique français aborde la fin de l’hiver plus sereinement qu’il ne l’a débuté. Hormis l’arrivée d’une vague de froid particulièrement intense et des incertitudes liées à la grève contre la réforme des retraites qui s’engage aujourd’hui, les coupures d’électricité devraient finalement être évitées cet hiver.

C’est ce qu’a annoncé, hier, le président du directoire du Réseau de transport d’électricité (RTE), Xavier Piechaczyk, alors que la situation paraissait bien plus compromise il y a quelques semaines. 

Une baisse « considérable »  de la consommation 

« L'essentiel des risques est derrière nous », a estimé, hier, sur Franceinfo, Xavier Piechaczyk, à l’occasion de la publication des dernières prévisions de RTE.  « Les risques de coupures se concentraient sur les mois de novembre, décembre et au début de janvier car, à ces périodes, le nucléaire était très très peu disponible ».

Le réseau électrique français a ainsi pu éviter les délestages jusqu’à présent grâce à une consommation en baisse, mais aussi un renforcement de la production.

S’agissant de la consommation d'électricité, les dernières données établissent que « c'est - 7,5 % sur la dernière semaine »  et « on est en train de se stabiliser à - 8,5 % »  depuis le début de l'hiver. Ce qui est « absolument considérable », a expliqué Xavier Piechaczyk.

Cette « bonne nouvelle »  est-elle dû à une sobriété choisie ou un effet collatéral de l’inflation sur les entreprises et les particuliers ? Un peu des deux, selon le président du directoire de RTE car, à la fois, « les Français ont suivi les gestes de sobriété », mais, dans le même temps, « des grandes entreprises ont baissé leur production »  par contrainte économique. Résultat, cette baisse de consommation résulterait d’un « mélange qu’ont à du mal à départir »  entre l’un et l’autre, le prix de l’électricité ayant porté « préjudice à certaines entreprises ».

Rester vigilant jusqu’à fin février

Il reste, toutefois, encore « quelques risques »  autour de la deuxième quinzaine de février si le pays venait à traverser « une vague de froid importante et longue ». « Il peut y avoir une bulle de froid fin février, on l'a déjà vu en France », a ainsi prévenu le président du directoire de RTE, les prévisions météorologiques, n'étant pour l’heure pas assez fiables. 

En outre, le parc nucléaire - « disponible actuellement aux trois quarts »  - va « commencer à décroître »  dès le mois prochain, ce qui peut entraîner quelques incertitudes. En effet, bien que « la trajectoire de la disponibilité du nucléaire »  reste « conforme aux prévisions publiées en septembre »  avec 45 gigawatts de capacité de production d'électricité nucléaire, 43 réacteurs en fonctionnement et « quatre autres qui reviendront sur le réseau à la fin du mois », certains réacteurs vont retourner en maintenance à partir de « mi-février »  afin de « préparer l’hiver prochain ». 

Afin de terminer l’hiver dans de bonnes conditions, « nous devons donc rester vigilants et continuer nos efforts de sobriété pour éviter des signaux EcoWatt orange et rouge », a mis en garde Xavier Piechaczyk, sur Twitter. Pour les mois de mars et avril, « statistiquement, (...) on est quand même beaucoup plus décontractés », a-t-il souligné.

Grève : premières baisses de production

Il assure, par ailleurs, que EDF fait « ses meilleurs efforts pour remonter la disponibilité du parc de production »  et pour « préserver l'hiver ». « Si on devait rencontrer une tension sur le système, je veux quand même dire que la France est mieux préparée pour les gérer », a-t-il souligné.

Dans le cadre de la grève de la réforme des retraites, des agents d'EDF ont procédé, hier soir, à de premières baisses de production d'électricité dans les barrages, sans entraîner de coupures de courant.

Des grèves qui pourraient menacer le programme de maintenance des centrales nucléaires, selon La Tribune, qui relate les inquiétudes de RTE

Si « les mouvements sociaux n'ont souvent pas d'impact immédiat »  pour la sécurité d'approvisionnement en électricité, celui-ci est souvent « différé en raison de leurs conséquences sur les opérations de maintenance des centrales nucléaires », explique le journal, alors que la situation du système électrique « ne permet pas de prendre du retard dans le programme de maintenance ».

Cependant, des mesures pour empêcher des réductions trop importantes existent « qui permettent à RTE d’adresser à l’ensemble des moyens de production un ordre d’arrêt des baisses. C’est mis en œuvre lorsque les baisses sont assez profondes et induisent un risque vis-à-vis la sécurité de l’alimentation sur l’ensemble du territoire », rappelait, hier, Jean-Paul Roubin, directeur exécutif Clients, marchés et exploitation, auprès de BFM-TV

Gaz : pleins, les stocks vont être en partie vidés

Autre bonne nouvelle concernant la question énergétique. Jamais la France n'a eu des stocks de gaz aussi pleins, alors que ces stockages cruciaux étaient sous surveillance en raison des craintes liées au tarissement du gaz russe depuis le début de la guerre en Ukraine.

Ironie du sort, ils vont devoir être « un peu »  vidés dans les prochaines semaines pour respecter des « contraintes techniques »  habituelles dans ces infrastructures, a indiqué mercredi le gestionnaire du réseau de transport de gaz (GRTgaz), à l’occasion de la publication de son actualisation des « perspectives gazières »  pour l'hiver. 

Les stockages sont, en effet, « historiquement bien remplis »  avec un niveau qui atteignait, mi janvier, 80 % des capacités, bien au-delà de la moyenne de 55 % observée sur les six dernières années à la même époque. Le risque d’un déficit de gaz en volume sur le reste de l’hiver 2022-23 apparaît donc « très improbable », explique le gestionnaire. Même si, là aussi, « un risque résiduel sur quelques jours persiste toutefois en cas de concomitance d’une forte pointe de froid et d’une baisse des approvisionnements ».

Le niveau des stockages est tel aujourd'hui qu'ils ont désormais besoin de « respirer », c'est-à-dire d'avoir du mouvement sortant et entrant, pour « conserver leurs performances pour les hivers à venir ». « Une baisse significative du niveau de remplissage est donc à prévoir dans les semaines à venir », détaille GRTgaz. 

A noter que le gestionnaire précise que la consommation a baissé de « 12,8 % en données corrigées du climat »  depuis l'annonce d'un plan national de sobriété énergétique l’été dernier.

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