Crise de l'hôpital : une enveloppe de 400 millions d'euros annoncée par le gouvernement
Par Lucile Bonnin
Quelques jours après l’appel à l’aide de plus de 4 000 professionnels de la pédiatrie au gouvernement (lire Maire info du 24 octobre), le ministre de la Santé François Braun a réuni mercredi « l’ensemble des professionnels de la pédiatrie pour travailler avec eux sur cette refondation non seulement de l’hôpital dans son ensemble, mais aussi de cette filière de santé de l’enfant ».
Les services d’urgence pédiatrique sont actuellement saturés à cause de l’épidémie de bronchiolite qui a commencé bien plus tôt qu'habituellement cette année. La situation est préoccupante et met en lumière des problèmes de fond relatifs au manque de moyens octroyés dans les services hospitaliers et aux conditions de travail des professionnels.
Le ministre a donc annoncé hier que le gouvernement allait débloquer 400 millions d’euros pour accompagner les services hospitaliers dans cette crise soutenant la mise en place de « solutions pour nous permettre de tenir dans les trois mois qui viennent ». Le mois dernier, seulement 150 millions d’euros avaient été annoncés pour aider les services en tension de l'hôpital. Aucune précision n’a été faite sur l’enveloppe spécifiquement dédiée aux services pédiatriques en France.
Des mesures pour les soignants
Plusieurs annonces en faveur des professionnels ont été faites hier. D’abord, le ministre a annoncé le doublement de la rémunération des heures de nuit pour « l’ensemble des personnels de l’hôpital » jusqu’au 31 mars.
Il a aussi été annoncé que la « prime de soins critiques » allait être étendue à tous les soignants, dont les puéricultrices et aides infirmières qui n’étaient auparavant pas éligibles. Pour rappel, le décret du 10 janvier 2022 crée une prime d'exercice en soins critiques avec un montant est fixé à 118 euros mensuels bruts.
Aides à la médecine de ville
Ce « nouvel effort massif pour soutenir [les] professionnels de santé » comprend aussi un volet dédié à la médecine de ville. Les mesures établies cet été avec la « mission flash » pour désengorger les hôpitaux vont donc être prolongées (lire Maire info du 1er juillet).
Parmi elles, le gouvernement réitère son ambition de s’appuyer davantage sur la médecine de ville pour désengorger les urgences et hôpitaux. Ainsi, un soutien particulier a été annoncé en la matière. La régulation médicale va aussi faire l’objet de plusieurs aides notamment en encourageant une « mise à niveau des effectifs » des ARM (assistants de régulation médicale), les services téléphoniques du Samu étant régulièrement débordés.
Aussi, les médecins libéraux qui prendront en charge des patients à la demande du Samu ou du Service d’accès aux soins (SAS) vont continuer de percevoir un supplément de 15 euros.
Une situation qui va durer
Le ministre a reconnu que malgré le déblocage de cette nouvelle enveloppe « cette situation difficile qui met en tension les équipes va durer un mois, un mois et demi ». Malgré un montant revu à la hausse par le gouvernement, ces aides restent « mesures d'urgence temporaires », selon Mélodie Aubart, neuropédiatre à l'hôpital Necker-Enfants malades de Paris interrogée sur Franceinfo.
Les professionnels de santé attendent plutôt « des mesures structurelles fortes et pérennes » et Mélodie Aubart indique que « une infirmière ne peut plus continuer à s'occuper de 16 enfants malades en pleine nuit. Il faut des ratios de nombre de patients par infirmier. On voit bien que le ministre se met au travail, qu'il va mettre en place des groupes de travail mais nous l'attendons sur des engagements forts. »
En attendant, le ministre espère que ces mesures vont permettre d’entamer plus sereinement « la rénovation de notre hôpital et de notre système de santé » notamment grâce au CNR Santé et de ses déclinaisons territoriales qui sont en train de se mettre en place actuellement (lire Maire info du 25 octobre).
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