Covid-19 : les infos à retenir du week-end
Alors que la situation se dégrade fortement dans deux régions – une partie de la Moselle et l’agglomération de Dunkerque – du fait de la circulation des nouveaux variants du virus, l’État fait pour le moment le choix de rien changer à sa stratégie, même localement. Voire allège le protocole dans les écoles, à la surprise de la communauté éducative.
Établissements scolaires : retour en arrière
C’est au détour d’une FAQ (foire aux questions) mise à jour en fin de semaine dernière sur le site de l’Éducation nationale que la nouvelle a été connue, sans faire l’objet d’un quelconque communiqué du ministère de Jean-Michel Blanquer : désormais, les établissements touchés par le variant dit « anglais » seront soumis aux mêmes règles que pour le virus classique.
On se rappelle que le 1er février, (lire Maire info du 2 février), le gouvernement avait annoncé un durcissement des mesures de fermetures de classes en cas d’apparition d’un variant. On pouvait alors lire dans la FAQ du ministère : « Sur signalement de l’ARS, en cas d’identification d’un des variants chez un personnel ou un élève, la classe concernée sera fermée. » La classe était donc automatiquement fermée pour l’identification d’un des trois variants (anglais, sud-africain ou brésilien), et tous les élèves et personnels de la classe étaient considérés comme cas-contacts.
La FAQ mise à jour vendredi dernier change la donne : désormais, la fermeture automatique de la classe n’est plus obligatoire que pour les variants sud-africain et brésilien. Pour le variant anglais, « la conduite à tenir (…) est la même que pour le cas général », c’est-à-dire que la fermeture n’intervient qu’au troisième cas confirmé dans la même classe, n’appartenant pas à la même fratrie. « Selon l’analyse locale concernant la circulation de cette variante sur le territoire, en lien avec l’ARS, la fermeture de la classe pourra toutefois être envisagée dès le premier cas », précise la FAQ.
De nombreux membres de la communauté éducative (syndicats d’enseignants, directeurs d’établissement), se sont étonnés ce week-end de ce revirement, dont on peut penser qu’il est dû à l’accélération de la propagation du variant anglais et la multiplication des fermetures de classes qui en ont découlé (près de 1 600 classes étaient fermées vendredi, selon le ministère). Cette décision a été jugée ce week-end « irresponsable » par le syndicat Snuipp-FSU, qui dénonce un changement fait « en catimini » et remarque « qu’il ne suffit pas de casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre ». Le Snes (enseignants du second degré) estime également que cette décision « est à contre-courant de la situation sanitaire dégradée » dans les établissements.
Moselle, Dunkerque : des élus déçus
C’est également l’étonnement – pour ne pas dire plus – qui règne en Moselle et à Dunkerque, après que le gouvernement a décidé, samedi… de ne rien faire face à la progression inquiétante des variants.
En Moselle, les élus ont eu l’impression d’être « entendus » vendredi par le ministre de la Santé, Olivier Véran, venu conduire lui-même la concertation à Metz. Au sortir de sa rencontre avec les élus, dont plusieurs ont demandé en urgence de faire commencer les vacances scolaires avec une semaine d’avance, Olivier Véran est rentré à Paris pour « arbitrer ». Et samedi, le préfet de la Moselle, Laurent Touvet, annonçait finalement qu’aucune mesure supplémentaire ne serait prise – ni décalage des vacances, ni confinement local. Seule mesure nouvelle : les centres de vaccination sont restés ouverts tout le week-end et 2000 doses de vaccin supplémentaires y ont été livrées.
Plusieurs élus ont vivement critiqué ce choix : le maire de Metz, François Grosdidier, a réagi en qualifiant le gouvernement de « sourd et aveugle », alors que « les cas de variants explosent chez les 10-20 ans, le feu s’intensifie sur la métropole de Metz ». Son homologue à Thionville, Pierre Cuny, a dénoncé « l’amateurisme » du gouvernement, soulignant que dans sa commune, « nous sommes passés de l’absence totale du variant sud-africain à plus de 50 % ces dernières 48 heures ». Jean-Marc Todeschini, sénateur de la Moselle, juge « irresponsable » cette décision prise « contre l’avis unanime des élus mosellans ».
À Dunkerque, l’incompréhension règne également face à la décision du gouvernement de ne prendre que des mesures jugées fort minces, alors que le variant anglais atteint 80 % des cas dans certains secteurs de l’agglomération. Seules décisions annoncées par le préfet : l’obligation du port du masque est étendue à l'ensemble des communes de la communauté urbaine de Dunkerque et de la communauté de communes des Hauts de Flandre ; et il a été demandé de « décaler » l’arrivée et la sortie des classes dans les écoles maternelles et élémentaires – ce qui était déjà le cas dans beaucoup d’entre elles. Le maire de Dunkerque, Patrick Vergriete, a dénoncé samedi des décisions « qui ne répondent en rien aux demandes que les maires de la communauté urbaine ont unanimement formulées ces derniers jours ».
Dans le « couple maire-préfet » tant vanté par le gouvernement, il semble décidément que ce ne sont pas les maires qui donnent le ton.
Musées : des maires décident de passer en force
Autre sujet en débat du moment : la réouverture des musées. Vendredi, l’association France urbaine a publié un communiqué pour indiquer que les élus des grandes villes sont « prêts à accompagner une réouverture des équipements culturels », et « se joindre à la demande des professionnels de la Culture d’étudier les conditions d’une réouverture progressive des équipements culturels, au premier rang duquel [sic] les musées, les théâtres et les cinémas. » L’association prône la mise en place d’un « premier volet expérimental en fonction des équipements culturels et des paramètres sanitaires territoriaux ». La présidente de France urbaine et maire de Nantes, Johanna Rolland, s’est portée volontaire jeudi pour que son territoire soit « pilote » d’une telle expérimentation « avec des protocoles sanitaires adaptés ».
Certains maires n’ont d’ailleurs pas attendu les décisions gouvernementales pour agir. La semaine dernière, le maire de Perpignan, Louis Alliot, a rouvert quatre musées de la ville. Le préfet a aussitôt saisi la justice administrative, dont on attend la décision.
En fin de semaine, c’est ensuite André Laignel, maire d’Issoudun (et premier vice-président délégué de l’AMF) qui a annoncé la réouverture du musée de la ville, jugeant qu’il s’agit d’un lieu où « le risque de contamination est faible », et avec un jauge d’une personne pour 30 mètres carrés. Sur RMC, le maire d’Issoudun a dit espérer que de « nombreux maires » suivraient son exemple, pour ne pas que la culture continue d’être « bâillonnée ».
Le préfet de l’Indre a également saisi le tribunal administratif.
Vaccination par les médecins de ville le 25 février
Enfin, on a appris vendredi par la Direction générale de la santé (DGS) que le vaccin AstraZeneca pourra être administré par les médecins généralistes aux personnes de 50 à 64 ans atteintes de comorbidités à partir du jeudi 25 février. Cette campagne commencera assez lentement, puisque les médecins disposeront de 10 doses la première semaine, et 20 à 30 doses à partir du 1er mars. « Les volumes disponibles augmenteront très progressivement à compter du mois de mars, dans des proportions encore à préciser », indique la DGS. Dès maintenant, les médecins de ville qui veulent se porter volontaires pour cette campagne sont invités à « se rapprocher de la pharmacie d’officine de leur choix », qui se chargera de les inscrire via une téléprocédure.
Franck Lemarc
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