Covid-19 : confinement partiel dans le Dunkerquois, forte dégradation dans plusieurs départements
L’appel des 21 maires de la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD), avant-hier, à envisager une « semaine de la dernière chance » (lire Maire info d’hier) n’a finalement pas été entendu par le gouvernement : très inquiet par la « montée des eaux », selon l’expression de Jean Castex, l’exécutif a choisi dans le Nord la même voie qu’il a choisie dans les Alpes-Maritimes : le confinement le week-end.
Les décisions prises dans le Nord
« Il ne s’agit plus de parler de dernière chance », a répondu hier Olivier Véran, le ministre de la Santé, aux élus. « Nous avons effacé en une semaine les deux semaines de baisse consécutives enregistrées jusqu’ici » dans tout le pays, a ajouté le ministre, qui a parlé, à l’échelle de l’agglomération cette fois, de situation « alarmante », avec un taux d’incidence qui est « le double de ce qu’il était au plus fort de la première et de la deuxième vague ». Les mesures décidées dans les Alpes-Maritimes seront donc reconduites, semble-t-il à l’identique, dans le Nord, ou plus précisément dans une partie du département : ne seront concernées que la CUD (21 communes) et la communauté de communes des Hauts-de-Flandre (40 communes). Dans ces deux intercommunalités, le confinement sera prononcé du vendredi 18 h au lundi 6 h, dès ce week-end. Les dix centres commerciaux de plus de 5 000 m² encore ouverts « ne fonctionneront plus qu’en cliquer/emporter », la jauge des autres commerces sera portée à un client pour 15m², la « vente d’alcool à emporter » et la consommation d’alcool sur la voie publique sera interdite (en permanence).
Concernant le port du masque enfin, alors que les élus demandaient sa généralisation sur l’ensemble de la CUD au moins, c’est une autre solution qui a été choisie par le gouvernement : il sera obligatoire « en agglomération », c’est-à-dire, a précisé Olivier Véran, « partout où la vitesse est limitée à 50 km/h ou moins ». Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Pendant ce temps, dans les Alpes-Maritimes…
Pour connaître avec une réelle précision les contours organisationnels des confinements le week-end, qui semblent destinés à se multiplier, il faudra attendre la parution d’au moins un arrêté préfectoral. Le problème est que même dans les Alpes-Maritimes, où la décision a été prise lundi, l’arrêté n’est toujours pas paru, à la veille de la mise en place de la mesure.
La préfecture avait pourtant promis que l’arrêté serait publié hier, mercredi 24 février. Ce jeudi matin, à l’heure où nous écrivons, ce n’est toujours pas le cas. Il semble y avoir un certain nombre de problèmes à arbitrer qui prennent plus de temps que prévu. Les personnes ayant pris une réservation pour une location de vacances samedi prochain seront -elles, par exemple, autorisées à s’y rendre malgré le confinement ? Plus grave : les banques vont-elles ouvrir (ce qui n’est pas prévu par l’arrêté préfectoral concernant le commerce), alors que le versement du RSA est prévu pour le samedi 6 mars ? Si les banques restent fermées, des personnes en grande difficulté financière, si elles n’ont pas de carte bancaire, devront attendre le lundi pour aller retirer de l’argent.
Il est à espérer que l’arrêté préfectoral paraîtra dans la journée. Comme cela n’a vraiment rien d’évident, rappelons, pour ceux qui le chercheraient, qu’il faut pour le trouver se rendre dans la rubrique « Publication » du site de la préfecture, puis dans « Recueil des actes administratifs », choisir l’année 2021 puis la rubrique « recueils spéciaux ».
Huit départements au-dessus des 300 cas pour 100 000 habitants
Comprendre le mode d’organisation de ces deux confinements du week-end sera d’autant plus important qu’il y a de fortes probabilités de voir ces mesures se multiplier dans les jours et les semaines à venir. C’est ce qu’a laissé entendre le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, hier, à l’issue du Conseil des ministres : la situation « se dégrade » et devient « très préoccupante dans une dizaine de départements », a souligné le porte-parole, sans préciser lesquels. La situation impose « des mesures rapides et fortes », dans le but « d’éviter d’avoir à décider d’un nouveau confinement national ».
Ces mesures seront annoncées, ce soir, par le Premier ministre lui-même.
En analysant les bases de données fournies par Santé publique France, on peut identifier les départements où la situation devient alarmante. Huit départements dépassent à présent le taux d’incidence de 300 cas pour 100 000 habitants : Mayotte, les Alpes-Maritimes, le Nord, le Pas-de-Calais, les Bouches-du-Rhône, la Moselle, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne. Deux autres s’en approchent de très près : la Somme (297) et la Seine-et-Marne (283). C’est donc probablement à ces dix départements que le porte-parole du gouvernement a fait allusion.
Si aucun département métropolitain n’est aujourd’hui en dessous du seuil d’alerte fixé par le gouvernement l’été dernier (taux d’incidence de 50 pour 100 000), certains d’entre eux restent toutefois à des niveaux encore acceptables. Mais d’autres chiffres sont à scruter à la loupe : ceux de l’évolution du taux d’incidence dans le temps. Ces chiffres font apparaître que des départements relativement épargnés jusque-là sont sur une mauvaise pente. C’est notamment le cas en Bretagne : le Finistère par exemple, qui a aujourd’hui l’un des taux d’incidence les plus bas du pays (56), a néanmoins vu ce taux augmenter de 47 % en une semaine. Les Côtes-d’Armor, le Morbihan et la Loire-Atlantique connaissent, eux aussi, des taux d’augmentation supérieurs à 25 % en une semaine. C'est ce que met en lumière la carte ci-dessous, réalisée par Maire info.
Vaccination des 50-64 ans
Dans cette avalanche de nouvelles inquiétantes, il faut tout de même en souligner une bonne : c’est aujourd’hui que démarre la vaccination des personnes de 50 à 64 ans atteintes de comorbidités (elles sont environ 2 millions). Les quelque 30 000 médecins généralistes qui se sont portés volontaires pour cette campagne ont pu récupérer, en pharmacie, 10 doses chacun du vaccin AstraZeneca, et d’autres doses vont être livrées. Le gouvernement vise la vaccination de 500 000 personnes dès la première semaine.
Reste la question des 65-74 ans, tranche de la population qui, pour l’instant, n’est l’objet d’aucune campagne de vaccination : le vaccin AstraZeneca n’est pas recommandé au-delà de 65 ans, et les deux vaccins Pfizer et Moderna sont réservés aux plus de 75 ans. Ce devrait être le produit de Johnson & Johnson qui pourrait débloquer la situation : il vient d’être autorisé aux États-Unis, et pourrait l’être en Europe d’ici la fin du mois de mars.
Franck Lemarc
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