Épidémie : consommation et budget de l'État sévèrement revus à la baisseÂ
Consommation en berne, pertes de recettes fiscales et déficit qui grimpe... La crise du coronavirus aura de lourdes conséquences sur les finances publiques en 2020. C’est ce que prévoit le gouvernement lors de la présentation, hier, du projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2020 qui intègre des mesures exceptionnelles pour « soutenir l’emploi et les entreprises », face à cette situation exceptionnelle.
Ce texte doit être examiné, aujourd’hui à l’Assemblée, et de manière croisée avec le projet de loi d’urgence, et demain au Sénat, les parlementaires se réunissant dans une configuration restreinte pour respecter les mesures sanitaires.
Récession annoncée
Devant les différents pans de l’économie mis à l’arrêt forcé durant les prochaines semaines, la récession paraît inévitable et le gouvernement a donc revu lourdement toutes ses prévisions. Avec une baisse de 1 % du PIB, les recettes fiscales de l’Etat seraient amputées de 10,7 milliards d’euros par rapport à ce qui était escompté initialement tandis que l’inflation ralentirait (de +1,1 % à +0,6%). Dans le même temps, le déficit pourrait exploser à 3,9% (contre 2,2 % prévus initialement) et la dette dépasser les 100 % du PIB.
« Principal canal par lequel les mesures d’endiguement du coronavirus affecteraient l'économie », la consommation des ménages devrait reculer de 2 %, selon les données inscrites dans le PLFR. Cette baisse, « marquée et temporaire », va toucher de plein fouet les secteurs de « l’hébergement et la restauration, les loisirs et la culture, les transports ainsi que sur d’autres secteurs dont la consommation n’est pas indispensable », estime le gouvernement qui prévient également que la baisse de l’activité aurait « un impact négatif sur l’emploi et sur la masse salariale ».
En parallèle, l’investissement des entreprises « serait affecté par le ralentissement général de l’activité, ainsi que par la hausse progressive du coût du financement des entreprises ».
La dégradation pourrait être encore « plus marquée », selon le HCFP
S’il est désormais certains que le covid-19 va profondément plomber la consommation et les comptes de l’Etat, toutes ces prévisions restent marquées par « un niveau d’incertitude élevé », expliquent les services du ministère de l’Economie et des Finances dans l’exposé de son budget rectificatif, « en raison de l’impossibilité d’évaluer avec précision à ce stade la durée des mesures ».
Ce que confirme le Haut Conseil des finances publiques (HCFP), dans son avis, rendu hier, qui souligne la « grande fragilité » de ces prévisions au regard de l’incertitude même du contexte sanitaire. En effet, pour l’heure, le scénario du gouvernement repose sur deux hypothèses : « Celle d’un confinement limité à un mois et celle d’un retour rapide à la normale de la demande française comme étrangère », détaille le HCFP. Deux choses qui ne sont « pas acquises, si bien que la dégradation du cadre macroéconomique pourrait être plus marquée que prévu par le PLFR pour 2020 », met en garde l’institution.
Un plan de soutien de 45 milliards d’euros
Dans ce contexte, un plan « massif » va être déployé et 45 milliards d’euros vont être déboursés par l’Etat pour soutenir immédiatement l’emploi et les entreprises afin de « résister au choc économique ».
Près de 35 milliards d’euros seront ainsi réservés en report de charges sociales et fiscales alors que 8 milliards d’euros sont prévus pour financer le chômage partiel, 2 milliards d’euros de dépenses sanitaires et, enfin 1 milliard d’euros pour le fonds de solidarité destiné aux petites entreprises durant un mois. De plus, les prêts seront garantis par l’Etat à hauteur de « 300 milliards d’euros » afin de « faciliter l’octroi de prêts par les banques pour soutenir toutes les entreprises touchées par les conséquences de la crise sanitaire ».
En ce qui concerne le fonds de solidarité destiné aux entreprises de moins un million d’euros de chiffres d’affaires (micro-entrepreneurs, petites entreprises, auto-entrepreneurs…) sera financé grâce à une participation des régions à hauteur de 250 millions d’euros. Ce fonds sera porté à 2 milliards d’euros, « s’il doit se prolonger sur deux mois », a d’ores et déjà envisagé le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire.
Il aura « deux étages », a-t-il détaillé. « Un premier qui est un étage forfaitaire et automatique avec une indemnisation de 1500 euros pour les entreprises qui ont été fermées (bars, restaurants…) » et pour celles « qui auraient vu leur chiffre d’affaires réduit de 70 % entre mars 2019 et mars 2020 ». « Le deuxième étage est un traitement au cas par cas pour les petites entreprises qui seraient au bord de la faillite ». Il sera copiloté par l’Etat et les régions qui décideront « s’il faut apporter une aide de 5 000, 6 000 ou 7 000 euros pour les entreprises qui seraient particulièrement menacées ».
A.W.
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