Le président de la République demande « l'union sacrée », les rassemblements de plus de 100 personnes interdits
C’est sans doute l’expression la plus lourde de sens qu’ait utilisée le chef de l’État : « Le temps est à cette union sacrée qui consiste à suivre tous ensemble un même chemin ». Le terme choisi – tiré du vocabulaire politique de la Première guerre mondiale – donne la mesure de la gravité de la crise, « la plus grave crise sanitaire qu'ait connu la France depuis un siècle ».
Alors que presque 600 cas supplémentaires ont été diagnostiqués hier, ce qui confirme une accélération du nombre de cas de presque 30 % par jour, Emmanuel Macron a affirmé, après avoir consulté les scientifiques hier, que « nous n’en sommes qu’au début de cette épidémie : (…) le virus continue de se propager et est en train d’accélérer ». Les autorités craignent également que survienne « une deuxième vague qui touchera des personnes plus jeunes ».
Élections : nouvelles « consignes » attendues
Le président était très attendu sur la question des élections municipales – dont le gouvernement a clairement envisagé le report pendant toute la journée, avant de trancher : « Rien ne s'oppose à ce que les Français, même les plus vulnérables, se rendent aux urnes ». Si le chef de l’État a évoqué l’avis des scientifiques pour justifier cette décision, on sait aussi qu'une partie des responsables politiques y étaient opposés. « Je sais que les mairies ont bien organisé les choses », a affirmé Emmanuel Macron, mais « des consignes renforcées » vont être données aujourd’hui notamment pour permettre de réduire le temps d’attente des personnes âgées dans les bureaux de vote.
Écoles fermées
La mesure la plus spectaculaire annoncée hier soir est la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » de tous les établissements d’enseignement et d’accueil des enfants : « Crèches, écoles, collèges, lycées, universités ». Cette mesure pose évidemment un grand nombre de questions d’organisation (lire article ci-dessous). Les transports collectifs seront en revanche « maintenus », car « les arrêter ce serait tout bloquer ». Le chef de l’État a néanmoins demandé, au nom du sens des responsabilités, à chaque Français de « limiter leurs déplacements au strict nécessaire ».
Le Premier ministre a annoncé, en milieu de journée, que ce sont désormais les rassemblement de plus de 100 personnes qui sont interdits, sur tout le territoire.
Trêve hivernale reportée
Autre mesure très attendue par les acteurs de la solidarité (lire Maire info d’hier) : la trêve hivernale est prolongée de « deux mois ». Le ministère chargé du Logement a donné, dès ce matin, quelques précisions supplémentaires : jusqu’au 31 mai, les préfets vont « surseoir à tout concours à la force publique pour la mise en œuvre d’expulsions locatives » sauf si une solution de « relogement pérenne » a été trouvée. Les 14 000 places d’hébergement d’urgence ouvertes pour l’hiver resteront ouvertes pour deux mois de plus. Enfin, « au-delà du 31 mai, jusqu’à 7.000 de ces places ouvertes initialement pour l’hiver seront transformées en places pérennes ouvertes tout au long de l’année ».
Mesures « fortes » pour les entreprises
Emmanuel Macron a annoncé hier une « mobilisation générale » sur le plan économique, pour « défendre les entreprises de toute taille et défendre l’ensemble des travailleurs et des travailleuses. (…) Nous n'ajouterons pas aux difficultés sanitaires la peur de la faillite pour les entrepreneurs, l'angoisse du chômage et des fins de mois difficiles pour les salariés. » Alors que déjà, de nombreux secteurs sont très gravement impactés par cette crise (tourisme, transport, hôtellerie-restauration, événementiel…), le gouvernement va mettre en place « un mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel » : l’État « prendra en charge l’indemnisation des salariés contraints de rester chez eux ». Pour aider les entreprises, le paiement des cotisations et impôts du mois de mars pourra être « reporté sans justification, sans formalité, sans pénalité ».
Le chef de l’État a affirmé qu’il ne « laisserait pas la crise financière et économique se propager » (hier, la Bourse de Paris a connu la pire journée de son histoire avec une chute de l’indice de plus de 12,2 %). Des mesures fortes vont donc être décidées, à l’échelle européenne « quoi qu’il en coûte ».
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a d’ores et déjà annoncé ce matin que les mesures de soutien à l’économie allaient se chiffrer « en dizaines de milliards ».
Franck Lemarc
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