Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 9 mars 2021
Coronavirus

L'appel au secours des autocaristes de tourisme

Les fédérations professionnelles du transport de tourisme en autocar ont adressé hier au gouvernement un véritable appel au secours, pointant « un danger réel de disparition à très court terme » pour de nombreuses entreprises. 

Le chiffre est sans appel : le secteur du transport touristique a perdu 80 % de chiffre d’affaires en 2020. Quant aux transports conventionnés (transports scolaires et lignes régulières interurbaines), moins touchés, ils ont tout de même vu leur chiffre d’affaires diminuer de 20 %, selon les chiffres de la FNTV (Fédération nationale du transport de voyageurs). 

Modifier les seuils

Ce sont plusieurs fédérations professionnelles qui ont tiré, hier le signal d’alarme : L’Otre (Organisation des transporteurs routiers européens) et la FNTV, mais aussi l’Unostra (Union nationale des organisations syndicales des transporteurs routiers automobiles) et le CAI (Collectif des autocaristes indépendants). 
Ces organisations se félicitent, certes, des mesures de soutien qui ont été accordées au secteur, puis prolongées, et sans lesquelles « de nombreuses entreprises n’auraient pas survécu en 2020 », souligne la FNTV : chômage partiel, fonds de solidarité, aide compensant tout ou partie des charges fixes. 
Mais les fédérations appellent à un prolongement et un approfondissement de ces aides. 
Sur le chômage partiel, elles demandent au gouvernement une prolongation du dispositif « au moins jusqu’au 30 juin 2021 ». Mais surtout, elles souhaitent que le gouvernement révise les seuils ouvrant droit à certaines aides. 
La prise en charge des frais fixes par l’État se limite en effet aux entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à un million d’euros par mois. « La très grande majorité des entreprises de transport n’atteint pas ce seuil qui prive injustement nos PME, pourtant vitales dans l’économie de nos territoires et de l’emploi localisé, d’une chance de survie », écrivait hier l’Otre, qui demande que ce seuil d’un millions d’euros par mois soit « supprimé ». Par ailleurs, l’organisation demande que les investissements lourds en matériel (notamment en véhicules) soient intégrés dans les charges indemnisables.
D’autre part, la FNTV alerte l’État sur le fait que les dispositifs en vigueur ne sont applicables qu’aux entreprises ayant perdu plus de 50 % de leur chiffre d’affaires. Or un bon nombre d’entreprises familiales assurent à la fois des activités de tourisme et des activités conventionnées et, de ce fait, n’atteignent pas ce seuil. Elles sont donc « exclues de la compensation des charges fixes, des congés payés (…) et des mesures mises en place par les assureurs sur les véhicules immobilisés du fait de la crise ». La FNTV demande donc que ces entreprises puissent « isoler le chiffre d’affaires lié au tourisme pour les rendre éligibles à une partie des aides ». Faute de quoi, conclut la FNTV, certaines PME « emblématiques du transport routier de voyageurs risquent de disparaître ».

Le « mur de la dette » 

Autre difficulté pointée par les fédérations : le « mur de la dette ». Dès le mois de mars, les entreprises « vont devoir recommencer à rembourser leurs échéances de prêts bancaires ou de crédits-baux alors qu’elles n’ont pas la trésorerie qui leur permettrait de le faire ». Ce mois de mars, souligne l’Otre, pourrait « être fatal aux autocaristes qui vont devoir assumer la reprise des échéances financières mensuelles de leurs véhicules sans la moindre activité ».
Contrairement aux PGE (prêts garantis par l’État), dont le remboursement a été décalé d’un an, les crédits qui permettent aux entreprises d’acheter des véhicules vont devoir, à nouveau, être remboursés. En effet, les banques avaient accordé un délai de grâce d’un an, au moment du premier confinement, mais « elles refusent de nouveaux décalages, malgré les consignes de souplesse et d’examen au cas par cas annoncés par Bruno Le Maire et la Fédération Bancaire Française le 14 janvier », dénonce la FNTV. 
L’organisation demande donc à l’État de faire pression sur les banques pour permettre « un décalage de six mois supplémentaires »  pour leurs échéances d’emprunt ou de leasing. 

F.L.

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