Covid-19 : qu'est-ce que la « réserve civique » à laquelle fait appel le gouvernement ?
Période de crise sanitaire oblige, Gabriel Attal, secrétaire d’État chargé de la Jeunesse et de la Vie associative, a lancé, hier, un appel à une « réserve civique » pour aider les associations en première ligne dans la lutte contre l’épidémie de covid-19. Dès à présent, les bénévoles volontaires peuvent se faire connaître sur la plateforme en ligne « ouverte à tous » jeveuxaider.gouv.fr. Ils pourront ainsi répondre présents pour assurer une ou plusieurs des missions centralisées à cette même adresse, proposées par les structures publiques, parmi lesquelles les collectivités, les centres communaux d’action sociale (CCAS), les maisons départementales de personnes handicapées (MDPH) ou les opérateurs publics, et les associations. Vingt-cinq associations, dont le Secours populaire et les Restos du cœur, ont été associées au projet.
Quatre missions vitales
Parmi ces missions, quatre ont été identifiées comme « vitales » : l’aide alimentaire et d’urgence, la garde exceptionnelle d’enfants, le lien avec les personnes fragiles isolées et la solidarité de proximité. En ces temps de crise, il s’agit de renforcer le noyau dur d’associations débordées, en les aidant, par exemple, à « distribuer des produits de première nécessité et des repas aux plus démunis » ou à « garder des enfants de soignants ou d’une structure de l’Aide sociale à l’enfance ». « Toutes les associations souffrent d’une pénurie de forces vives, car un tiers - voire la moitié - de leurs bénévoles sont âgés de plus de 70 ans, donc confinés. Plusieurs points de distribution pour les plus démunis ont déjà dû fermer leurs portes ces derniers jours faute de bénévoles », constate le gouvernement.
Toutes les initiatives sont donc les bienvenues, même celles qui peuvent paraître anodines : ainsi, pour organiser l’entraide entre voisins, un kit de solidarité de proximité (en téléchargement ci-dessous), proposé par l’association Voisins solidaires, permet à chaque habitant d’un même immeuble d’inscrire, sur un panneau commun à tous, les services qu’ils peuvent assurer pour les autres (aller à la pharmacie, promener le chien, garde d’enfants) mais aussi tous leurs besoins (être accompagné chez le médecin, faire des courses, aller à La Poste…).
Chacun dans leur domaine de compétences, les ministres s'inscrivent dans cette démarche. Ce matin sur BFMTV, Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture, a appelé les Français « qui n'ont plus d'activité » à aider les agriculteurs en allant « dans les champs » pour participer aux récoltes : 200 000 emplois directs seraient actuellement vacants dans l'agriculture. Le monde du sport est, lui aussi, encouragé à rejoindre cette initiative. La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a annoncé, hier, qu’elle mobiliserait « son écosystème en écrivant aujourd’hui à l’ensemble des 180 000 éducateurs sportifs et à ses agents pour les inviter à se porter candidats à des missions d’intérêt général ».
Sécurité sanitaire
Bien sûr, ces bénévoles se devront d’être des « ambassadeurs » des règles élémentaires de sécurité sanitaire et des gestes barrières (se laver les mains plusieurs fois par jour, garder une distance d’un mètre minimum avec la personne la plus proche) « auprès des bénéficiaires et des autres bénévoles ». « En outre, il est formellement interdit aux personnes de plus de 70 ans ainsi qu’aux personnes atteintes d’une maladie chronique de s’engager dans une mission dès lors que celle-ci nécessite une rupture du confinement. Néanmoins, elles peuvent s’engager pour les missions réalisées à distance (lien avec les personnes isolées par téléphone, par exemple) », signale enfin le gouvernement.
Cette « réserve civique » n’est pas sans rappeler la « réserve citoyenne », créée sous le quinquennat de François Hollande par la loi Égalité et citoyenneté du 27 janvier 2017. Celle-ci avait vocation à « répondre au désir d’engagement des citoyens qui s'est manifesté à la suite des attentats de 2015 », est-il indiqué sur vie-publique.fr. Elle s’adressait, elle aussi, à tous les Français (y compris de l'étranger) ou étrangers réguliers, âgés de plus de 16 ans, qui souhaitent « servir les valeurs de la République en participant, à titre bénévole et occasionnel, à la réalisation de projets d’intérêt général ». Ces projets peuvent par exemple « concerner la solidarité, l’éducation, l’insertion et l’accompagnement professionnel ou encore les interventions d’urgence en situation de crise ».
Ludovic Galtier
Télécharger le kit de solidarité de proximité.
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