Covid-19 : coup de booster sur la vaccinationÂ
200 000 injections samedi, 120 000 dimanche. Tous les records ont été battus ce week-end, après la demande formulée par le Premier ministre, jeudi, de voir les centres de vaccination fonctionner désormais « sept jours sur sept » et la mise en place de « centres éphémères », montés en urgence dans les 22 départements en surveillance renforcée. En comptant l’accélération constatée vendredi, ce sont plus d’un demi-million de personnes (585 000) qui ont été vaccinées en trois jours.
« Prouesses logistiques »
Dans certaines villes, ce sont de véritables « prouesses logistiques » qui ont été réalisées, selon l’expression du maire de Nice, Christian Estrosi, où 12 800 personnes ont été vaccinées en un week-end. En Île-de-France plus d’une centaine de centres ont été ouverts, pour injecter quelque 50 000 vaccins ; dans le Pas-de-Calais, l’objectif d’administrer environ 10 000 doses semble avoir été tenu.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a voulu répondre favorablement « aux élus (qui) demandent à ce qu’on ait plus de vaccins ». Ce week-end, ce sont essentiellement des doses AstraZeneca, initialement destinées aux soignants, qui ont été écoulées dans les centres de vaccination.
À ce propos, le ministre s’est de nouveau adressé, vendredi, aux soignants, pour les enjoindre à se faire massivement vacciner. Son appel a été relayé hier par les sept ordres de professionnels de santé qui, dans une tribune publiée par le Journal du dimanche, ont appelé « d’une seule voix l’ensemble des soignants à se faire vacciner », estimant que cela « relève de leur devoir déontologique : protéger leurs patients en toutes circonstances ».
Livraisons en hausse
La possibilité de tenir ou non un rythme aussi élevé dans les semaines qui viennent dépend avant tout, naturellement, du nombre de doses qui seront livrées, mais également du développement de centres de vaccination suffisamment grands pour accueillir tous les patients.
Sur le premier sujet, l’exécutif se montre optimiste : les livraisons hebdomadaires devraient « dépasser les deux millions de doses dans deux semaines », a affirmé ce matin la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Dans ces conditions, la ministre estime que le pays sera en mesure de tenir son cap de « 30 millions de Français vaccinés d’ici la fin du mois de juin ».
Néanmoins, à très court terme, c’est bien un couac qui a été constaté ce matin avec l’annonce surprise, par la Direction générale de la santé (DGS), de la suspension des livraisons, cette semaine, aux médecins généralistes. En raison de l’ouverture le 15 mars, après parution du décret du 4 mars, de la possibilité pour les pharmaciens de vacciner (ainsi que pour les infirmiers et les sages-femmes), la DGS indique que les pharmacies d’officine seront prioritaires pour les livraisons : « À noter que pour la semaine du 8 mars, la commande ne sera ouverte que pour les besoins propres des officines, il ne sera pas possible de prendre des commandes pour les médecins », indique une note « DGS-Urgent » envoyée cette nuit à tous les professionnels. Une annonce qui a fortement étonné les médecins de ville, vecteurs essentiels de l’accélération de la vaccination.
Centres XXL
Mais si les livraisons augmentent, la logistique permettant de les administrer aux patients doit suivre.
Dès vendredi, le ministre de la Santé a adressé un courrier au président de l’AMF, François Baroin, pour inciter les maires à ouvrir des centres de vaccination dès ce week-end. Dans ce courrier, que Maire info a pu consulter, le ministre rappelle que « la situation demeure préoccupante » et que le rythme de la vaccination doit être « accéléré ». Olivier Véran reconnaît que la vaccination des soignants ayant été « plus réduite qu’anticipé », il a été constitué un important stock de vaccins AstraZeneca, « qu’il convient d’administrer au plus vite ».
Le ministre « invite donc les maires (…) à prendre l’attache des préfets, des directeurs généraux d’ARS et des directions des établissements pivots pour organiser l’ouverture ce week-end de centres de vaccination dans tous les départements », afin de permettre l’accès à la vaccination « des milliers de personnes inscrites sur listes d’attente ». Et de préciser que « les modalités d’accès à ces nouveaux rendez-vous sont soumises à la meilleure organisation locale que les maires sauront définir en lien étroit avec les services déconcentrés de l’État ».
Au-delà, l’étape suivante sera celle de la mise en œuvre de « centres de vaccination XXL », c’est-à-dire de « vaccinodromes », comme le demandaient un certain nombre d’élus depuis des semaines. Le gouvernement a longtemps reculé devant l’ouverture de tels centres géants, échaudé par le souvenir de l’échec de tels centres lors de l’épidémie de H1N1 en 2009.
Des centres géants, capables de vacciner jusqu’à 2000 personnes par jour, ont finalement ouvert dès ce week-end, notamment dans le nord. Ils devraient se développer dans les jours à venir – un symbole fort étant l’annonce, samedi, de la transformation du mythique stade de football du Vélodrome, à Marseille, en centre de vaccination géant. L’ancienne maire de la ville, désormais première adjointe, Michèle Rubirola, a indiqué hier dans le Journal du dimanche que l’arrivée massive de doses de vaccins, annoncée par l’ARS, va permettre « l’ouverture de six lignes de vaccination dans le stade », avec l’aide des marins-pompiers et de bénévoles fournis par le club de l’Olympique de Marseille.
La Nouvelle-Calédonie touchée à son tour
Le temps presse, car les chiffres continuent d’être orientés à la hausse. Il y a depuis hier autant de malades du covid-19 en réanimation qu’il y en avait fin novembre. Nous avons devant nous « deux mois très sensibles », a indiqué le Premier ministre, Jean Castex, samedi, qui a déclaré que la montée en puissance des variants « risque de nous reconduire, peut-être, à reconfiner ».
Signalons par ailleurs qu’un « confinement strict » de deux semaines a été annoncé hier en Nouvelle-Calédonie, après la détection des neuf premiers cas de covid-19 sur ce territoire. Jusqu’à présent, la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna restaient l’un des rares territoires de la planète exempts de contaminations. Le confinement a été décidé par le gouvernement local et le Haut-Commissaire de la République dans l’espoir de « casser la transmission du virus tant qu’il est encore temps ».
Franck Lemarc
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