L'au-revoir de François Baroin aux congressistes de l'AMF
Par Franck Lemarc
Affluence des grands jours, hier après-midi, pour l’assemblée statutaire de l’AMF, dernière de la direction sortante. L’après-midi a d’ailleurs été marqué par une séance électorale, lors de laquelle les deux candidats à la présidence de l’AMF, Philippe Laurent et David Lisnard, ont fait un discours devant les congressistes pour présenter leur programme et leur vision. À l’issue de la séance, le scrutin a été ouvert, et sera clos aujourd’hui à 15 heures. Rappelons que cette année, le vote est entièrement dématérialisé, et que peuvent y participer tous les adhérents de l’association à jour de leurs cotisations, qu’ils soient congressistes ou non.
On devrait connaître aux alentours de 15 h 30 ou 16 heures, cet après-midi, le nom du prochain président de l’association, ainsi que la composition des deux instances dirigeantes de l’AMF, le bureau et le comité directeur, élues au scrutin proportionnel.
Les maires dans les crises
Le premier vice-président délégué de l’AMF et maire d’Issoudun, André Laignel a commencé son traditionnel discours par un affectueux hommage à François Baroin, estimant que les sept années passées auprès de lui ont été « les plus riches de (sa) vie politique et civique ». André Laignel s’est félicité de ce que le tandem qu’il a constitué avec François Baroin ait garanti « l’unité de l’AMF », de faire de l’association à la fois « une force de proposition et de résistance » exerçant, selon le mot de Tocqueville, « son droit aux résistances honnêtes et aux rebellions légitimes ».
Rappelant les crises successives traversées par le pays – attentats, Gilets jaunes, épidémie de covid-19 – André Laignel a constaté qu’une partie d’entre elles ont révélé « une rupture du dialogue entre la base et le sommet ». L’épidémie a marqué, selon lui, « la faillite de la technocratie des ARS, incapables de répondre aux attentes ». « Masques, tests, vaccination, c’est nous, les maires, qui avons répondu aux attentes, nous avons été le premier recours et le dernier espoir ».
Le maire d’Issoudun a tour à tour fustigé « la stigmatisation » dont les maires ont été victimes de la part de l’État, la « recentralisation » rampante, les élus « vus comme de simples exécutants », voire « des figurants », les conséquences financières de la crise du covid-19 pour les collectivités et la très insuffisante compensation de l’État, qui a conduit à « une baisse faramineuse » des capacités d’autofinancement.
« La libre administration est en guenilles, a conclu André Laignel. L’autonomie financière et fiscale des communes est un fantôme, la Constitution est bafouée. Je propose que la nouvelle direction de l’AMF interpelle le Conseil constitutionnel sur le sujet. »
« Nous serons là »
Très ému, le président sortant François Baroin a ensuite pris la parole pour un discours d’au-revoir aux congressistes – puisque le discours de clôture, demain, sera tenu par le nouveau président. « La responsabilité de président de l’AMF est peut-être la plus belle que j’ai exercée en trente ans au service de la vie publique ». Le maire de Troyes a rappelé qu’il avait fait le choix d’accepter la proposition de Jacques Pélissard de prendre la tête de l’AMF parce qu’il « ne supportait plus de voir matin, midi et soir des gens qui n’ont jamais exercé la moindre responsabilité nous expliquer qu’il y avait trop de communes et qu’il fallait en supprimer la moitié » .
Rendant, à son tour, un hommage appuyé à André Laignel, François Baroin a rappelé les batailles communes menées ensemble : contre l’élection au suffrage universel direct des conseillers communautaires, contre la baisse des dotations… puis, en 2017, alors que l’AMF n’avait « aucune prévention contre le nouveau gouvernement », une série d’épisodes qui ont conduit l’AMF non à « attaquer » mais à agir « en légitime défense ».
Pourtant, « quand l’État a été en difficulté face aux Gilets jaunes et qu’il a appelé les maires à l’aide, nous avons dit : ‘’Nous serons là, M. le président’’, et nous avons été les acteurs de la restauration du dialogue ».
De même pendant l’épidémie, « ce sont les maires qui ont été à la manœuvre », « lorsqu’il a fallu organiser la logistique, sur les masques, lorsqu’il a fallu organiser les centres de tests. » « Quand nous avons proposé d’organiser les vaccinodromes, on nous a répondu : pas besoin. On a vu ce qu’il en a été deux mois plus tard… ».
Une loi de libertés locales
À l’issue de ces crises, « comment ne pas réfléchir à une nouvelle organisation locale, notamment sur le système de santé ? Il faut réfléchir à la question du patrimoine hospitalier, il faut rétablir les conseils d’administration dans les hôpitaux, il faut transférer le médico-social à 100 % aux départements ! Mais plus généralement, sur tous les services publics de proximité, un véritable transfert de compétences doit être organisé ». Une fois encore, mais en guise cette fois de dernier message, le maire de Troyes a demandé « une grande loi de libertés locales, pour que l’État « puisse se remuscler là où on l’attend, sur le régalien. »
Concluant son discours sous de longs applaudissements debout du congrès, François Baroin, qui restera maire de Troyes et président de l’association départementale des maires de l’Aube, a terminé son discours avec le sourire, en glissant aux congressistes : « Je ne serai jamais loin. »
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