Confinement : comment réagissent les élus locaux
Devant l’ampleur d’une deuxième vague qui « sera sans doute plus meurtrière que la première », Emmanuel Macron a annoncé, hier soir, le retour du confinement, moins de six mois après la fin du premier qui avait duré 56 jours (17 mars-11 mai). Dès ce soir à minuit, la France toute entière - c’en est fini de la stratégie territorialisée (lire Maire info du 23 octobre) - entrera donc, jusqu’au 1er décembre au moins, dans cette nouvelle période « plus souple » à certains égards (lire article ci-dessus).
Remerciés par le président de la République, hier, et le Premier ministre ce matin encore, pour leur implication dans la lutte contre l’épidémie, les élus locaux se disent, le plus souvent, prêts à accompagner les mesures sanitaires en dépit des nombreuses questions qu’elles posent. « Comment un confinement allégé va permettre de faire face à une vague plus forte que la précédente ? Le doute m’habite », s’interrogeait, par exemple hier, le député de l’Ardèche et ancien président du conseil général, Hervé Saulignac.
Les élus aux côtés des publics vulnérables
À la différence du premier confinement, « les écoles resteront ouvertes », « le travail pourra continuer » et « les Ehpad et maisons de retraite pourront être visités ». Comme au printemps dernier, en revanche, les élus locaux auront un rôle clef dans l’accompagnement des publics les plus fragiles. « Les maires ont été les premiers acteurs en ce qui concerne la médecine de ville », notamment pour la fourniture de masques, a d’ailleurs rappelé le maire de Troyes (Aube) et président de l’AMF, François Baroin, hier devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la gestion de la crise du covid-19.
Cet automne, les mairies et les services publics resteront ouverts. Emmanuel Macron l’a dit, hier soir, dans son allocution suivie par 32,7 millions de téléspectateurs : « Maires, présidents et présidentes d’intercommunalités, de métropoles, élus de terrain, nous allons avoir besoin de vous de manière encore accrue, pour proposer et aller plus loin en matière de prévention, mobiliser nos associations pour accompagner les personnes les plus isolées, les moins bien informées et assurer la bonne application des mesures prises. Que ce soit près de nos jeunes dans le temps périscolaire ou pour accompagner les personnes les plus vulnérables ou les plus âgées ». Dans son discours devant les députés, ce matin (lire article ci-dessus), Jean Castex a, lui, déclaré : « Je veux saluer les élus locaux, avec lesquels je suis en relation permanente, pour leur grand sens des responsabilités. Dans la gestion de cette crise, le couple préfet-maire, dont je me suis depuis toujours fait l’ardent promoteur, fonctionne bien. »
« Les inégalités restent, encore et toujours, l'angle mort... »
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a pris le président de la République au mot, hier sur Twitter : « Plus que jamais, le service public municipal sera aux côtés des Parisiennes et des Parisiens, des familles, des jeunes, des plus fragiles et de toutes celles et tous ceux déjà durement touchés par la crise », a écrit la maire de la capitale. Une cellule de crise est réunie aujourd’hui à Paris, comme à Rennes (Ille-et-Vilaine), où la maire, Nathalie Appéré, se prépare à « une nouvelle épreuve que nous surmonterons par la solidarité ».
« Comme en mars, les maires de France seront auprès de leurs concitoyens pour le reconfinement », confirme Philippe Laurent, maire de Sceaux (Hauts-de-Seine) et secrétaire général de l’AMF. Illustration avec Pierre Hurmic. Le maire de Bordeaux (Gironde) a annoncé le renforcement des « mesures covid » de la ville pour « accompagner les plus fragiles, les plus démunis, les commerçants, les entreprises, les acteurs sportifs, culturels et associatifs dans ce nouveau confinement ». Une solidarité qui ne va pas de soi dans le discours d’Emmanuel Macron, selon le maire de Grenoble (Isère), Éric Piolle : « Les inégalités restent, encore et toujours, l'angle mort... », fustige-t-il.
Des attentes et des interrogations sur les aides aux commerces de proximité
Le monde économique va, lui aussi, de nouveau être bouleversé. Si les chantiers se poursuivront et les usines de production et les exploitations agricoles continueront à tourner, les restaurateurs, les bars, les discothèques mais aussi de nombreux commerces dits « non essentiels » (la même liste qu’au printemps dernier) baisseront le rideau pour deux semaines dans un premier temps. Ce qui rend perplexe le maire de Cannes (Alpes-Maritimes), David Lisnard : « Je ne suis pas certain que fermer partout les commerces de proximité et renvoyer tout le monde vers les grandes surfaces soit pertinent d’un point de vue sanitaire. Pour celui qui en vit, a pris des risques et très souvent s’est endetté pour le créer, son commerce est essentiel », a-t-il écrit.
Johanna Rolland, maire de Nantes (Loire-Atlantique) et présidente de France urbaine, elle, « attend du gouvernement qu’il prenne des décisions en faveur de l’emploi et à la hauteur de l’impact économique et social ». « Nous serons vigilants sur l’aide aux micro et aux petites entreprises », assure, par exemple, l’association des maires ruraux de Seine-et-Marne. Les salariés et les employeurs qui ne peuvent pas travailler bénéficieront, pour rappel, du chômage partiel. Parmi les annonces d’Emmanuel Macron, le maire de Nice (Alpes-Maritimes), Christian Estrosi, se « réjouit de voir que les activités liées au BTP ne sont pas impactées, ce qui va permettre de poursuivre, au même rythme, la reconstruction de nos vallées dévastées par la tempête Alex ».
Ludovic Galtier
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