Maire-info
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Édition du mardi 23 novembre 2021
Tourisme

Ce qu'il faut retenir du plan Tourisme dévoilé par le gouvernement

Le Premier ministre Jean Castex a présenté samedi, à Amboise, le très attendu plan du gouvernement pour la relance du tourisme. Au menu, 1,9 milliard d'euros pour aider le tourisme à faire face aux grandes transitions. 

Par Franck Lemarc

Comment « réinventer »  le tourisme, durement mis à mal par la crise épidémique et dont les modèles vont être profondément remis en question par la crise climatique ? La question a été, la semaine dernière, au cœur du débat sur le tourisme qui a eu lieu au Congrès des maires (lire Maire info d’hier). Le Premier ministre a apporté quelques réponses, samedi, en présentant le « plan de reconquête et de transformation du tourisme », baptisé Destination France. 

« Montée en gamme » 

Le Premier ministre a rappelé combien le choc de la pandémie a été « violent et douloureux »  pour le secteur du tourisme : division par deux du nombre de touristes accueillis en France entre 2019 et 2020, « chute de 54 % des nuitées, de 50 % des recettes de voyages ». En réponse, le gouvernement a mobilisé « 38 milliards d’euros pour venir en soutien au secteur du tourisme », notamment à travers les PGE, l’activité partielle et le fonds de solidarité. 

Si l’activité est repartie sur un bon pied pendant les vacances de la Toussaint, rien ne dit que les vacances de Noël seront aussi florissantes, eu égard à la reprise de l’épidémie, qui pourrait connaître son pic précisément au moment des fêtes. Mais au-delà de la pandémie, le Premier ministre a insisté sur le fait que la crise devrait être une occasion de repenser le tourisme à l’aune des « deux principales transitions de notre époque », la transition écologique et la transition numérique. Il faut donc tenir compte « des aspirations à un tourisme plus responsable »  en matière d’émissions de gaz à effet de serre ; et aller vers un tourisme « plus qualitatif », avec « une montée en gamme de toutes nos infrastructures ». Jean Castex a relevé que la France, si elle reste la première destination mondiale pour les touristes, n’est « qu’à la deuxième place en matière de recettes ». Il faut donc « proposer des expériences avec davantage de valeur ajoutée ».

Pas question donc, à l’issue de la crise, de « revenir au statu quo » : il convient de « tirer les enseignements structurels de cette crise ». C’est l’objectif de ce plan « Destination France », qui a été « co-construit avec tous les professionnels du secteur ».

Les mesures

Première mesure annoncée par le chef du gouvernement : « Une solution de réassurance publique »  pour permettre de rembourser, aux frais de l’État, les voyageurs qui n’auraient pu effectuer leur voyage à cause de la crise. Par ailleurs, le gouvernement va mobiliser 100 millions d’euros pour le secteur de l’événementiel (salons, congrès, etc.) : une « aide aux exposants »  va être attribuée, et des « actions pour attirer les grands acteurs internationaux »  vont être lancées.

En matière d’investissements, 1,3 milliard d’euros vont être mobilisés sur deux ans pour « accompagner la montée en qualité de l’offre touristique ». 750 millions seront dédiés à des prêts aux collectivités, sur « 25-30 ans », pour financer des infrastructures et de l’immobilier de tourisme. 

Le fonds Tourisme durable va être « réabondé »  pour financer « la montée en durabilité »  du secteur de l’hôtellerie, des cafés, des restaurants et des transports touristiques. 120 millions d’euros supplémentaires seront affectés et le périmètre géographique d’accès à ce fonds va être « élargi ». « Le plan prévoit également de soutenir fortement les infrastructures durables, qu'il s'agisse, nous l'avons vu ici, de développer des vélo-routes ou des transports touristiques, qu'il s'agisse de verdir les ports de plaisance ou encore les bases nautiques », a précisé le Premier ministre. 

Par ailleurs, le gouvernement veut favoriser « le tourisme pour tous »  en soutenant, grâce à une aide pouvant atteindre 250 euros, le départ en vacances « de 50 000 jeunes et 100 000 séniors »  par an. 

Une enveloppe de 100 millions d’euros va également être consacrée à aider « les collectivités volontaires »  à développer les « sentiers de pays et sentiers littoraux ». 

Le gouvernement souhaite enfin mettre l’accent sur la formation et lancer une négociation sur les conditions de travail et les salaires dans le secteur. 

Enveloppes fléchées par les préfets

Le dossier de presse publié à l’issue du discours détaille la vingtaine de mesures pour lesquelles l’État débloquera, au total, quelque 1,9 milliard d’euros. 

On y apprend notamment que certaines collectivités pourront bénéficier d’une aide en matière d’ingénierie : il y aura d’une part « un soutien direct en ingénierie dans le cadre des marchés à bons de commande de l'Agence nationale de la cohésion des territoires »  ; et d’autre part « les appels à manifestation d'intérêt d’Atout France dans le cadre de France tourisme ingénierie ». Encore et toujours, donc, des AMI (appels à manifestations d’intérêt), pourtant fustigés par l’AMF lors de son congrès, du fait de leur complexité juridico-administrative. Consultée par le gouvernement lors de la maturation de ce plan, l’AMF a d’ailleurs fait remonter les limites de cette logique des appels à projets et appels à manifestation d’intérêt, notamment pour les plus petits acteurs – qu’ils soient publics ou privés.

Le gouvernement n’envisage pas de réformer les règles de classement des communes en « station classée de tourisme », mais il s’engage en revanche « à valoriser les lauréats du classement ». « Chaque année, un évènement permettra de reconnaître les nouvelles communes classées et celles qui ont vu leur label prolongé ». 

Enfin, il est à noter que le gouvernement souhaite « instaurer une gouvernance territorialisée »  de ce plan Destination France. Sans surprise, il s’agira de confier les enveloppes financières aux préfets, qui seront chargés de distribuer les fonds – comme c’est déjà le cas pour un bon nombre de dotations d’investissement. Un « comité État-régions »  va être créé, pour trois ans, dans chaque région, « afin de mettre en œuvre les mesures du plan Destination France », en « associant les autres niveaux de collectivités ». 

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