La Réunion rassurée après le passage du cyclone, malgré d'importants dégâts sur les infrastructures
Par Franck Lemarc
Cela n’a pas été « le cataclysme qui l’on pouvait redouter » . Le préfet de La Réunion, Jérôme Filippini, a fait montre hier soir d’un certain soulagement, dans la mesure où bien que « durement touchée » , l’île n’a pas été ravagée par le cyclone Belal et le bilan humain a été maîtrisé, du fait du confinement largement respecté par la population.
Confinement respecté
C’est, selon Météo France, la configuration topologique de l’île qui a permis d’éviter le pire : le cyclone a « buté » sur les 3 000 m du volcan situé au centre de La Réunion, ce qui a dévié sa trajectoire. C’est néanmoins l’événement climatique le plus intense qu’ait connu le département depuis plus de 20 ans, avec des vents à plus de 200 km/h et près de 1000 mm d’eau sur les hauteurs de l’île.
Les images postées toute la journée sur les réseaux sociaux montrent la violence de la tempête : arbres couchés, rivières en crue débordant dans les rues des communes, toitures arrachées et routes coupées. Il est trop tôt pour faire le bilan du passage du cyclone sur l’agriculture de l’île, qui pourrait d’être, à long terme, la plus grave conséquence de cette catastrophe.
Côté bilan humain, les autorités ont fait part de la mort d’une personne sans domicile fixe, sans pouvoir établir de façon certaine que son décès est dû au cyclone. Il n’y a pas de blessés graves à déplorer ce qui montre, vu la violence de l’événement, que les habitants de l’île ont très sérieusement respecté les alertes rouges et violettes, interdisant tout déplacement en dehors de chez soi.
Bilan matériel
Les réseaux ont, en revanche, beaucoup souffert du passage de Belal : selon les derniers chiffres, ce matin, un tiers des habitants de l’île étaient privés de courant, 23 communes sur 24 étant touchées. 100 000 foyers sont privés d’eau courante, un tiers des foyers n’ont plus de téléphone fixe, 42 % des habitants n’ont plus internet et « 40 % antennes-relais sont hors service » . L’agence régionale de santé demande aux habitants de ne pas consommer l’eau courante sans l’avoir fait bouillir préalablement.
Une quinzaine d’agents d’EDF et d’Enedis, ainsi que 130 sapeurs-pompiers, ont décollé tôt ce matin d’Istres, en métropole, et seront sur place cet après-midi.
La préfecture a levé ce matin l’alerte rouge, et l’île passe maintenant en alerte « grise » , ou « phase de sauvegarde » : cela signifie qu’il n’y a plus de danger météorologique, mais que la prudence s’impose du fait des dégâts causés par le cyclone : risque de chute d’arbre, d’effondrement de structures, de coulées de boue ou d’éboulements.
Si les déplacements sont donc à nouveau autorisés sur l’île, « la plus grande prudence » est demandée aux habitants : « Il est dangereux de forcer les barrages de branches ou d’arbres, ou de rouler sur des fils électriques tombés au sol, rappelle la préfecture, et les risques d’éboulements, chutes de blocs et mouvements de terrain sont encore présents, tant que toutes les reconnaissances n’ont pas été effectuées. » Plusieurs routes sont fermées ce matin en raison du débordement de radiers. D’autres ne sont ouvertes qu’en circulation alternée à cause de travaux de balayage et nettoiement.
Tous les sentiers de randonnée et les routes forestières de l’île restent fermés jusqu’à nouvel ordre par arrêté préfectoral. Il est « impératif » de respecter cette interdiction, insiste la préfecture, du fait de « l’instabilité » des sentiers.
Les entreprises peuvent reprendre leur activité, mais il est demandé aux employeurs de favoriser au maximum le télétravail pour limiter les déplacements. Il est demandé aux maires de rouvrir les crèches « le plus tôt possible ». En revanche, la préfecture a décidé que les accueils collectifs de mineurs resteront fermés jusqu’au lundi 22 janvier. C’est également à cette date que reprendront les cours dans les écoles, collèges et lycées de l’île, « un état des lieux de l’ensemble des sites [étant] en cours par le rectorat de l’académie de La Réunion, en lien avec les collectivités ».
Enfin, le préfet demande aux maires de maintenir les accueils temporaires ouverts avant le passage du cyclone. Ceux-ci ont accueilli près de 800 personnes pendant l’événement, essentiellement des habitants évacués de leur logement du fait d’un risque d’inondation. « Le retour des malades sensibles dans leur foyer, mis à l’abri dans les établissements de santé ou dans les centres de vie, est régulé par le Samu » , précise le préfet.
Plus généralement, il est demandé aux habitants de « rester éloignés des points bas, des cours d’eau et des pentes abruptes » , de dégager et déblayer les alentours de leur habitation, et de ne s’aventurer en aucun cas « sur les radiers submergés, dans les ravines et les lits des rivières en crue ».
Pour l’instant, le gouvernement n’a fait aucune annonce concernant les aides et les fonds qu’il entend débloquer pour aider les habitants et les communes dont les biens ont été endommagés, pas plus que sur les délais de classement en état de catastrophe naturelle des communes concernées.
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