Biodiversité : vers 30 % d'aires protégées dont 10 % de zones sous « protection forte » en France en 2022
Cela n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité. Environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies, alertait, dans un rapport paru en 2019, la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). À sa lecture, Emmanuel Macron a décidé de classer, d'ici 2022, 30 % du territoire français, en métropole et en outre-mer, au sein « d'aires protégées », que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) définit comme « des espaces géographiques clairement définis, reconnus, consacrés et gérés, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés ».
Timide, diront certains, l’objectif est à portée puisque 29,5 % d’aires terrestres et 23,5 % d’aires marines sont déjà protégées dans le pays. « L’extension du réseau d’aires protégées s’appuiera sur la diversité des outils de protection français (parcs naturels régionaux, réseau Natura 2000, réserves naturelles, etc.), que ce soit en métropole ou en outre-mer et autant sur le domaine terrestre que maritime ».
10 % du territoire sous « protection forte »
« La marche est haute », en revanche, selon l’expression confiée à l’AFP par la secrétaire d’État à la Biodiversité, Bérangère Abba, pour ce qui est de l’objectif des 10 % de zones sous « protection forte ». C’est-à-dire « des zones géographiques dans lesquelles les pressions engendrées par les activités humaines susceptibles de compromettre la conservation des enjeux écologiques de cet espace sont supprimées ou significativement limitées, et ce de manière pérenne, grâce à la mise en œuvre d’une protection foncière ou d'une réglementation adaptée, associée à un contrôle effectif des activités concernées ». Au printemps 2018, et après des années d’une progression très lente, on recensait, écrivait Libération, seulement 1,37 % du territoire métropolitain terrestre classé sous une protection « forte », selon les données publiées par l’Office national de la biodiversité (ONB). Un bilan que France Nature environnement considérait « navrant ».
En guise de réponse aux plus sceptiques, le gouvernement insiste sur « la création ou l’extension de 20 réserves naturelles nationales (RNN) d’ici 2022, qui permettront la protection de zones humides, de milieux forestiers, de milieux ouverts mais également d’espaces maritimes métropolitains d’intérêt majeur ». L'identification et la désignation de surfaces forestières, en outre-mer ainsi qu’en métropole, à placer sous statut de protection forte est aussi à l’ordre du jour. Les collectivités, « qui bénéficient maintenant de compétences particulières et élargies en matière de biodiversité », sont invitées à être force de propositions. « La réussite de la stratégie nationale reposera donc grandement sur sa capacité à mobiliser largement dans les territoires, et à s’appuyer sur les dynamiques locales », prédit le gouvernement.
Enrayer la perte de biodiversité terrestre et marine
À plus long terme, cette stratégie « ambitionne d’ici à 2030 de contribuer à enrayer la perte de biodiversité terrestre et marine ». Cela passera là encore par un dialogue renforcé avec les collectivités. Le gouvernement souhaite, en effet, « sur la base de diagnostics territorialisés, renforcer la protection, la cohérence et la connectivité du réseau d'aires protégées et de protection forte par des concertations locales d’ici 2030 ». Concrètement, chaque territoire (régions), façade maritime et bassin ultra-marin se fixera des cibles progressives de développement des aires protégées dont des zones de protection fortes d’ici 2030. « Sur cette base, concernant la terre et les outre-mer, y compris sur le volet maritime, il est proposé de formaliser, d’ici fin 2021,
à l’échelle régionale en métropole et de chaque territoire ultramarin, la déclinaison territoriale de ce plan d’actions ». Le premier plan triennal s'étendra de 2021 à 2023.
Pour la première fois, cette nouvelle stratégie, aux objectifs nombreux (construction d’un réseau résilient aux changements globaux et d’une gestion adaptée et efficace du réseau d’aires protégées, création d’activités durables au sein du réseau d’aires protégées), rassemble l’ensemble des aires protégées : en mer comme sur terre, dans les outre-mer comme en métropole. Avec quel budget cette stratégie peut-elle être déployée ? Pour l’instant, rien de précis. Bérangère Abba a seulement promis des moyens financiers et humains ainsi qu’un « soutien en termes d’emplois d’ici à 2023 ».
Ludovic Galtier
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