Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 20 septembre 2024
Transition écologique

Au congrès de l'APVF, les maires redoutent la fonte du Fonds vert

« Les communes l'ont beaucoup utilisé, elles avaient plein de projets pour la transition écologique, mais aujourd'hui le Fonds vert fond comme la banquise », a déploré jeudi Christophe Bouillon, président de l'Association des petites villes de France (APVF), réunie en congrès.

Par Hélène Duvigneau (AFP)

Lancée en 2022, cette enveloppe exclusivement dédiée aux projets d’accélération de la transition écologique des collectivités, avait vu ses crédits majorés à 2,5 milliards d’euros en 2024, contre 1,5 milliard initialement. 

Rénovation énergétique des écoles, prévention des risques d’inondation et d’incendies de forêts, éclairage urbain plus économe en électricité... Dès son lancement, l’outil avait suscité l’enthousiasme des élus locaux. Mais des documents préparatoires au budget 2025, consultés jeudi par l’AFP, envisagent une forte cure d’amaigrissement, avec une baisse de 1,5 milliard d’euros des crédits.

« Jusqu’à présent, le message adressé aux communes a été de dire ‘’Agissez pour la transition écologique’’, et beaucoup de projets ont été soutenus par le Fonds vert », soupire Christophe Bouillon, maire de  Barentin (Seine-Maritime), qui tente de se rassurer en se disant qu’il n’y a « rien n’est concret tant que la coupe n’est pas passée à la moulinette du Parlement ». « On est sur du temps long, (…),  il n’y a rien de pire pour les collectivités qui ne peuvent pas s’amuser à lancer des projets de rénovation comme on éteint ou on allume la lumière », ajoute-t-il en dénonçant un « coup de frein violent sur la transition écologique ».

Comme beaucoup d’élus de petites villes (2 500 à 25 000 habitants), le premier édile de L’Étang-la-Ville (Yvelines) Daniel Cornalba est engagé dans plusieurs gros projets de rénovation. Il a aujourd’hui le sentiment d’avoir « une épée de Damoclès »  au-dessus de la tête. « Typiquement, dans la rénovation de mon site scolaire à 7 millions d’euros, il y a de la géothermie, de la perméabilisation des sols, des plantations d’arbres. C’est éligible au Fonds vert mais je ne sais pas si je vais l’être », illustre-t-il en faisant remarquer que « 7 millions d’euros, ce n’est pas du tout indolore pour une commune de 5 000 habitants ».

« Équation impossible » 

Poussées à investir, donc à s’endetter pour affronter les multiples aléas dus à la crise climatique, les collectivités se voient aujourd’hui reprocher par Bercy de jeter de l’argent par les fenêtres. « La loi nous dit que les bâtiments publics doivent être rénovés et isolés à des échéances qui ne sont pas trop lointaines mais l’État nous coupe notre principal robinet d’investissement. L’équation est impossible », s’exaspère Francisque Vigouroux, maire d’Igny, dans l’Essonne, et secrétaire général de l’APVF.

L’annonce est d’autant plus incomprise qu’une étude de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) estimait vendredi à 19 milliards d’euros par an les besoins d’investissement pour le climat des collectivités, contre 8,3 milliards en 2022 (lire Maire info du 13 septembre). 

À Saint-Maurice, dans le Val-de-Marne, le maire LR Igor Semo vient justement de décrocher une « grosse subvention »  de 900 000 euros pour rénover un centre sportif, un chantier de 3,8 millions d’euros. « On est passé au bon moment car je ne suis pas certain que mes collègues maires auront le même niveau de subventions demain », observe-t-il. « Une de nos inquiétudes, c’est que les départements, qui nous aident aussi, sont très affaiblis financièrement. Mais comment vont faire les communes si l’État ne veut plus les aider à financer la transition écologique ? », interroge-t-il.

« Il va y avoir un effet négatif à tous les niveaux », abonde Luc Carvounas (PS), maire d’Alfortville (Val-de-Marne). « On nous dit ‘’c’est l’horreur, il n’y a pas d’argent, vous avez trop dépensé’’, mais c’est le résultat de mauvais choix politiques. Rien que la suppression de l’impôt sur la fortune, c’est 5 milliards de volatilisés chaque année », vitupère-t-il.

Avec des bâtiments publics construits dans les années 1960 ou 1970 qui s’avèrent aujourd’hui être de « véritables passoires thermiques », les élus comptent aussi sur les travaux pour faire à terme des économies, rappelle par ailleurs Christophe Rouillon, maire PS de Coulaines (Sarthe).

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