Élection des instances de l'Assemblée nationale : le socle commun et le RN renversent la tendance
Par Franck Lemarc
Coups de théâtre, confusion, manœuvres, mésalliances, accusations de fraude et 14 heures de vote… Fin juillet 2024, aux lendemains de la dissolution et de l’élection d’une Assemblée nationale divisée en trois camps d’égale force, l’élection des instances de l’Assemblée nationale (Bureau et présidences des commissions) avait été plus qu’agitée. Elle avait donné lieu à ce que le RN – pourtant le parti le plus important numériquement à l’Assemblée – soit exclu du Bureau de l’Assemblée nationale et à ce que la gauche se trouve détenir la majorité au sein d’un Bureau… pourtant présidé par la macroniste Yaël Braun-Pivet.
Le camp gouvernemental avait également échoué à obtenir les très stratégiques postes de président de la commission des finances et de rapporteur général du budget, à la suite d’une étonnante alliance temporaire entre Éric Coquerel, qui a hérité du premier, et Charles de Courson, qui a récupéré le second.
En comparaison de ce scénario shakespearien, les élections qui ont eu lieu mercredi et jeudi – puisque les instances de l’Assemblée nationale sont réélues chaque année, se sont déroulées de façon bien plus apaisée.
Accord entre le « socle commun » et le RN
L’élection des six vice-présidents du Palais-Bourbon a abouti à une situation plus conforme que l’an dernier à l’esprit du règlement de l’Assemblée nationale, qui veut que les vice-présidences reflètent les équilibres politiques de l’hémicycle. C’est désormais le cas, avec deux vice-présidents de gauche, deux du bloc central et deux RN.
Ces vice-présidents auraient même pu être nommés sans vote – ce qui aurait été le cas s’il n’y avait eu que 6 candidats pour 6 postes, ce qui était l’intention du bloc central et du RN. Au dernier moment, la gauche a présenté deux candidats écologistes supplémentaires, pour obliger les députés à voter – et démontrer ainsi l’alliance de fait entre le bloc central et le RN. Et en effet, les deux députés RN candidats à la vice-présidence, Sébastien Chenu et Hélène Laporte, ont obtenu respectivement 341 et 340 voix, ce qui signifie qu’ils ont eu les voix du bloc central et des Républicains.
La gauche perd la majorité au Bureau
Cette alliance s’est maintenue hier, avec l’élection des présidents de commission et celle des secrétaires du Bureau. Avec à la clé un presque grand chelem pour le « socle commun » (Renaissance, Horizons, MoDem et LR) qui a raflé la présidence de toutes les commissions sauf celle des finances et neuf secrétaires sur douze – le RN en obtenant deux.
Pour ce qui concerne les équilibres au sein du Bureau de l’Assemblée (22 membres), le socle commun compte désormais neuf postes, la gauche sept, le RN cinq et Liot un. La gauche n’a donc plus la majorité au Bureau.
Dans les commissions, le PS a perdu la présidence de celle des affaires culturelles au profit des Républicains, et LFI celle de la commission des affaires économiques, remportée par un macroniste. Le Rassemblement national a systématiquement soutenu les candidatures du socle commun aux présidences de commission, en échange de place de vice-présidents.
Les Républicains ont, eux, gagné le poste de rapporteur général du budget, qui échoit à Philippe Juvin en lieu et place de Charles de Courson.
Il reste à savoir si cette alliance entre le socle commun et le RN, vivement critiquée par la gauche depuis hier, est de pure circonstance ou si elle préfigure de futures évolutions dans l’équilibre des forces à l’Assemblée.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2








