Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 2 octobre 2024
Associations

Après le discours de Michel Barnier, l'AMF demande du concret

Peu d'associations d'élus ont réagi, pour l'instant, au discours de politique générale de Michel Barnier. L'AMF salue certaines positions exprimées qui « rejoignent » les siennes, mais attend des précisions, tandis que Départements de France salue « un discours de vérité ». 

Par Franck Lemarc

Le fait que le Premier ministre ait annoncé l’intention de faire ses choix « avec les collectivités, pas sans elles ni contre elles », ne peut évidemment que satisfaire les associations d’élus. Mais celles-ci attendent à présent que les promesses deviennent concrètes, ce qui se matérialisera, en premier lieu, dans le projet de loi de finances pour 2025.

L’AMF demande « des réponses claires » 

L’AMF, dans un communiqué publié ce matin, se réjouit que Michel Barnier ait « souligné la nécessité de respecter les compétences des collectivités, voire de les renforcer », tout comme elle se félicite de constater que le Premier ministre partage les idées de l’AMF « sur l’importance de lever les blocages législatifs et règlementaires qui entravent l’action locale, de faire évoluer le dispositif du ZAN pour le concilier avec les objectifs de construction de logements et de développement économique, ou encore d’accorder aux maires davantage de pouvoir en matière de logement social ». 

Reste maintenant à voir « les modalités de concrétisation »  de ces déclarations. L’AMF sera « particulièrement attentive »  au projet de loi de finances qui doit être présenté la semaine prochaine. L’association rappelle son refus de toute « contrainte »  imposée aux budgets locaux. Le terme de « contrats »  utilisé par Michel Barnier (« nouveau contrat de responsabilités » ), éveille forcément une certaine méfiance à l’AMF, rappelant les contrats de Cahors de triste mémoire. 

L’AMF regrette par ailleurs que la question des « transferts de charges opérés par l’État »  n’ait pas été abordée, alors que ceux-ci « pèsent lourdement sur les finances des collectivités »  (entretien des digues, gestion du trait de côte, ou « transferts de fait, comme en matière de sécurité » ). 

Sur tous les sujets abordés par le chef du gouvernement (déserts médicaux, transition écologique, relance du logement…), l’AMF attends « des réponses claires sur les moyens juridiques et financiers dont (les maires) disposeront pour répondre aux attentes de leurs concitoyens ». Elle se dit « à disposition du Premier ministre et du gouvernement pour travailler ensemble ». 

Un modèle « à bout »  pour Départements de France

Quant à l’association Départements de France (DF), elle a surtout retenu du discours du Premier ministre que celui-ci souhaite « porter une attention particulière aux plus fragiles »  – les départements étant « en première ligne à leurs côtés ». Là encore, DF attend maintenant des mesures concrètes, notamment sur « le handicap, la pauvreté, les mineurs, les personnes âgées… ». 

Plus largement, les départements appellent le gouvernement à l’aide face « à l’intenable situation budgétaire à laquelle ils sont confrontés », rappelant les difficultés auxquelles ils font face pour construire leur budget 2025. « La situation d’un tiers (des départements) est catastrophique », prévient François Sauvadet, président de DF. Celui-ci appelle le gouvernement à « reconnaître les enjeux spécifiques et les énormes efforts »  que les départements ont déjà consentis. 

Le président de DF rejoint le Premier ministre sur l’idée que le modèle social actuel, « construit sur une logique du toujours plus », est « à bout ». « Le modèle ne fonctionne plus et les départements sont piégés par un système dans lequel ils ne maitrisent ni leurs recettes, ni une part croissante de leurs dépenses », souligne François Sauvadet. Ce qui ressemble à une demande criante de remise à plat des règles de la décentralisation, qui ont été « dévoyées », conclut François Sauvadet. 

Notons que la Fédération française du bâtiment (FFB) se réjouit ce matin de l'annonce d'une exenstion du prêt à taux zéro à tout le territoire. « Ces premières annonces (...) constituent une vraie bouffée d’air pour le secteur. Elles arrivent au bon moment, alors que le marché du crédit immobilier se réouvre très progressivement.»  

Le Premier ministre s’est engagé à recevoir les associations d’élus pour discuter avec elle du présent et de l’avenir. Il faudra attendre encore quelques jours pour voir, dans le projet de loi de finances, si les promesses seront tenues. 

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