Assurer la pérennité des infrastructures : les ambitions des acteurs de la filière télécoms
Par Lucile Bonnin
InfraNum - la fédération regroupant les professionnels de la fibre optique – a présenté mercredi son étude Infrastructures numériques : Essentielles c’est une évidence, résilientes c’est une exigence, menée en collaboration avec la Banque des territoires.
Cette enquête a été menée via des entretiens avec des acteurs de l’ensemble de la filière, des pouvoirs publics et des collectivités et passe en revue les principaux risques identifiés quant au déploiement de la fibre et propose plusieurs pistes d’action. L’objectif : « Faire de la pérennité des infrastructures numériques une priorité nationale, peut-on lire en préambule de l’étude. En effet, si le caractère essentiel des réseaux n’est plus à démontrer, il est désormais urgent d’assurer leur résilience. »
Si la qualité du réseau reste la principale problématique - comme cela a été rappelé au colloque de l’Avicca (lire Maire info du 2 juin) - un autre défi est à relever : « la permanence de ces réseaux, et leur capacité à surmonter les différents aléas. »
Lutter contre les actes de malveillance
Pas plus tard qu’en avril dernier, la France a connu une panne géante d’internet à la suite d’actes de vandalismes commis sur le réseau fibre optique. Philippe Le Grand, président d’InfraNum, avait alors insisté, via un communiqué de presse, « sur la nécessité de lancer un grand plan de résilience des réseaux. »
En plus de ces actes de malveillance, qui sont de plus en plus fréquents, des accidents peuvent interrompre le service. « Que se passerait-il si une tempête comme celle de 1999 privait des dizaines de milliers de foyers de réseau ? » , demandait alors Philippe Le Grand lors de la présentation des résultats de l’étude.
La vulnérabilité des acteurs des télécoms existe face à ces imprévus mais doit être anticipée au maximum. Ainsi, des réponses possibles ont été proposées par les auteurs du rapport, notamment une solution qui consisterait à « prévoir des infrastructures de rechange afin de limiter le temps de rétablissement » ou encore « adapter la sécurité des points de mutualisation aux spécificités des territoires et des projets. »
Les acteurs du réseau fibre sont aussi d’accord pour insister sur un renforcement de la sécurité des infrastructures, « notamment en développant la vidéoprotection en lien avec les collectivités locales. » Encore faut-il savoir à qui incombera la charge financière de ce dispositif. Pour le moment certaines communes ont déjà installé des caméras au niveau des armoires, comme c’est le cas à Meaux, mais comme l’expliquait Ariel Turpin, délégué général de l’Avicca, « cela représente un coût et cela dédouane l’opérateur privé de faire son propre contrôle ». (lire Maire info du 11 mars)
Enfouissement des réseaux
Une grande partie du réseau fibre en France, et surtout dans les territoires outre-mer et ruraux, sont particulièrement fragiles et exposés aux intempéries. 500 000 km de câbles de fibre optique ne sont pas enfouis sous la terre mais sont installés sur des poteaux électriques.
InfraNum préconise à juste titre un « enfouissement des réseaux, a minima les plus sensibles (collecte, transport) et desservant des sites stratégiques (entreprises, services publics, etc.) »
L’élagage, sujet qui fait aussi particulièrement débat, devrait être amélioré à proximité des réseaux selon la fédération. Mais encore faut-il trouver le propriétaire à qui incombe cette responsabilité, ce qui relève normalement du travail des opérateurs.
« Pour rappel, dans l’Observatoire annuel du Très Haut Débit 2022, InfraNum évalue le coût de l’enfouissement de ces 50 % de génie civil aérien à 10 milliards d’euros », peut-on lire dans un communiqué. Outre le fait que le plan FttH a déjà coûté 20 milliards d'euros depuis son lancement, la question de la péréquation se pose encore et toujours, d’autant plus que tous les territoires ne sont pas égaux face à cette problématique.
La fédération et la Banque des Territoires ont enfin tenu à encourager les collectivités dans la mise en place de « schémas locaux de la résilience » via un plan national décliné localement. Le Syndicat mixte Gironde Numérique s’est déclaré être intéressé par l’exercice.
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