Les collectivités territoriales comme moteur essentiel du déploiement de la 5G industrielle
Par Lucile Bonnin
L’Arcep constatait le 7 avril dernier dans son étude chiffrée du quatrième trimestre 2021 : « Un an après la commercialisation des abonnements permettant l’utilisation des réseaux 5G, le nombre de clients des opérateurs utilisant ces réseaux, grâce à leur téléphone compatible et leur forfait 5G, atteint environ 3 millions en métropole. »
Un chiffre encourageant selon le gendarme des télécoms qui indique que la France comptait « seulement » 1,6 million d'abonnés 5G fin septembre 2021 et que « ce nombre a ainsi pratiquement doublé » .
Certes le réseau 5G progresse, mais il reste néanmoins confidentiel pour un grand nombre d'utilisateurs. En comparaison, l’Arcep relevait 66,1 millions d’utilisateurs 4G au quatrième trimestre 2021.
C’est particulièrement la question de « l’appropriation de la 5G par les industriels français » -qui « reste encore peu mature » - qui inquiète certains acteurs du secteur privé. C’est pourquoi le cabinet spécialisé Tactis, et ses partenaires Athonet, Hub One et Kontron, ont publié un livre blanc intitulé Les réseaux radio professionnels en France et leur potentiel d’évolution vers des solutions 4G/5G privées.
Il y est évoqué notamment le rôle majeur des collectivités dans l’appropriation de la 5G industrielle et l’importance de mettre en place « une stratégie à l’échelle locale, en lien avec les enjeux et spécificités des territoires » .
Faciliter l’accès au réseau
Dans le domaine professionnel, les réseaux privés utilisés sont « souvent à bas débit », constatent les experts. « Ces systèmes, parfois anciens, s’avèrent inadaptés (…). Les technologies récentes, incluant 4G, 5G et IoT, permettent aujourd'hui d'envisager la conception de réseaux professionnels de nouvelle génération, à haut niveau de résilience et de sécurisation, sur des zones géographiques localisées, pour répondre aux spécificités des usages des acteurs des territoires et entreprises. »
Développer ces réseaux mobiles professionnels, notamment 4G et 5G, doit permettre de répondre à des enjeux spécifiques selon les acteurs. Pour les collectivités territoriales, les besoins peuvent être variés : vidéoprotection, gestion en mobilité des agents, sous-traitants et délégataires, organisation d’évènements culturels ou sportifs... C’est aussi un enjeu d’attractivité économique qui permet aux entreprises d'un territoire d’innover et aux collectivités de développer la visioconférence ou la télémédecine par exemple.
Mais pour que ce réseau puisse être véritablement utile pour les collectivités, les auteurs du livre blanc indiquent que « les nouveaux besoins liés à la mise en œuvre de solutions 4G/5G, dans un modèle de réseaux privés, rendent nécessaire l’accès à des ressources spectrales*. » Cet accès est notamment conditionné à des améliorations dans le but de faciliter son utilisation comme la baisse du montant de « la redevance de mise à disposition, liée aux autorisations d’utilisation de fréquences dans cette bande 2,6 GHz TDD » qui est « considéré comme un frein au développement de réseaux 4G/5G professionnels, notamment par des organisations de petite taille ou taille intermédiaire. » C’est d'ailleurs la première recommandation du rapport de la mission 5G Industrielle, restitué au gouvernement le 3 mars dernier.
Le rôle privilégié des collectivités et acteurs des territoires
L’étude met surtout en évidence « un besoin de renforcer les actions de communication et de pédagogie, autour des expérimentations et projets de mise en œuvre de solutions 4G/5G privées. »
« L’appropriation des opportunités des réseaux mobiles sur mesure par les acteurs de l’industrie appelle la mobilisation des collectivités territoriales, dans la continuité de leurs actions en matière d’aménagement numérique et de développement de leur attractivité » , peut-on lire dans l’étude.
Fédérer, mutualiser, encourager
Concrètement, le rapport énonce 3 recommandations à destination des collectivités territoriales. D’abord, elles « doivent assurer un rôle de meneur pour fédérer les acteurs et animer la communication. » Le but est de mettre en lien les acteurs publics et les acteurs du tissu industriel local « incluant les grands groupes mais aussi et surtout les ETI, PME et PMI. » Il est aussi conseillé l’organisation d’actions de communication et de pédagogie, sur les réseaux radio professionnels et les solutions 4G/5G privées, auprès de ces acteurs ou encore la mise en place de groupes de travail « pour contribuer au recensement des cas d’usages et spécifications des nouveaux besoins. »
Deuxième recommandation : favoriser la mise en œuvre du « bon » niveau de mutualisation et partage des moyens. Ainsi, pour contribuer à l’émergence de ces réseaux mobiles, les collectivités peuvent identifier « les emprises localisées cibles pour la mise en œuvre de solutions 4G/5G privées » ou encore « examiner les besoins et opportunités de mutualisation des fréquences radio, en tenant compte notamment du niveau de chevauchement éventuel des zones à couvrir. »
Enfin, les auteurs de l’étude invitent les collectivités à « agir comme instigateurs de projets, mis en œuvre au bénéfice du plus grand nombre d’acteurs économiques présents sur le territoire. » C’est notamment « en encourageant la mise en œuvre de pilotes sur le terrain » que le développement de ces réseaux mobiles va évoluer.
*L'efficacité spectrale se définit comme étant le rapport entre le débit binaire (en bit/s) et la bande passante (en Hz).
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