Attractivité des territoires : les promesses du Plan France très haut débit pour les communes
Par Lucile Bonnin
Voilà plusieurs mois maintenant que le gouvernement vante le succès global du Plan France très haut débit lancé en 2013. L’objectif est rempli : les 13,3 milliards d’euros d’argent public prévus pour ce plan ont bien permis de garantir à la grande majorité des territoires une connexion Internet rapide.
Un rapport d’évaluation réalisé par un comité des parties prenantes et un conseil scientifique composé d’experts et de professionnels sous la demande du gouvernement et de la Commission européenne confirme bien cette réussite : « À l’échéance 2022, le PFTHD a atteint ses objectifs initiaux de couverture en offrant l’éligibilité au très haut débit (égal ou supérieur à 30 Mbit/s) » pour 99,2 % des locaux du territoire.
Certes, les 100 % ne sont pas encore atteints et le rapport reconnaît ce que les élus constatent sur le terrain depuis plusieurs années : il existe des inégalités de déploiement selon les « zones » d’intervention avec un démarrage plus tardif en zone d’initiative publique.
Mais ce que les auteurs pointent avant tout sont les « effets notables de l’arrivée de la fibre sur l’attractivité des territoires, l’emploi et la performance des entreprises » qui « sont déjà observables » et donc prometteurs pour la suite.
Atout économique
Le rapport insiste sur les bienfaits que peut avoir l’arrivée de la fibre pour la dynamique d’une commune. « Le passage d’une couverture de 0 % à 100 %, serait associée à une hausse de création du nombre d’établissements sur le territoire de + 2 % » , peut-on lire dans le document.
Pour les territoires qui ont déjà la fibre, il a été observé « une certaine dynamique du marché immobilier (augmentation du nombre de mutations et de la valeur moyenne de ces mutations) » . Cependant, « le lien de causalité avec la fibre n’a pas pu être clairement établi. »
La fibre apporte aussi d’autres avantages en matière d’immobilier : « Le niveau des transactions immobilières croît en nombre et en valeur (+ 2,5 %) dans les territoires couverts et le nombre de foyers fiscaux augmente (+ 0,3 % dans les zones RIP). La présence de la fibre favoriserait également l’arrivée d’une population plus jeune. »
Toujours d’un point de vue économique, « l’arrivée du THD entraînerait un accroissement de la valeur ajoutée du secteur marchand dans les communes de zone RIP de 7 % après trois ans et de 18 % après cinq ans » . Il est à noter que ce sont simplement des estimations qui sont établies dans ce rapport car « il manque le recul suffisant pour mesure pleinement » les effets de la fibre aujourd’hui.
« À l’échelle des entreprises, elle permettrait une hausse de 8 % de la valeur ajoutée du secteur privé trois ans après déploiement. L’évolution des effectifs des entreprises connaîtrait aussi une dynamique positive avec une hausse d’effectif jusqu’à 8 % après cinq années de présence du THD. »
Réduction de la fracture numérique
C’était tout l’enjeu de ce plan au début de son lancement : réduire « en une dizaine d’années » la fracture numérique en France. Pour rappel, un objectif intermédiaire a été introduit à l’été 2017 « afin que l’ensemble des Français bénéficie déjà a minima d’un accès à un bon haut débit (supérieur à 8 Mbit/s) pour fin 2020. »
Si cet objectif semble rempli avec fin 2021, plus de 70 % des locaux éligibles au FttH et 33 millions d’abonnements à internet, dont 18,4 millions au très haut débit (soit 60 %), de nouvelles fractures numériques se creusent au regard du déploiement de cette nouvelle technologie.
« Des inégalités d’accès au très haut débit persistent à date sur le territoire français, reconnaissent les auteurs. L’absence de couverture THD et notamment d’accès à la fibre est d’autant plus mal admise par la population que cette même couverture et les services associés se développent dans les territoires voisins, rendant encore plus palpables les écarts et fractures territoriales. » Les maires en sont les premiers témoins.
D’autant plus que cette problématique de retards de raccordements vient s’additionner à d’autres problèmes techniques et logistiques. Par exemple, avec le plan de fermeture du réseau cuivre lancé par l’opérateur Orange, de plus en plus d’administrés se retrouvent sans connexion. Maire info reviendra la semaine prochaine sur le sujet.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Enseignement primaire : les nouvelles orientations du ministère de l'Éducation nationaleÂ
Évitement scolaire : maires et services académiques appelés à renforcer les contrôles
Piscines : un coût de fonctionnement moyen de plus de 3 000 euros par jour
École, antennes-relais, FCTVA : le gouvernement répond aux questions des sénateurs (ou pas)