Le président du groupe La Poste propose d'amender le contrat de présence postale territoriale
La crise sanitaire et économique n’épargne pas La Poste : son président, Philippe Wahl, a détaillé, le 3 février, devant le Bureau de l’AMF, l’ampleur des dégâts et proposé aux élus, comme à l’Etat, « un avenant au contrat que nous avons signé, sans attendre 2023, pour faire face ». Le PDG du groupe La Poste fait référence au contrat de présence postale territoriale 2020-2022, signé il y a tout juste un an avec l’État et l’AMF (lire Maire info du 6 février 2020). Ce contrat tripartite fixe notamment les règles qui permettent à La Poste d’assurer la mission d’aménagement et de développement du territoire qui lui a été confiée par la loi, et d’adapter son réseau de points de contact pour répondre aux besoins des populations desservies, en concertation avec les Commissions départementales de présence postale territoriale (CDPPT) et l’Observatoire national de la présence postale.
Devant les élus, Philippe Wahl a indiqué que « l’année 2020 a été catastrophique pour La Poste ». Si la crise sanitaire a contribué à l’augmentation significative du nombre de colis distribués (472 millions en 2020 contre 363 millions en 2019), les confinements ayant généré beaucoup d’achats en ligne, « La Poste a distribué, l’an dernier, 2 milliards de lettres en moins, ce qui génère une perte de 2 milliards d’euros », a-t-il précisé en soulignant que le Groupe tablait plutôt sur une baisse tendancielle de « 600 000 lettres » avant la crise. Selon lui, cette perte pourrait atteindre « 3 milliards d’euros en 2030 ». Philippe Wahl a précisé que « le service universel postal est en déficit de 1,5 milliard d’euro en 2020 et sera déficitaire, dans les dix prochaines années, aux alentours d’un milliard d’euros par an pour les lettres et les colis. C’est insoutenable, en dépit des efforts que nous pourrions faire en terme d’organisation, d’autant que nous sommes confrontés sur nos autres activités à une très forte concurrence ! ».
Baisse de fréquentation
Dans ce contexte, Philippe Wahl a été catégorique devant les élus : « La mission de solidarité territoriale de La Poste va en pâtir et, si nous ne faisons rien, il n’y aura plus de quoi nourrir un plan territorial avec un risque d’attrition des missions de service public. » Outre la baisse d’activité « courrier », le PDG de La Poste s’inquiète parallèlement de la moindre fréquentation des 8 000 bureaux de poste et environ 7 000 agences postales (en baisse de « 20 % » en 2020) et du coût lié à la présence des distributeurs automatique de billets (DAB), notamment en milieu rural. Il craint la charge qui pourrait incomber à l’entreprise dans les prochaines années si les autres acteurs bancaires se désengageaient compte tenu du « rétrécissement de leurs réseaux » au niveau local.
Le PDG du Groupe La Poste, qui élabore le « plan stratégique 2030 » de l’entreprise, propose donc aux élus et à l’Etat d’amender le contrat de présence postale territoriale 2020-2022, « sans attendre la renégociation prévue en 2022 pour le prochain contrat ». Il a proposé au bureau de l’AMF « d’inclure dans l'avenant du contrat les conditions de distribution du courrier et des colis, ainsi que la définition de nouveaux services, avec des engagements réciproques », notamment « dans le domaine du numérique et de la lutte contre l’illectronisme ». Philippe Wahl propose également aux maires de « rapprocher davantage les bureaux de poste des maisons France services pour mutualiser les forces ». « Nous voulons rester dans les territoires, être utiles aux habitants et répondre aux besoins », a-t-il affirmé aux élus en indiquant la priorité donnée « au milieu rural, aux quartiers de la politique de la ville et aux départements d’outre-mer ».
Philippe Wahl, qui a saisi le Premier ministre de la situation, a indiqué aux élus que « Jean Castex souhaite un accord sur le financement de toutes les missions de service public et va confier une réflexion sur le sujet à un chargé de mission » qui organisera la concertation entre l’État, La Poste et les élus. François Baroin, président de l’AMF, lui a répondu que « les maires sont tout à fait conscients des évolutions impactant La Poste et sont d’accord pour travailler avec elle ». Il a proposé au PDG de La Poste de « définir une méthode de travail et une approche conjointe des sujets » après « avoir entendu le représentant de l’État ».
Xavier Brivet
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Présence postale territoriale : La Poste et l'AMF trouvent un accord pour cet été (05/06/2020)
Titres d'identité : le dispositif Justif'Adresse étendu à tous les départements de métropole
Inondations : 16 départements toujours sous surveillance, le Lot-et-Garonne en vigilance rouge