Inondations : 16 départements toujours sous surveillance, le Lot-et-Garonne en vigilance rouge

Du sud-ouest au nord en passant par l'est, plusieurs régions de France ont été, ces premiers jours du mois de février, concomitamment touchées par de fortes précipitations. Plusieurs cours d’eaux français sont sortis de leur lit. Pas moins de 15 départements étaient encore placés en vigilance orange aux crues ce midi par Météo France. 

Plus forte crue observée depuis 40 ans

Classée en « vigilance rouge »  par Vigicrues, la Garonne marmandaise présente toujours « un risque de crue majeure »  après la tempête Justine. Dans le secteur de Marmande, dans le Lot-et-Garonne (seul département classé en vigilance rouge aux crues par Météo France), « la crue a atteint des hauteurs exceptionnelles cette nuit aux alentours de minuit à une cote de 10,20 m », écrit, ce matin, Vigicrues. Un niveau tout proche de celui observé au pic de la crue du 15 décembre 1981 (10,56 m). Les images sont impressionnantes.
Selon les prévisionnistes, « une décrue lente »  était annoncée à Marmande pour ce jeudi matin. « Les niveaux resteront toutefois très élevés toute la journée. Une extrême vigilance reste de mise dans les territoires inondés du lit majeur de la Garonne », alertent les prévisionnistes. La décrue peut, en effet, s’avérer être « un moment délicat »  pouvant provoquer de possibles effondrements de digues ou l’affaissement de berges, dixit le maire de la commune Joël Hocquelet, interrogé hier sur franceinfo. Le plan communal de sauvegarde (PCS) a été déclenché à Marmande, un gymnase a été mis à la disposition des sinistrés qui souhaitaient quitter leur domicile par précaution. 

Pic de la Garonne à 9,71 m à La Réole

Hier, « près d’une centaine de maisons »  étaient entourées d’eau, « toute la partie inondable [de la commune] était isolée »  du monde, racontait encore Joël Hocquelet. « La voie départementale qui nous relie à La Réole ou à Agen est coupée aussi ». Justement, à une vingtaine de kilomètres de là, à La Réole (Lot-et-Garonne), la Garonne a atteint son pic à 9,71 m, à 11h10 ce matin. L’horizon devrait peu à peu s’éclaircir même si le maire estimait, hier dans 20 Minutes, qu’environ 400 personnes sont concernées par le risque d’inondation dans cette commune de près de 4 200 habitants.
Dans ce secteur de La Réole, la préfète de la Nouvelle-Aquitaine et de la Gironde, Fabienne Buccio, a dénombré « 56 évacuations (80 dans le département du Lot-et-Garonne) et 22 mises en sécurité au domicile depuis le début de l'événement »  et « 10 évacuations et 2 mises en sécurité au domicile »  rien que la nuit dernière. 280 interventions des pompiers, essentiellement « pour des mises en sécurité et des coupures d'électricité », ont été recensées par la préfecture du Lot-et-Garonne. Ce matin, 45 routes départementales restaient coupées, 12 submergées et six écoles étaient toujours fermées.
Dans le sud-ouest, au-delà du seul département du Lot-et-Garonne, l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) a publié, sur Twitter, des prises de vue aériennes d’urgence des zones inondées en Corrèze et en Dordogne, afin de mesurer l’étendue des dégâts. Le bilan humain fait état d’un mort dans dans le Lot. À Saint-Martin-Labouval, une personne âgée de 80 ans est, en effet, décédée, mardi, dans l'effondrement de sa maison après l'éboulement d'une falaise provoqué par les intempéries.

Plusieurs régions sous surveillance

À l'autre bout du pays, l’avant-veille, c’est un septuagénaire pris dans les eaux de la rivière Sambre, qui mourait noyé dans la commune de Berlaimont (Nord), alors que le département était classé en vigilance orange (c’est toujours le cas ce midi). La Sambre a depuis été rétrogradée en vigilance jaune. En revanche, « à la suite des précipitations observées mardi et mercredi, les niveaux sont repartis à la hausse sur l'Helpe mineure, constatait Vigicrues ce matin. La décrue s'amorce à l'amont et va se propager à l'aval à la station de Maroilles (Nord) où la réaction pourrait être de modérée à importante du fait du niveau haut actuel. De nouveaux débordements seront à craindre sur ce bassin. »  Dans les Hauts-de-France, les tronçons « Somme »  et « Canche », où une « crue importante est en cours », sont également sous surveillance.
Plus au sud, en Bourgogne, « le Doubs déborde déjà à Navilly (Saône-et-Loire) entraînant la fermeture de routes localement. Le débit de la Saône est lui aussi sous haute surveillance, écrivent nos confrères de France Bleu. Dès mardi, la ville de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) a installé des murs anti crues pour éviter que l'eau n'envahisse le centre-ville. Le réseau de surveillance Vigicrues s'attend à une cote comprise entre 6,30 mètres et 6,55 mètres ce jeudi. »  Il n’y a, enfin, pas lieu de s’inquiéter pour l'instant de la montée du niveau de la Seine, dont les quais ont été submergés par endroits, à Paris. En vigilance jaune, elle pourrait atteindre 4,43 m demain soir au niveau d'Austerlitz. Pour rappel, dans la nuit du 3 au 4 juin 2016, la crue de la Seine avait atteint 6,1 mètres à Paris, niveau le plus important depuis 1982. 
« En France, rappelle Géorisques, le risque inondation est le premier risque naturel par l’importance des dommages qu’il provoque, le nombre de communes concernées, l’étendue des zones inondables et les populations résidant dans ces zones. »  Selon le ministère de la Transition écologique, 17,1 millions d'habitants permanents sont exposés aux différentes conséquences des inondations par débordement de cours d’eau, dont 16,8 millions en métropole. L’ensemble du territoire français est vulnérable, qu’il s’agisse des zones urbaines ou rurales, de plaine, de relief ou littorales. 

Ludovic Galtier

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