Outre-mer : les élus manifestent pour « l'égalité sociale maintenant »
Par Emmanuelle Stroesser
« Les problèmes outre mer sont les mêmes qu’en hexagone, mais d’une manière décuplée, et l’État doit jouer son rôle de régulation pour que ces territoires soient dans l’égalité réelle » , explique Luc Carvounas, maire d’Alfortville et président de l’Union des CCAS, de retour de l’ile de la Réunion où l’UNCCAS a organisé du 15 au 17 novembre ses premières rencontres des territoires ultramarins. Plus de 400 participants se sont réunis, des ultramarins essentiellement, mais aussi une soixante de métropolitains. « Ils ont baigné pendant trois jours dans l’ampleur des difficultés de ces territoires, il vont nous aider à amplifier nos voix », assure Éricka Bareigts, vice-présidente de l’UNCCAS, maire de Saint-Denis de la Réunion.
Les deux élus ont présenté hier le « manifeste pour les outre-mer », finalisé lors de ces rencontres, imprimé ce week-end, juste à temps pour être distribué au congrès des maires de France dès lundi.
5 propositions
Ce document synthétique, argumenté, de 42 pages, balaye l’essentiel des secteurs et des problématiques, de l’accès au droit au logement en passant par l’accompagnement du grand-âge et l’emploi, sans éluder la question sensible de la pression migratoire. Une synthèse chiffrée pour chacun de ces territoires met en exergue leurs fragilités (taux de chômage de 34 % à Mayotte ou en Guadeloupe, taux de pauvreté de 35,6 % à La Réunion, 26,7 % à la Martinique, jusqu’à 52,9 % en Guyane). La conclusion découle logiquement pour l’UNCCAS : « Face à l’intensité des inégalités avec la métropole, il est facile de comprendre qu’il faut des moyens différents ! », assène Ericka Bareigts. Pour elle, « l’exception doit être la règle quand elle est utile pour faire de l’égalité ».
C’est bien ce que défend ce manifeste avec cinq propositions « pour l’égalité sociale outre-mer ». Les élus demandent des « dispositifs exceptionnels » à la hauteur des « besoins sociaux exceptionnels » (avec notamment la création de régions « ultra-périphériques à la française » ) et des « mesures de rattrapage légitimes et l’application du principe de différenciation territoriale ». Sur ce dernier point, l’UNCCAS insiste pour la mise en oeuvre des contrats de convergence et de transformation établis par la loi « pour l’égalité réelle » de 2017. « Cette loi n’a pas été appliquée », explique Éricka Bareigts, qui en a été à l’origine en tant que secrétaire d’État à l’égalité réelle (sous le gouvernement Hollande).
Les élus réclament la création d’un « fonds de dotation des solidarités outre-mer » impliquant les acteurs économiques (et notamment « les mutlinationales » implantées dans ces territoires), et d’une « agence de développement des territoires ultramarins » (pour adopter enfin « une approche structurelle » plutôt que de continuer à voir s’accumuler des plans successifs).
Ils appellent enfin à un soutien des élus locaux « en matière d’ingénierie et de projet » . Le document devait être remis hier au ministre des Outre-mer Philippe Vigier, aucun représentant de son cabinet ni du gouvernement n’ayant assisté aux rencontres d’Outre-mer de la Réunion…
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