Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 26 février 2020
Restauration scolaire

150 communes rurales proposent la cantine à un euro

La délégation interministérielle à la lutte contre la pauvreté a dressé le premier bilan sur deux mesures phares de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté : le petit déjeuner gratuit dans les écoles en éducation prioritaire, et la cantine à un euro dans les communes rurales. « Ce sont deux mesures qui visent à réduire les inégalités avec des prestations qui ne soient pas seulement monétaires mais en services pour lutter contre la pauvreté dès la petite enfance »  rappelle le délégué interministériel par intérim, Vincent Raymond.
Pour les petits déjeuners gratuits, l'objectif de 100 000 élèves en bénéficiant depuis la rentrée a été dépassé. Il atteint 110 000 élèves de territoires défavorisés.
Pour la cantine à un euro, le nombre de bénéficiaires est bien moindre. L'objectif n'était pas au même niveau. En tout, 8 000 élèves de 150 communes rurales ont eu accès en 2019 à un repas le midi à un euro. Ce qui représente plus de 220 000 repas selon les calculs du ministère des Solidarités et de la Santé. La cible sont les communes rurales fragiles de moins de 10 000 habitants, éligibles à la dotation de solidarité rurale. Une fois ôtées celles qui n'ont pas d'écoles, cela concerne 3 400 communes et 500 intercommunalités. La délégation interministérielle à la lutte contre la pauvreté vise l’atteinte de l’objectif dans 75 % des communes concernées.


Des résultats jugés très satisfaisants
En attendant, son délégué interministériel par intérim, Vincent Raymond, estime ces résultats déjà « très satisfaisants », comme il l’indique à Maire info – persuadé que « le bouche à oreille »  et « le temps de déploiement »  vont accélérer l'étendue des deux mesures. Le petit déjeuner gratuit a commencé à être expérimenté en avril 2019. La cantine a un euro s'est, elle, véritablement mise en place à la rentrée de septembre. « Beaucoup de communes devant prendre une délibération ont dû attendre ». 
Ce bilan n'apporte pas d'informations plus précises sur le type de communes rurales qui ont mis en place cette nouvelle tarification. Ni sur les villes ayant proposé des petits déjeuners à l'école. Dans certains cas, ce sont les écoles qui l'organisent, dans d'autres les communes, ailleurs c'est une association de parents d'élèves. À chaque fois, l’État assume très partiellement le financement ( 2 €, pour un coût moyen estimé à 7,33 € par la Cour des comptes, lire article ci-dessous). Pour la cantine à un euro, ce sont en fait deux euros qui sont versés par repas aux communes en contrepartie de l'offre de la mise en place d'une tarification sociale prévoyant au moins trois tarifs, et que la première tranche soit au maximum de un euro le repas. 

Points de vigilance
Les maires n'ont pas caché leur perplexité ou leurs inquiétudes quant à ces dispositifs à leur origine. À la fois sur le fond, en rappelant le principe mis en avant par l'AMF, « qui paye décide, qui décide paye », mais aussi sur leurs modalités et contraintes. « Nous avons bien entendu les élus, notamment l'AMF, et nous en avons tenu compte »  assure Vincent Raymond. Cela pousse d'ailleurs le gouvernement à aujourd'hui annoncer « l'extension de la cantine à un euro aux écoles maternelles ». « Des maires nous ont effectivement fait savoir qu'il était compliqué de ne pas avoir les mêmes tarifs en maternelle et en primaire, de même qu'il était délicat de ne pas appliquer un barème social en maternelle quand les enfants d'une même fratrie pouvaient par ailleurs déjà fréquenter l'école élémentaire », indique le délégué. Cette extension est donc présentée comme une mesure de souplesse supplémentaire, « répondant à une demande des élus locaux ». « L’État ne se substitue pas aux collectivités mais intervient en appui et en soutien »  insiste le délégué. 
La délégation met également en avant une enquête menée par l’Ifop en janvier 2020 selon laquelle 42% des communes ne pratiquent pas de tarifs sociaux pour les cantines scolaires, mais il faut noter qu’elles privilégient souvent des aides directes aux familles par le biais des CCAS. « C’est le cas tout particulièrement des petits communes rurales qui, pour beaucoup, n’ont pas les moyens de financer cette mesure pour leurs familles ».

Objectifs démultipliés
S'agissant du petit déjeuner gratuit, aucune adaptation particulière n'est prévue. Si ce n'est la montée en charge. L’État a prévu un budget « en année pleine »  de 12 millions d'euros. Cinq millions ont été mobilisés en 2019. L'enjeu est de doubler le nombre de jeunes en bénéficiant. Comme le précise le délégué, « il n'y a aucune distinction entre les enfants qui en bénéficient. C'est un dispositif inclusif qui se veut aussi un temps de partage et d'échanges ». Dans certaines écoles, les petits déjeuners sont offerts tous les matins, dans d'autres deux fois par semaine. Ces temps s'accompagnent de sensibilisation à l'alimentation. « Il ne s'agit pas toujours non plus d'un petit déjeuner complet, cela peut être des fruits ».  
À noter qu'outre-mer, La Réunion se distingue pour avoir fortement développé les petits déjeuners gratuits. Elle figurait parmi les territoires expérimentateurs, ce qui peut expliquer cet engouement. Les territoires d’outre-mer ne sont en revanche pas éligibles au dispositif cantine à un euro, car couverts par un autre dispositif (le versement par la Caf aux familles de la Prestation accueil et restauration scolaire – PARS) rappelle le délégué.

Emmanuelle Stroesser


 

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