Uniforme à l'école : l'expérimentation est attendue pour septembre prochain et sera portée par les collectivités
Par Lucile Bonnin
Depuis septembre dernier, l’idée d’instaurer à nouveau l’uniforme à l’école a refait surface dans les débats. S’il n’a jamais été obligatoire en France, le port de l’uniforme a cependant pu être imposé dans quelques établissements notamment au collège et lycée avant les années 1970, et il est la norme en Martinique et en Guadeloupe.
Alors que les questions de laïcité à l’école ont fait grand bruit en cette rentrée 2023, avec les instructions ministérielles sur l'interdiction du port de l'abaya, et que le harcèlement à l’école a également été présenté comme une priorité pour le ministre de l’Éducation, la mise en place d’une tenue unique a pu ainsi être évoquée plusieurs fois dans le débat public.
D’abord par le président de la République, qui, interrogé par le journaliste Hugo Décrypte sur Youtube, s’était dit favorable à une expérimentation en la matière : « Il y a aussi la tenue unique. Sans avoir un uniforme, on peut dire: « vous vous mettez en jean, t-shirt et veste », a-t-il déclaré.
Le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal avait alors affirmé cet été être favorable à des expérimentations en la matière « si la communauté éducative d’un établissement » le demandait, ce qui était déjà le cas en outre-mer.
Quelques mois plus tard, le ministre a annoncé que l’uniforme à l’école serait testé dans certains établissements de collectivités volontaires pendant deux ans. Sans révéler tous les contours de cette expérimentation, des premières lignes directrices ont été dévoilées concernant ce nouveau dispositif qui impliquera fortement les collectivités.
Application locale : les premières informations
Les premières informations ont été dévoilées par France info. D’abord, on apprend que « l'expérimentation doit commencer en septembre 2024, à la rentrée, voire dès le printemps pour les collectivités les plus motivées » . Pour le moment certaines collectivités participant à l’expérimentation sont connues dont la commune de Tourcoing, Reims, Nice, et Perpignan, ou encore les départements de l'Allier et des Alpes-Maritimes et la région Auvergne-Rhône-Alpes. France info indique que la mesure sera co-financée à 50-50 par l’État et par les collectivités volontaires, et que donc le nombre de collectivités participantes sera limité.
D’ailleurs, dans le cadre de cette expérimentation, les familles des établissements volontaires recevront « cinq polos, deux pulls et deux pantalons par enfant », selon les informations communiquées par le ministère aux collectivités territoriales à France info. « Ce kit coûtera 200 euros, mais les familles n'auront rien à payer. La piste privilégiée est celle d'un financement à moitié par l'État, à moitié par la mairie, le département ou la région volontaire ».
Autre information : les enfants auront le droit à « un vêtement neuf par an » en cas de besoin de changement pour une question de taille ou d’usure. Certaines collectivités pourront personnaliser localement le vêtement grâce à un écusson par exemple.
Pour le reste des informations, il faudra attendre les précisions du ministre sur la question. Ces dernières devraient arriver en fin de cette semaine.
Des interrogations sur la mise en application
En l’absence de précision de la part du ministre, pour le moment, certaines questions relatives à la mise en place de l’expérimentation restent en suspens. La tenue unique financée par l’État et la collectivité devra-t-elle être la même pour toutes les saisons ? A la fin des deux ans d’expérimentation, qui devra payer ces tenues si une généralisation est décidée par le gouvernement ? Les tenues devront-elles être rendues à la collectivité afin d’être redistribuées à d’autres élèves l’année suivante ?
La question de l’acceptabilité se pose également. Pour certains élus c’est une très bonne idée, comme pour le maire de Reims Arnaud Robinet, ville candidate à l’expérimentation. « Le port de l’uniforme à l’école est une pierre à l'édifice, peut-être, pour un retour aux valeurs, à l'ordre, au respect dans les établissements scolaires », a indiqué le maire ce matin au micro de France info.
Pour d’autres acteurs, ce choix n'est pas pertinent. C’est le cas notamment dans la commune de Cusset, près de Vichy, selon France 3 Régions. Les syndicats de professeurs locaux déplorent une absence de concertation sur le sujet et disent ne pas trop croire en cette solution. D’autres orientations financières primordiales pourraient être faites selon eux. Il faudra aussi convaincre les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes, même si, comme l’a fermement indiqué le maire de Reims, « quand on inscrit ses enfants à l'école, il y a un règlement intérieur, on le respecte ».
Maire info reviendra sur le sujet une fois le plan détaillé par le ministre Gabriel Attal.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2