La France toujours en retard dans les renouvelables, malgré les progrès du solaire
Par Catherine Hours - AFP
En 2023, le pays a encore fait moins bien qu'en 2022, avec 4,5 gigawatts (GW) de capacités nouvelles raccordées, contre 5,3 GW l'année précédente, selon le Baromètre annuel Observ'ER publié jeudi. Il affichait à fin septembre 2023 plus de 70 GW d'installations électriques renouvelables, qui sont à 37 % des barrages, construits il y a des dizaines d'années. Les autres principales filières sont l'éolien (22,5 GW) et le solaire photovoltaïque (19 GW). Le solaire s'est redressé « de façon spectaculaire », souligne le rapport, réalisé avec la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et l'Ademe, l'agence de la transition écologique.
« Il y a quelques années encore on allait dans le mur ! », note un des auteurs, Frédéric Tuillé, qui relève un « changement de dynamique ». Le secteur a installé 8 GW en trois ans, soit autant que sur la période 2012-2020. Un succès porté par les grandes toitures et l’autoconsommation des particuliers, artisans, entreprises, collectivités... désireux de s'assurer un approvisionnement et des prix stables et prévisibles dans un contexte de crise de l'énergie.
A 19 GW fin septembre et 19,5 GW attendu fin 2023, le photovoltaïque devrait s'approcher de l'objectif fixé par l'Etat de 20,1 GW à fin 2023, note le bilan. En revanche, l’activité sur le segment des très grandes installations (1 MW et plus) est « beaucoup plus erratique », pointe le rapport. Celui-ci est en outre prudent pour les objectifs suivants, fixés par de précédentes décisions de l'État à 35,1 GW-44 GW pour la fin 2028, et note que le solaire devrait pour cela encore accélérer.
« Pas rassurant" -
En revanche, pas d'amélioration observée sur l'éolien terrestre, avec environ 1 GW installé l'an dernier. Avec un total de 22,3 GW raccordés fin 2023, la France finit loin de son objectif de 24,1 GW pour la fin 2023. En comparaison, l'Allemagne comptait 66,2 GW d’éolien fin 2022 (dont 8 GW d’offshore).
L’accumulation des freins réglementaires et administratifs porte à sept ans le délai moyen d’obtention de l’autorisation de construction, purgée de recours, soit plus du double du temps que dans d’autres pays européens, expliquent les auteurs. Pour atteindre les objectifs actuels de 33,2-34,7 GW à fin 2028, il faudrait doubler le rythme de déploiement, à 2 GW par an.
La France a adopté en 2023 une loi d'« accélération des énergies renouvelables ». Mais « onze mois plus tard, on attend toujours des décrets d'application », a déploré Richard Chamaret, de la FNCCR et président de Territoire d'énergie Mayenne.
En particulier sur la possibilité pour les collectivités de passer des contrats avec des producteurs d'électricité locale. Et sur l'agrivoltaïsme. Autant de décrets attendus des territoires, disposés aux renouvelables a fortiori « s'ils y participent, avec une valeur ajoutée qui reste sur place », dit-il. Vincent Jacques Le Seigneur, président de l'association Observ'ER, s'est alarmé des dernières décisions gouvernementales. « Les derniers signaux m'inquiètent » : la disparition du ministère dédié à l'Energie après le remaniement de la mi-janvier, la transmission à la Commission européenne d'un plan énergie climat sans objectifs chiffrés pour les renouvelables -- mais incluant le nucléaire... « Tout ça n’est pas rassurant pour le développement des énergies renouvelables dans notre pays ».
La France avait déjà été rappelée à l'ordre par Bruxelles, seule dans l'UE à n'avoir pas respecté son engagement pour 2020. Energies marines, géothermie, biomasse et déchets pour leur part comptent encore pour une part minime (4% des capacités électriques vertes du pays). L'éolien marin, avec le raccordement de nouveaux parcs (Saint-Brieuc, Fécamp), doit cependant contribuer à accélérer le mouvement, et pour la suite le pays à lancé des débats publics, par façade maritime, sur les usages de la mer. Le secteur des énergies renouvelables a en 2022 couvert 28 % de la consommation électrique en France. Il représente plus de 69 000 emplois directs, pour un chiffre d'affaires de 17,15 milliards d'euros.
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