Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 18 mars 2022
Énergies renouvelables

Fonds chaleur : une alternative face à l'explosion du prix du gaz

L'Ademe a publié hier le bilan 2021 du Fonds chaleur, qui apparaît à ses yeux comme une manière efficace de trouver des alternatives au gaz, dont les prix explosent. L'Agence espère donc une nouvelle accélération du recours à la chaleur renouvelable en 2022. 

Par Franck Lemarc

Comment faire face à la hausse du prix du gaz – qui peut, dans certaines collectivités, dépasser les 600 % ? L’une des solutions pour le chauffage et l'eau chaude, sous réserve d’investissements importants, est le recours à la « chaleur renouvelable », c’est-à-dire des chaufferies fonctionnant à base d’énergies renouvelables ou de récupération. Il peut s’agir de chaleur produite à partir de biomasse (bois, végétaux, déchets agricoles, ordures ménagères…), de biogaz (issu de la méthanisation), d’installations solaires ou de géothermie, ou encore par récupération de la chaleur fatale (produite notamment par les installations industrielles). 

Ces installations peuvent permettre le chauffage d’une seule structure (groupe scolaire, serres…) ou alimenter un réseau de chaleur à l’échelle d’un quartier ou d’une commune.  

Double bénéfice

Dans le but d’atteindre l’objectif de 33 % d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie en France en 2030, la production de chaleur renouvelable a donc « un rôle majeur à jouer », souligne l’Ademe, d’autant que le pays est, à ce jour, en retard sur ces objectifs. Il y a donc un double bénéfice à utiliser ces énergies : contribuer à l’atteinte des objectifs de développement durable et trouver une alternative au gaz, qui risque de rester durablement très cher. 

Le Fonds chaleur, créé en 2009 et géré par l’Ademe, a précisément pour objet de soutenir les projets de création de réseaux de chaleur et d’installations de production de chaleur renouvelable. En 2021, l’Ademe a par exemple accompagné grâce au Fonds chaleur un projet de récupération de chaleur fatale sur une unité d’incinération de déchets à Châlons-en-Champagne, avec un réseau de chaleur de 33 km (69,9 millions d’euros dont 25,6 financés par le Fonds chaleur) ; un réseau de chaleur biomasse à Morez-Hauts-de-Bienne dans le Jura (3,4 millions d’euros dont 2,1 millions de Fonds chaleur) ; ou encore une installation de géothermie à Arbusigny (Haute-Savoie) ou de solaire thermique à Berre-L’Étang (Bouches-du-Rhône).

20 millions d’euros de plus en 2022

Sur l’ensemble de l’année 2021, le Fonds chaleur a été entièrement consommé (350 millions d’euros). Ce sont 559 installations qui ont été cofinancées (contre 652 l’année précédente). Les aides à l’investissement sur les réseaux de chaleur constituent le premier poste de soutien (130 millions d’euros) : ce sont 264 km de réseaux qui ont été créés en 2021. Les chaufferies biomasse ont représenté 78,5 millions d’euros d’aides, les équipements de valorisation du biogaz par injection au réseau 41,7 millions, et la géothermie 22,9 millions. L’ensemble des installations financées en 2021 permettront de produire quelque 3,35 TWh/an de chaleur renouvelable. L’Ademe note cependant que ce chiffre est en-dessous des objectifs prévus par la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) et qu’il conviendrait a minima « de les doubler ». 

Depuis le début du Fonds chaleur en 2009, ce sont 6 500 installations qui ont été cofinancées, mobilisant au total presque 3 milliards d’euros d’aides. 

Pour 2022, le Fonds chaleur a été augmenté de 20 millions d’euros, pour atteindre 370 millions d’euros. Il faut maintenant « accélérer »  le recours aux énergies renouvelables, plaide l’Ademe, qui indique, d’une part, qu’elle va lancer un vaste appel à projets « visant à faciliter l’accompagnement des études pour la création et l’extension des réseaux de chaleur et de froid dans les collectivités de moins de 50 000 habitants »  ; et, d’autre part, qu’elle entame « une vaste campagne de communication sur trois ans, notamment à destination des collectivités, afin de soutenir et d’accélérer le développement de la chaleur renouvelable en France ». 

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