Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 14 novembre 2018
Énergie

Le Premier ministre veut la fin du chauffage au fioul en 2027

Le Premier ministre, Édouard Philippe, a fait ce matin sur RTL un certain nombre d’annonces pour tenter de désamorcer la crise des carburants et le mouvement prévu samedi 17 novembre par les « gilets jaunes ». Au-delà des premières déclarations qui avaient quelque peu agacé les régions – avec la proposition de « généraliser »  l’aide proposée comme certaines régions sous forme de chèque carburant – le Premier ministre a annoncé plusieurs « aides »  en direction des usagers « les plus modestes », à hauteur de 500 millions d’euros. En déclarant toutefois qu’il n’était « pas question »  d’annuler les hausses des prix du carburant.

« Super-prime »  à la conversion
La principale annonce concerne la mise en place d’une « super-prime »  à la conversion, pour aider les personnes les plus modestes à acheter une voiture moins polluante ou consommant moins. Cette prime, actuellement de 2 000 euros, sera portée à 4 000 euros « pour les 20 % de Français les plus modestes », ceux appartenant « aux deux premiers déciles », a précisé Édouard Philippe. Si cette prime ne saurait permettre l’achat d’un véhicule électrique ou hybride à une personne ayant de très bas revenus, le Premier ministre a expliqué qu’elle pourrait permettre d’acheter « une nouvelle voiture d’occasion qui consomme 5 litres au lieu de 6 litres aux cent ». Il a rappelé que le gouvernement s’était fixé un objectif de 500 000 primes à conversion sur la durée du quinquennat. 280 000 ont déjà été consommées, et le gouvernement va passer son objectif à un million.
Deuxième annonce : pour les plus « gros rouleurs »  (le Premier ministre a mis la barre à « 60 ou 70 km par jour » ), l’indemnité kilométrique va être « élargie », afin « d’avantager ceux qui roulent avec des véhicules qui consomment peu ». Notons que cette mesure, là encore décrite comme destinée aux « plus modestes », ne concernera pas une grande partie de ceux-ci, dans la mesure où elle touche à l’impôt sur le revenu, et que les salariés les plus modestes sont généralement non imposables.
Le Premier ministre a évoqué les « chèques carburants »  fournis par certaines collectivités (la région Hauts-de-France et un certain nombre de communes) et confirmé que ces aides seraient « défiscalisées ». Il a toutefois insisté, pour dissiper le malaise provoqué par les propos d’Emmanuel Macron la semaine dernière sur la « généralisation », que les collectivités sont « libres »  et que ces aides relevaient de leur « choix ».

La fin du chauffage au fioul en 2027 ?
Le Premier ministre a également abordé la question des Français qui se chauffent au fioul, et qui font face, pour certains, à de lourdes difficultés dans la mesure où le prix du fioul a augmenté de quelque 30 % en un an. Sur le court terme, le gouvernement va élargir le chèque énergie : son montant sera porté de 150 à 200 euros, et le nombre de bénéficiaires porté de 3,6 à 5,6 millions.
À plus long terme, Édouard Philippe a fait une annonce réellement nouvelle : le gouvernement fixe un nouvel objectif de disparition des chaudières au fioul à l’horizon de la fin du prochain quinquennat, soit en 2027. Dans ce but, une « prime à la conversion des chaudières »  va être mise en œuvre, qui pourrait couvrir jusqu’au « tiers »  du coût du remplacement par un système moins cher à l’usage et/ou moins polluant (comme une pompe à chaleur ou un chauffage au bois). Il sera intéressant de savoir si ces mesures ne s’appliqueront qu’aux particuliers ou si les collectivités – dont beaucoup de bâtiments sont chauffés aux fioul – seront également concernées par cette prime à la conversion.
D’un point de vue général, le Premier ministre a voulu montré qu’il assumait « pleinement »  le passage d’une fiscalité « frappant essentiellement le travail »  à une fiscalité écologique, expliquant que les taxes sur les carburants allaient rapporter 34 milliards d’euros, ce qui correspond exactement, a-t-il expliqué, au budget du ministère de la Transition énergétique et solidaire.
Concernant le mouvement de samedi prochain, Édouard Philippe s’est dit « attentif »  et « pas du tout inquiet ». S’il « respecte le droit de manifester », il a toutefois prévenu les « gilets jaunes »  que « l’on ne peut pas faire n’importe quoi ni mettre en péril la sécurité des Français ». « Les entraves à la circulation seront sanctionnées. » 
Notons enfin que Premier ministre a annoncé au détour de son interview que le projet de loi d’orientation sur les mobilités serait présenté en Conseil des ministres le 27 novembre – soit une semaine plus tard que prévu.
F.L.

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