Maire-info
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Édition du mercredi 12 février 2025
Élus

Dans un climat de défiance généralisée, la confiance envers les maires ne se dément pas

Le nouveau baromètre de la confiance politique du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) vient d'être publié. Si la confiance qu'attribuent les Français à la politique nationale atteint un niveau historiquement bas, celle portée aux élus locaux reste toujours aussi grande.

Par Lucile Bonnin

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Les turbulences politiques ont été nombreuses en 2024. La dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024, a plongé le pays dans une grave crise politique sur fond d’inflation et de crise sociale. Les résultats donc « peu encourageants »  publiés dans le nouveau baromètre de la confiance politique du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) confirment malheureusement la gravité de la situation. La défiance des Français envers la politique et ceux qui l'exercent demeure élevée, – bien plus profonde que celle de leurs voisins italiens ou allemands. Seuls 26 % des Français déclarent avoir confiance dans la politique contre 47 % en Allemagne et 39 % en Italie.

Depuis 2018, avec la mobilisation des Gilets jaunes, un profond rejet des institutions nationales s’est installé progressivement mais durablement dans la perception des Français. Pourtant, ils continuent d’accorder leur confiance aux institutions politiques locales avec, en première ligne, le maire qui continue de constituer une balise dans un océan de défiance. 

La politique locale davantage estimée 

Le maire conserve de loin sa place de personnage politique le plus digne de confiance, selon les 3 561 personnes sondées par le Cevipof : 61 % des Français font confiance à leur maire. La confiance est également relativement élevée envers les conseillers départementaux (48 %) et les conseillers régionaux (46 %). De plus, 58 % des Français déclarent avoir confiance dans le conseil municipal de leur commune, ce qui en fait l’institution politique la plus appréciée des Français. Les conseils municipaux sont donc bien loin devant l’Assemblée nationale (24 %) qui a chuté drastiquement dans les sondages à partir de 2017 (passant de 42 % sur l’année 2016 à 23 % en 2018). 

En comparaison, les chiffres qui visent la politique nationale sont consternants. Seulement 40 % des Français font confiance aux députés, par exemple. Pire encore, seuls 27 % des Français font confiance à François Bayrou, Premier ministre actuel, « alors que 43 % des Italiens font confiance à Georgia Meloni et 53 % des Allemands à Olaf Scholz », indiquent les auteurs du Baromètre. C’est enfin Emmanuel Macron qui souffre du plus grand manque de confiance de la part des Français avec seulement 23 % d’entre eux qui déclarent lui faire confiance. 

Par rapport à l’année 2023, la confiance accordée au Premier ministre a baissé de 8 points, et celle au président de la République de 6 points. Le maire, quant à lui, a gagné un point par rapport à 2023. De manière générale, la confiance des Français dans la politique a baissé de 4 points en une année. 

Des perspectives peu réjouissantes pour l’avenir 

Si l’optimisme se concentre sur le pouvoir local, le rapport des Français avec la politique est loin d’être apaisé. « Le climat général est dominé par des sentiments négatifs », indiquent les auteurs : 45 % des Français expriment de la méfiance, 40 % de la lassitude et 35 % de la morosité. Plus globalement, 79 % des Français ont des sentiments négatifs vis-à-vis de la politique. 

Les résultats peuvent inquiéter à l’approche des élections municipales qui auront lieu en mars 2026. Rappelons que les difficultés dans l'exercice du mandat pèsent déjà de plus en plus lourd : une enquête de l’AMF indique que 81 % des maires estiment que leur santé physique ou mentale est affectée par leur mandat. Cette perception négative de la politique peut aggraver cette crise des vocations vis-à-vis des différents mandats d’élu local. D’autant que le Cevipof précise que, « face au chaos politique actuel, 65 % des Français préfèrent se détourner de la politique et se concentrer sur leur vie personnelle » . Une proposition de loi portée par Françoise Gatel – aujourd’hui ministre déléguée chargée de la Ruralité – avait été adoptée en mars dernier en première lecture au Sénat pour « créer un véritable statut de l'élu local ». Elle n’a depuis toujours pas été inscrite à l’ordre du jour à l’Assemblée nationale. 

La perception des Français de la classe politique est aussi « particulièrement critique » . En effet, « 52 % des Français considèrent qu’il n’y a pas de quoi être fier de notre système démocratique »  et « seuls 28 % des Français estiment que la démocratie fonctionne bien ». La situation politique actuelle n’y est pas pour rien puisqu’elle inquiète 80 % des sondés. Conséquence : 45 % des Français estiment que « ce n’est pas avec les élections qu’on peut changer les choses en France »  ; 57 % pensent que « les gouvernements ne peuvent plus faire grand-chose aujourd'hui, le pouvoir réel est ailleurs »  –  notamment du côté des marchés financiers (31 %), de l’Europe (18 %) ou encore des citoyens (15 %). 

Le Cevipof observe, à côté de cette lassitude démocratique, une « montée de l’attrait pour un pouvoir plus autoritaire » , estimant au passage à 56 % le président de la République comme responsable de la situation politique actuelle. Ainsi, « 48 % des Français qui estiment que "rien n'avance en démocratie, il faudrait moins de démocratie et plus d'efficacité" » . Plus déconcertant encore, 41 % des citoyens approuvent l’idée d’un « homme fort qui n’a pas besoin des élections ou du Parlement ». 

Télécharger le baromètre. 

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