Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 10 octobre 2025
Élus locaux

Le maire toujours, de loin, l'élu auquel les citoyens font le plus confiance 

Présenté à l'occasion de la Convention d'Intercommunalités de France, un nouveau sondage montre que la confiance que les citoyens accordent à leurs élus locaux augmente en proportion inverse de celle qu'ils accordent au gouvernement. Les citoyens refusent par ailleurs très majoritairement les ponctions sur les budgets locaux.

Par Franck Lemarc

De sondage en sondage, les chiffres de la confiance accordée aux élus locaux se ressemblent. L’enquête commandée à l’Ifop par Intercommunalités de France, à l’occasion de son congrès, ne fait pas exception : réalisée en septembre, après le renversement de François Bayrou, elle démontre que plus la crise politique s’aggrave plus la confiance des citoyens se reporte sur les élus locaux. 

Les écarts sont parfois stupéfiants. Ainsi, à la question « à qui faites-vous le plus confiance pour répondre à vos besoins du quotidien ? », seuls 8 % des sondés répondent « au gouvernement » , tandis que 68 % répondent « les collectivités locales ». En termes de gestion des deniers publics, moins d’un quart des sondés (22 %) font confiance au gouvernement, contre 44 % pour les élus locaux.

Pour ce qui concerne le développement des services publics et « la réduction des fractures territoriales » , ce sont, là encore, les élus locaux qui font l’objet de la plus grande confiance, loin devant les parlementaires : en tête, le maire, auquel 68 % des sondés font confiance à ce sujet, devant le président de l’intercommunalité (57 %). Les députés (37 %) et les sénateurs (32 %) sont assez loin derrière. Il est notable que les chiffres ont beaucoup évolué depuis la dernière enquête similaire de l’Ifop, en 2017 : la figure du maire a gagné 6 points de confiance, et celle du président d’intercommunalité, 10 – ce qui signifie notamment que les intercommunalités ont beaucoup gagné en visibilité en une dizaine d’années. 

Les citoyens opposés aux ponctions sur les budgets locaux

Le sondage interroge aussi les citoyens sur leur perception des services publics. La comparaison avec la précédente enquête de 2017 est, là encore, intéressante : les chiffres n’ont pas varié, ce qui signifie que les politiques publiques mises en œuvre depuis – comme les France services par exemple – n’ont pas permis d’améliorer le sentiment « d’abandon »  des habitants de la France rurale, en particulier. Si 37 % des sondés en général estiment que leur territoire « ne bénéficie pas de l’action des services publics », ce chiffre grimpe à 50 % pour les habitants des communautés de communes, et à 42 % dans les quartiers populaires des banlieues.

Autre preuve des attentes des citoyens vis-à-vis des collectivités : ils rejettent  massivement (63 %) les « ponctions »  de l’État sur les budgets des collectivités, estimant que ces coupes budgétaires « risquent de se traduire par une dégradation des services publics de proximité » . 50 % des sondés estiment toujours qu’ils sont prêts à accepter une hausse des impôts pour conserver des services publics sur leur territoire, mais l’Ifop note que ce chiffre était de 58 % en 2017. Preuve, selon l’institut de sondage, que les arguments « sur la pression fiscale mis en avant par François Bayrou »  ont porté. Ou, plus simplement, que le pouvoir d’achat a tellement diminué avec l’inflation que de nombreux Français ne pensent pas pouvoir supporter des impôts supplémentaires. 

Autre enseignement intéressant à tirer de cette enquête : 91 % des sondés jugent prioritaire de réduire les dépenses de l’État, contre 47 % qui donnent la priorité à la baisse des dépenses des collectivités locales. Cette opposition à la réduction des dépenses des collectivités est particulièrement vive dans les communes rurales, moins dans les centres urbains « mieux dotés en infrastructures ». 

La conclusion de cette enquête par l’Ifop est claire : « Face aux défis budgétaires et aux fractures territoriales, le niveau local apparaît ainsi, aux yeux des Français, comme un échelon essentiel pour maintenir la qualité de vie et la cohésion dans l’ensemble des territoires. Les maires et présidents d’intercommunalités, en première ligne, portent plus que jamais l’espoir de combler le fossé entre les territoires ruraux délaissés et les centres urbains jugés dynamiques. » 

Certes. Mais encore faut-il qu’ils en aient les moyens.

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