Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 18 octobre 2021
Élus locaux

Jean Castex aux élus locaux : « Ce n'est pas le moment de faire de l'austérité »

Le Premier ministre s'est adressé deux fois, dans la seule journée de vendredi, à des assemblées d'élus locaux : la première en clôturant, à Clermont-Ferrand, la convention de l'AdCF, et la seconde devant le congrès des maires du Val-d'Oise. L'occasion pour lui de - sans faire de réelles annonces - de redire sa confiance dans le « couple maire-préfet ». 

Par Franck Lemarc

Le dernier discours du Premier ministre devant des élus – les présidents de région le 30 septembre – n’avait pas été très aimable, voire franchement désagréable (lire Maire info du 1er octobre). Jean Castex a quelque peu rectifié le tir vendredi dernier, avec deux discours lors desquels il a tenu à rendre hommage aux élus, à leur « sérieux »  et à leur « engagement ». L’occasion, aussi, de louer l’action du gouvernement pendant la crise sanitaire. 

Des CRTE partout

Devant les élus de l’AdCF (qu’il faut maintenant appeler « Intercommunalités de France » ), Jean Castex a décerné un satisfecit particulier à cette association qui a été « un acteur particulièrement responsable et particulièrement force de proposition ». Il s’est longuement attardé sur les CRTE (contrats de relance et de transition écologique), avouant au passage avoir écrit lui-même « la circulaire qui les régit », sans confier cette tâche à ses services. Ces contrats ont pour but de donner « des moyens »  et « du pragmatisme »  aux territoires. Le pragmatisme, cela a été d’entendre les territoires qui souhaitaient que leur CRTE s’organise à l’échelle de plusieurs intercommunalités, là où le gouvernement souhaitait, au départ, un périmètre restreint à l’échelle des EPCI. « Aujourd'hui, à l'arrivée, 75 % des CRTE ont choisi les EPCI existants, comme on dit, tandis que 25 %, les autres, ont retenu un périmètre plus large. Peu importe. Le tout, c'est que tous les EPCI de France (…) ont rejoint le peloton des CRTE ». « 702 sont d’ores et déjà signés », a indiqué le Premier ministre. 

Ces CRTE seront un outil pour « investir », le mot est revenu de nombreuses fois dans le discours du chef du gouvernement. Avec un message clair : « Je le dis pour les collectivités locales comme pour l'ensemble du pays, l'heure n'est pas venue de faire de l'austérité. »  Ajoutant toutefois que cette affirmation ne vaut pas pour « les dépenses de fonctionnement ». « Il s'agit de continuer à investir massivement. On a connu l'austérité après une crise. Ça a donné des résultats catastrophiques. On ne va pas recommencer les mêmes erreurs. »  Il a donc appelé « le bloc communal en particulier »  à « repartir sur les chemins de l’investissement ». Pour cela, il pourra compter sur « un État local fort », notant que son gouvernement avait rompu avec la logique consistant à « désarmer l’État départemental ». Rappelant que les effectifs des préfectures ont perdu « 25 % en 20 ans », Jean Castex s’est félicité d’avoir « arrêté l’hémorragie »  et de se préparer à créer, en 2022, « 1900 emplois dans les services départementaux de l’État ». 

Autorités organisatrices de l'habitat

Jean Castex a également répondu à certaines propositions faites par Intercommunalités de France lors de sa convention, notamment la création des « autorités organisatrices de l’habitat »  sur le modèle des autorités organisatrices du transport (lire Maire info de vendredi). Cette proposition le « séduit plutôt ». Il s’est aussi montré ouvert à la demande de gestion de MaPrimeRénov’ à l’échelle des intercommunalités. Sur la question de la sécurité, Jean Castex s’est montré prudent, tenant à affirmer que « la sécurité c’est la prérogative des maires », mais ajoutant : « Je pense qu’il y a aussi une place pour l’intercommunalité », notamment « dans les grands centres urbains ». Jean Castex a rappelé qu’il avait lancé les « contrats de sécurité intégrée »  et a « invité »  ceux qui le souhaitent à s’en saisir, comme de toutes les autres possibilités de « mutualisation », par exemple en matière de vidéoprotection. 

Le Premier ministre a conclu son discours en rappelant « l’immense confiance »  qu’il porte aux élus locaux. 

Faire rêver

L’après-midi même, Jean Castex a pris la parole devant l’université des maires du Val-d’Oise, à Cormeilles-en-Parisis, après le discours du président de l’association départementale, Daniel Fargeot. Avec, là encore, un long exercice d’hommage aux maires, à leur « engagement », leur « sérieux ». « Le couple maire-préfet, c'est l'alliance de l'État territorial et des élus du territoire, c'est une force, c'est une force de notre pays. » 

Jean Castex a là aussi donné la priorité à « la relance »  et donc à l’investissement des collectivités. Il a reconnu que les finances locales avaient été « impactées dans leurs recettes », mais moins qu’elles auraient pu l’être grâce « aux filets de sécurité »  mis en place par l’État. Il a une fois encore rappelé que si les collectivités locales ont perdu « 1,7 % »  de leurs recettes, l’État en a perdu « 24 % », mais en reconnaissant, contrairement à ce qu’il avait fait à Montpellier, que l’État a « des moyens que vous n’avez pas »  et que lui « peut s’endetter »  (rappelons qu’il peut surtout avoir un budget en déficit, ce qui n’est pas le cas des collectivités). Pour accélérer les investissements, le gouvernement, a rappelé Jean Castex, a fait un effort notable sur la Dsil, qui sera en 2022 encore « à un rythme à peu près double de ce qu’elle était avant la crise ». 

Le Premier ministre a également insisté sur le fait que son gouvernement comptait mettre « les bouchées doubles »  sur les questions de sécurité et de justice, dénonçant notamment « toutes les atteintes à l’autorité de l’État, à commencer par celles portées aux dépositaires de l’autorité publique que vous êtes et qu’il faut sans relâche combattre ». 

Il a annoncé que le gouvernement va « étendre »  le système des « amendes délictuelles », qui « marche très bien ». « On va les étendre pour les occupations de cours ou de halls d'immeuble. On va les étendre pour les gens du voyage », a déclaré Jean Castex, sans donner plus de détails. 

Le Premier ministre a conclu son discours par ces mots : « Nous devons inspirer ou ré-inspirer confiance à nos concitoyens. Pour cela, il faut leur dire la vérité. (…) Il faut montrer aux gens que ceux qui sont en responsabilité, c'est votre cas, c'est le mien, sont des gens responsables, sérieux. C’est finalement peut-être la meilleure façon de faire rêver. Il faut faire rêver. Et enfin, il faut aussi régler le problème des gens par la proximité et par l'efficacité. En somme, ce que je viens de faire, c'est le portrait du maire. » 

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