Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 21 septembre 2020
Élections

Élections législatives partielles : abstention record et déroute pour La République en marche

Six élections législatives partielles ont eu lieu hier. Elles ont été marquées par un taux d’abstention particulièrement massif, atteignant 87 % dans l’une des circonscriptions. Par ailleurs, ces scrutins ont confirmé la désaffection pour le parti présidentiel, qui a engrangé, selon les circonscriptions, entre 18 % et … 3 %. La République en marche pourrait perdre un siège à l’Assemblée nationale.  

Non-cumul des mandats
Cinq de ces six élections sont des conséquences de la loi sur le non-cumul des mandats, des candidats ayant décidé de démissionner de leur mandat de député pour conserver celui de maire, et leur suppléant n’ayant pas souhaité prendre leur fauteuil. Rappelons en effet qu’en théorie, lorsqu’un député démissionne pour cause de cumul des mandats, son suppléant prend automatiquement sa place. 
Mais les suppléants peuvent également renoncer : c’est ce qui s’est passé, par exemple, dans la 9e circonscription du Val-de-Marne, dont le député était Luc Carvounas. Élu maire d’Alfortville en mai, Luc Carvounas annonçait aussitôt démissionner de son siège au Palais-Bourbon et céder la place à sa suppléante, Sarah Taillebois. Mais celle-ci ayant, entretemps, été admise à l’ENA, elle n’a pas souhaité exercer son mandat, qui l’aurait empêchée de poursuivre son cursus.
Quatre autres circonscriptions étaient en jeu pour cause de non-cumul des mandats : la 5e de Seine-Maritime, la 1e du Haut-Rhin, la 3e du Maine-et-Loire et la 2e de La Réunion. Dans le Haut-Rhin, il s’agit à la fois de cumul et de remaniement : le député LR Éric Straumann a quitté son siège pour devenir maire de Colmar ; et sa suppléante, Brigitte Klinkert, n’a pu prendre son siège puisqu’elle a été nommée au gouvernement, ministre déléguée à l’Insertion. On notera également que le siège en jeu en Seine-Maritime est celui de Christophe Bouillon, qui jusque-là occupait la fonction de président de l’Association des petites villes de France (APVF) sans être maire (il n’était que maire honoraire de Canteleu). Élu maire de Barentin en mai dernier, Christophe Bouillon a choisi de conserver ce mandat et de rendre celui de député. 
Un cinquième siège était en jeu dans la 11e circonscription des Yvelines, mais cette fois pour cause de remaniement ministériel : la députée LaREM Nadia Hai a, fin juillet, été nommée ministre déléguée à la Ville. Dans un tel cas, en théorie, le siège revient automatiquement au suppléant, sans qu’il y ait besoin d’organiser une nouvelle élection. Sauf que dans ce cas, Nadia Hai a court-circuité le processus en démissionnant de son siège, ne souhaitant pas que son suppléant – mis en examen dans une affaire de stupéfiants – récupère son siège. 

Abstention record
On sait que l’abstention se renforce à tous les scrutins – y compris, ce qui est une nouveauté, aux dernières municipales. Et que les élections législatives partielles ne déplacent, en général, que peu d’électeurs. Mais hier, des records ont été battus. Entre l’épidémie, le manque de visibilité de ces scrutins à l’échelle nationale et la désaffection croissante des citoyens pour le vote, les chiffres de l’abstention atteints hier sont stratosphériques : seul le Haut-Rhin est en-dessous des 80 % d’abstention (79 %), les autres circonscriptions oscillant entre 82 % et 87 %. Résultat : l’un des candidats ayant obtenu le meilleur score de ce bouquet de partielles, hier, le candidat LR de la 1e circonscription du Haut-Rhin, Yves Hemedinger a certes obtenu plus de 45 % des suffrages. Mais cela ne représente qu’à peine 9 % des inscrits.

LaREM largement battue partout
Aucun de ces scrutins n’a été acquis au premier tour. Dans une seule des six circonscriptions, à La Réunion, une candidate a dépassé les 50 % des voix : il s’agit de Karine Lebon (union de la gauche), qui a obtenu 52,15 % des voix. Mais le taux d’abstention ayant dépassé les 75 %, un deuxième tour est nécessaire, lors duquel elle affrontera la candidate divers droite Audrey Fontaine.
Dans trois circonscriptions, les candidats LR sont arrivés en tête : dans le Haut-Rhin, on l’a dit, Yves Hemedinger ; dans les Yvelines, Philippe Benassaya, maire de Bois-d’Arcy ; dans le Maine-et-Loire, Anne-Laure Blin. Les candidats PS sont arrivés en tête dans deux circonscriptions, dans le Val-de-Marne (Isabelle Santiago) et la Seine-Maritime (Gérard Leseul). Cette dernière circonscription est la seule où un candidat du Rassemblement national (Jean-Cyril Montier) s’est qualifié pour le second tour. 
C’est par ailleurs la déroute pour le parti présidentiel : il perd le siège de Nadia Hai dans les Yvelines et, dans les autres circonscriptions, réalise de faibles scores : 18,4 % dans le Maine-et-Loire, 15 % dans les Yvelines, 10,7 % en Seine-Maritime, 10 % dans le Val-de-Marne, et 3 % dans le Haut-Rhin.

F.L.

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