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Édition du vendredi 13 septembre 2019
Éducation Sports

Le sport est un « angle mort de la scolarisation » pour la Cour des comptes

Depuis une dizaine de jours, 12,4 millions d'élèves – de l'école élémentaire au lycée – ont repris le chemin de l'école mais aussi des gymnases, des piscines ou des terrains. Sur leur emploi du temps, trois heures par semaine sont, en effet, consacrées à l'éducation physique et sportive (EPS). C'est plus que la moyenne européenne. Pourtant, la Cour des comptes critique vivement cette organisation dans un rapport mis en ligne hier, pour lequel l'AMF a été consultée (AdF et Régions de France ont, de leur côté, remis une contribution écrite). Pour les magistrats, ces trois heures ne sont « ni effectuées totalement ni contrôlées », faisant du sport un « angle mort de la scolarisation ». 
« L’organisation scolaire en France n’intègre pas dans ses programmes la pratique sportive en tant que telle avec le même degré d’intensité que d’autres États européens, s'étonne la Cour dès l'introduction. Malgré son importance et la multiplicité de ces enjeux, le sport à l’école demeure une réalité mal appréhendée, dans son organisation, son financement et ses résultats ».
Il y aurait, selon la Cour, un « lien trop ténu » entre l'enseignement de l'EPS, « apparu à l’opinion publique comme très conceptuel, exprimé selon une terminologie mal comprise », et la pratique du sport en clubs.
Rue Cambon, on rappelle que la France ne dispose pas de stratégie en faveur du développement de la pratique sportive à l’école, selon un rapport de la Commission européenne établi en 2013. La Cour reproche, par exemple, à l'État « qu'aucun objectif commun de nature précise et opérationnelle n’a été formalisé entre les ministères de l’Éducation nationale et des Sports ».

« Une coordination avec les collectivités inexistante au niveau national » 
Autre critique faite par la Cour à l'organisation du sport scolaire en France : « La coordination avec les collectivités locales est inexistante au niveau national ; si elle s’organise au niveau local pour gérer le rattachement des écoles et établissements scolaires aux équipements sportifs, le plus souvent sous l’égide des collectivités territoriales et de façon très pragmatique, elle ne s’inscrit que rarement dans un schéma d’ensemble liant école et politique sportive », regrettent les magistrats, qui soulignent que les collectivités s'impliquent de « façon diffuse mais significative »  dans le financement du sport scolaire (contribution en personnel estimée à 50 millions d'euros au niveau national).
Pour l'État, le coût de l'enseignement de l'EPS est estimé à 4 milliards d'euros. « Si le sport à l’école est souvent considéré en France comme un « angle mort »  de la scolarisation, c’est moins en raison d’un manque de moyens que d’une conception extrêmement complexe, peu pilotée et coordonnée, marquée par des ruptures nombreuses de passage de relais », en conclut la Cour.

Des conditions d'accès aux équipements « pas ajustées »  aux horaires des scolaires
Impossible, en revanche pour les Sages, d'estimer le coût de la mise à disposition des équipements sportifs par les collectivités au niveau national. Toujours est-il que « les conditions d’accès aux équipements pour les écoles et pour les collèges ne sont pas mécaniquement ajustées aux maquettes horaires des établissements ». L’accès aux piscines est souvent problématique. Un tiers des classes élémentaires ne bénéficie pas d’une offre de bassin satisfaisante.
Après l'analyse vient le temps des recommandations. La Cour préconise de renforcer l’enseignement de l’EPS dans le primaire, de faciliter les liens entre le sport et l'école et de donner au système éducatif des objectifs vérifiables dans le domaine de l’EPS et de revitaliser l’organisation du sport scolaire en engageant un rapprochement des deux associations du sport scolaire. Avec des taux de participation des élèves de 12,5% dans le primaire, de 28,8% au collège et de 15,7% au lycée, la Cour des comptes estime que « les associations sportives scolaires n’assurent pas une mission de relais vers le monde sportif et restent souvent confinées au monde scolaire dont elles demeurent le prolongement, utile mais restreint ».
 

Ludovic Galtier
 

Télécharger le rapport.

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