Édition du mercredi 25 mai 2016
Internats : le gouvernement change de perspective
C’est un peu un serpent de mer, depuis pas loin de vingt ans : mettre en place une offre suffisante de places en internats pour aider les élèves en difficulté à poursuivre leur scolarité. Les résultats n’étant pas à la hauteur des attentes, une circulaire vient d’être publiée par la directrice générale de l’Enseignement scolaire, Florence Robine, au nom de la ministre de l’Éducation nationale. Objectif : aborder la question des internats de manière plus « systémique ».
En 2000 déjà, un « plan de relance de l’internat public » était lancé, demandant notamment aux collèges de faire « du développement d'une scolarité "en résidence" un axe fort de leur projet d'établissement ». En 2007, le président Sarkozy lançait le programme « internats d’excellence » puis, en 2008, le Plan Espoir-banlieue encourageait encore la création d’internats, en les considérant non seulement comme des lieux d’hébergement mais « comme un dispositif d’accompagnement favorisant à la fois la réussite scolaire et la mixité sociale ». On est alors passé des « internats d’excellence » aux « internats de la réussite pour tous ». Deux appels à projets ont également été lancés par l’État, dont un est cours, pour la construction en partenariat entre l’État et les collectivités concernées (départements et régions) de nouveaux internats.
Quel est l’état des lieux aujourd’hui ? Les derniers chiffres disponibles (été 2015), fournis par le ministère de l’Éducation nationale, font état de 1634 internats publics, accueillant 180 415 élèves (sur 5,7 millions). Les internats privés accueillent, eux, 63 221 élèves.
Mais les internats existants, soit qu’ils soient mal dimensionnés, soit qu’ils ne touchent pas suffisamment la cible visée par le gouvernement, ne font aujourd’hui pas le plein : selon une étude commandée par le ministère et réalisée par CapGémini,, les internats sont « sous-utilisés » : leur taux d’occupation moyen n’est que de 80 % et « 41 000 lits sont vacants ». Ces moyennes générales recouvrent toutefois des inégalités territoriales : dans les zones urbaines, beaucoup d’internats sont au contraire saturés.
Le gouvernement souhaite donc relancer la scolarisation en internat, d’une part en remplissant mieux les internats existants, d’autre part en en construisant de nouveaux. La logique n’est plus, aujourd’hui, d’accueillir uniquement les élèves en difficulté. La circulaire publiée ce matin est claire : « Tout élève, quel que soit son niveau scolaire, son mérite et son potentiel, peut accéder à l’internat dès lors que lui et sa famille sont volontaires ». Néanmoins, la politique de développement des internats vise avant tout à « réduire les inégalités sociales et territoriales ». Ces établissements devront donc désormais « concerner davantage d’élèves issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville, résidant dans les territoires ruraux ou ultra-marins ou encore scolarisés en éducation prioritaire ».
Le ministère a également largement tenu compte des recommandations formulées par l’étude CapGemini, qui suggérait que les internats ne devaient pas être de simples dortoirs, mais « offrir un cadre bienveillant et propice au travail scolaire et périscolaire ». Cette formule est presque exactement reprise dans la circulaire, qui demande de mettre en place « des projets pédagogiques et éducatifs bienveillants et exigeants », avec des temps d’enseignements proposés en dehors du temps scolaire, l’organisation de « travail coopératif entre les internes », des dispositifs de « tutorat et de mentorat ». Le ministère encourage à faire travailler des volontaires du service civique dans les internats pour encadrer les élèves, et évidemment à mettre à disposition des internes toutes possibilités pour bénéficier à des services de documentation et aux moyens numériques d’information et de communication.
La circulaire exige par ailleurs que les services académiques, « en concertation étroite avec les collectivités territoriales », mettent tout en œuvre « pour lever les obstacles financiers à l’accueil en internat pour les publics les plus en difficulté économiquement et socialement ».
Enfin – et c’est là encore une nouveauté et une marque de la volonté de considérer ce dossier de façon globale – la circulaire met l’accent sur l’aménagement même des locaux, voire, dans le cas d’une construction nouvelle, le « projet architectural ». Les nouveaux internats devront être pensés dès l’origine « non comme des monuments dédiés à l’esthétique » mais dans le but exclusif de « fournir un environnement adapté au processus d’apprentissage ». « L’internat doit être pensé comme un espace éducateur, conclut le texte. Les différents temps des internes, pédagogiques, éducatifs ou libres, doivent trouver leur expression dans l’agencement des locaux ».
C’est un réel changement de perspective qui semble s’opérer au ministère de l’Éducation nationale, qui fait dire ce matin à un commentateur avisé du monde de l’éducation, l’inspecteur d’académie Jean-Pierre Véran, que « dans la longue histoire de l’internat, on peut penser que la circulaire Internat de la réussite pour tous 2016 fera date ».
Télécharger la circulaire.
En 2000 déjà, un « plan de relance de l’internat public » était lancé, demandant notamment aux collèges de faire « du développement d'une scolarité "en résidence" un axe fort de leur projet d'établissement ». En 2007, le président Sarkozy lançait le programme « internats d’excellence » puis, en 2008, le Plan Espoir-banlieue encourageait encore la création d’internats, en les considérant non seulement comme des lieux d’hébergement mais « comme un dispositif d’accompagnement favorisant à la fois la réussite scolaire et la mixité sociale ». On est alors passé des « internats d’excellence » aux « internats de la réussite pour tous ». Deux appels à projets ont également été lancés par l’État, dont un est cours, pour la construction en partenariat entre l’État et les collectivités concernées (départements et régions) de nouveaux internats.
Quel est l’état des lieux aujourd’hui ? Les derniers chiffres disponibles (été 2015), fournis par le ministère de l’Éducation nationale, font état de 1634 internats publics, accueillant 180 415 élèves (sur 5,7 millions). Les internats privés accueillent, eux, 63 221 élèves.
Mais les internats existants, soit qu’ils soient mal dimensionnés, soit qu’ils ne touchent pas suffisamment la cible visée par le gouvernement, ne font aujourd’hui pas le plein : selon une étude commandée par le ministère et réalisée par CapGémini,, les internats sont « sous-utilisés » : leur taux d’occupation moyen n’est que de 80 % et « 41 000 lits sont vacants ». Ces moyennes générales recouvrent toutefois des inégalités territoriales : dans les zones urbaines, beaucoup d’internats sont au contraire saturés.
Le gouvernement souhaite donc relancer la scolarisation en internat, d’une part en remplissant mieux les internats existants, d’autre part en en construisant de nouveaux. La logique n’est plus, aujourd’hui, d’accueillir uniquement les élèves en difficulté. La circulaire publiée ce matin est claire : « Tout élève, quel que soit son niveau scolaire, son mérite et son potentiel, peut accéder à l’internat dès lors que lui et sa famille sont volontaires ». Néanmoins, la politique de développement des internats vise avant tout à « réduire les inégalités sociales et territoriales ». Ces établissements devront donc désormais « concerner davantage d’élèves issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville, résidant dans les territoires ruraux ou ultra-marins ou encore scolarisés en éducation prioritaire ».
Le ministère a également largement tenu compte des recommandations formulées par l’étude CapGemini, qui suggérait que les internats ne devaient pas être de simples dortoirs, mais « offrir un cadre bienveillant et propice au travail scolaire et périscolaire ». Cette formule est presque exactement reprise dans la circulaire, qui demande de mettre en place « des projets pédagogiques et éducatifs bienveillants et exigeants », avec des temps d’enseignements proposés en dehors du temps scolaire, l’organisation de « travail coopératif entre les internes », des dispositifs de « tutorat et de mentorat ». Le ministère encourage à faire travailler des volontaires du service civique dans les internats pour encadrer les élèves, et évidemment à mettre à disposition des internes toutes possibilités pour bénéficier à des services de documentation et aux moyens numériques d’information et de communication.
La circulaire exige par ailleurs que les services académiques, « en concertation étroite avec les collectivités territoriales », mettent tout en œuvre « pour lever les obstacles financiers à l’accueil en internat pour les publics les plus en difficulté économiquement et socialement ».
Enfin – et c’est là encore une nouveauté et une marque de la volonté de considérer ce dossier de façon globale – la circulaire met l’accent sur l’aménagement même des locaux, voire, dans le cas d’une construction nouvelle, le « projet architectural ». Les nouveaux internats devront être pensés dès l’origine « non comme des monuments dédiés à l’esthétique » mais dans le but exclusif de « fournir un environnement adapté au processus d’apprentissage ». « L’internat doit être pensé comme un espace éducateur, conclut le texte. Les différents temps des internes, pédagogiques, éducatifs ou libres, doivent trouver leur expression dans l’agencement des locaux ».
C’est un réel changement de perspective qui semble s’opérer au ministère de l’Éducation nationale, qui fait dire ce matin à un commentateur avisé du monde de l’éducation, l’inspecteur d’académie Jean-Pierre Véran, que « dans la longue histoire de l’internat, on peut penser que la circulaire Internat de la réussite pour tous 2016 fera date ».
F.L.
Télécharger la circulaire.
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