Consternation chez les maires après l'attaque contre Vincent Jeanbrun et sa famille
Par F.L. et E.S.
C’est à 1 h 30 du matin, dimanche, que le domicile du maire de l’Haÿ-les-Roses a été attaqué, dans ce qu’il a appelé, dans un communiqué publié hier, une « tentative d’assassinat d’une lâcheté inqualifiable ». Alors que l’élu était en mairie, « comme depuis trois nuits », « des individus ont lancé une voiture bélier contre (son) domicile, avant d’y mettre le feu pour incendier (sa) maison ». L’épouse du maire, en faisant fuir ses deux enfants tandis que les assaillants les visaient avec des mortiers d’artifice, s’est fracturée la jambe.
Le parquet de Créteil a ouvert une enquête pour « tentative d’assassinat ». L’enquête dira si cette attaque est le fait d’émeutiers ou de malfrats qui ont profité de la situation pour s’en prendre au maire et à sa famille.
Dimanche à la mi-journée, la Première ministre, Élisabeth Borne, s’est rendue sur place avec le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, celui de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu et la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure. « Je veux dire à tous les élus qui sont en plein désarroi, avec des flambées de violences à leur égard, que nous ne laisserons rien passer. Nous avons demandé à la justice, au procureur, la plus grande fermeté, vis-à-vis des auteurs de ces violences », a-t-elle déclaré.
Plusieurs agressions contre les maires
Depuis le début des émeutes, plusieurs maires ont été pris à partie par des émeutiers en tentant de protéger leur mairie, comme le maire de Sannois, Bernard Jamet. L’ancien domicile du maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, a été « entièrement saccagé ». Dans le Rhône, un dispositif incendiaire a été retrouvé hier au domicile du maire de Charly, au sud de Lyon ; Olivier Araujo. Une tentative d’incendie a également eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche au domicile du maire de La Riche, commune de 11 000 habitants de la métropole de Tours.
À Pontoise (95), la voiture de la maire Stéphanie Von Euw a été visée par une fusée d’artifice, et l’élue a été brûlée à la jambe. Le maire de Charleville-Mézières, Boris Ravignon, a été visé par des jets de bouteille en tentant d’éteindre un feu de poubelles. Le maire de Maromme (76), David Lamiray, a également été agressé et a dû « se réfugier dans la mairie ».
Soutien unanime et transpartisan
Ces attaques, et plus particulièrement celle à l’encontre de la famille du maire de L’Haÿ-les-Roses, ont provoqué une vague d’indignation. Sur les réseaux sociaux, d’innombrables messages d’élus locaux, de parlementaires et de personnalités se sont succédé depuis hier, pour dire « l’effroi », la « révolte », « une agression insupportable » … « Soutien absolu à Vincent Jeanbrun et sa famille face à ces actes inqualifiables. Cette spirale de violence contre ceux qui incarnent l’autorité : élus, professeurs, soignants, pompiers, policiers, agents de transport, journalistes…nous obligent collectivement au risque du délitement », a déclaré le maire de Montpellier, Michaël Delafosse. Jean-Luc Moudenc (Toulouse) a dit son « soutien indéfectible ». Pierre Ouzoulias, sénateur PCF, déclare que « s’en prendre à un maire, c’est attaquer celles et ceux qui font vivre notre République ». « Les élus locaux sont pris pour cibles alors qu’ils sont les garants de l’équilibre de notre société », twittait hier Carole Delga, présidente de Régions de France, tandis que la maire de Lille, Martine Aubry, parle d’une attaque « ignoble ».
Dans la foulée de ces événements et après le communiqué de l’AMF (lire article ci-dessus), des centaines de communes relayent sur les réseaux sociaux l’appel de David Lisnard à organiser des rassemblements sur les parvis des mairies aujourd’hui, tant pour protester contre les agressions contre les maires que pour demander le retour à « la paix civile ». Ces rassemblements auront lieu dans la quasi-totalité des communes : en piochant au hasard sur les réseaux sociaux, il apparaît que les maires ne tiennent pas compte des étiquettes politiques pour se joindre à l’appel, qu’ils soient LR (Élancourt), PCF (Bagneux), PS (Montpellier), EELV (Bordeaux), UDI (Bures-sur-Yvette) ou RN (Perpignan) – ce dernier « sans trop y croire », indique toutefois le maire Louis Alliot. Très peu de grandes villes, à l’heure où nous écrivons, n'ont pas encore communiqué sur l’organisation de ces rassemblements. Au-delà, des milliers de maires sans étiquette politique organiseront un rassemblement.
D’autres structures ont décidé de s’y associer, comme par exemple le Cnas (Comité national d’action sociale).
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