Violences faites aux femmes : l'AMF publie un guide pour aider les maires à agir localement
Par Lucile Bonnin
« Tous les trois jours une femme meurt en France sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint, les tentatives d’homicide ont doublé au sein du couple et toutes les 3 minutes un enfant est agressé sexuellement ». C’est ce que Cécile Gallien, maire de Vorey-sur-Arzon et co-présidente du groupe de travail égalité femmes-hommes à l’AMF, a rappelé lors d’un forum consacré aux violences intrafamiliales au Congrès des maires.
« Nous avons créé il y a sept ans de l’AMF un groupe de travail sur l’égalité femmes-hommes mais qui embrasse des problématiques très larges, allant de la parité à la lutte contre les violences faites aux femmes, a-t-elle déclaré. Nous, les maires ruraux et urbains, on est au cœur de la société, on essaye d’être des humanistes et de ne rien laisser passer. »
Pour accompagner les maires dans cette mission, l’AMF a présenté un guide à l’occasion du Congrès qui devrait permettre « à tous les maires ou élus locaux de faire en sorte qu’une femme, un enfant, ou un homme qui se sent agressé ou violenté trouve un écho dans les mairies, dans les associations ou avec la gendarmerie », a résumé la maire de Vorey-sur-Arzon.
Rappelons que l’AMF a fait de la prévention et de la lutte contre les violences faites aux femmes la grande cause du mandat municipal 2020-2026.
Action des communes et partenaires
Le guide réalisé par l’AMF offre des informations opérationnelles et pratiques pour lutter contre les violences faites aux femmes à l’échelle communale. Pour la mairie, l’engagement passe d’abord par un plan d’action, notamment dans les communes rurales ou les petites villes qui peuvent se sentir démunies face à ce phénomène. Ce plan « peut prendre la forme d’une délibération marquant l’engagement de la mairie et les actions envisagées » et peut être « élaboré conjointement par plusieurs communes qui souhaitent travailler ensemble ou par l’intercommunalité ».
Il est également conseillé de réaliser un recensement du réseau local afin « d’identifier les partenaires pouvant accompagner la commune dans son accueil des femmes victimes (associations, médecine libérale et pharmacie, services sociaux, PMI, missions locales, centres d’hébergement, intervenants sociaux en gendarmerie et commissariat…) ».
Le guide met aussi en avant des bonnes pratiques en matière d’hébergement d’urgence : « Les collectivités locales peuvent mettre à disposition des logements en bail associatif pour l’hébergement, soutenir le financement pour l’accompagnement des femmes, ou pour le relogement en accès direct pour les femmes prêtes au relogement (convention Un toit pour Elles) ». Les collectivités peuvent aussi s’investir dans la prévention des violences avec les centres de prise en charge des auteurs (CPCA). « Il existe actuellement 30 CPCA dans 84 départements dont 5 en Outre-mer. Environ 12 000 auteurs de violences conjugales sont accueillis, dont 90 % au titre d’une mesure judiciaire et 10 % issus du volontariat. »
Enfin, « au regard de l’ampleur du phénomène des violences faites aux femmes, les CCAS/CIAS sont doublement mobilisés. Ils sont en première ligne pour répondre aux besoins des usagers et aux contraintes de leur environnement. Les actions de prévention et de sensibilisation des CCAS/CIAS sont une première étape dans la lutte contre les violences faites aux femmes » . La gendarmerie nationale, la police nationale et les associations nationales sont aussi de précieux partenaires pour les maires.
Agir contre les violences dans les espaces publics
Selon un sondage datant de 2021, 80 % des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics.
La semaine dernière, la Première ministre Élisabeth Borne a lancé une campagne de sensibilisation contre les violences que subissent les femmes dans les transports en commun. Au total, 2 950 affiches et 2 100 panneaux numériques seront affichés dans les gares, stations de métro et de bus en région Île-de-France et 2 000 affiches et 830 panneaux numériques seront également déployés dans tout le pays.
L’AMF rappelle que la commune peut également « conduire des actions de prévention en distribuant, par exemple, des flyers directement dans l’espace public ou en mobilisant les commerçants pour ce faire. Si la commune dispose d’une police municipale, elle peut être associée à l’action pénale à l’encontre de l’outrage sexiste et sexuel ». Des marches exploratoires peuvent aussi être organisées par la mairie. Le principe : « À travers une déambulation, des femmes volontaires qui utilisent l’espace public [vont retranscrire] leurs perceptions du risque, du bien-être et du sentiment de sécurité ainsi que leurs souhaits et recommandations ».
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