Villes internet souhaite prioriser la 4G dans les zones encore mal couvertes plutôt que la course à la 5G en zone dense
Par Emmanuel Guillemain d'Echon
S’occuper des territoires sous-dotés avant ceux qui sont déjà fibrés : c’est en substance l’appel lancé par Villes internet, l’association des élus au numérique, qui lors de son dernier congrès, jeudi 6 octobre à Paris, a adopté une motion reprenant 29 propositions prochainement présentées à la Première ministre, Élisabeth Borne.
La première d’entre elles demande de se concentrer d’abord sur les zones blanches, tant au niveau du réseau mobile que d’internet, en « priorisant l’installation du réseau 4G dans les territoires non connectés plutôt que la course à la 5G en zone dense ».
« On est en 2022, et partout en France il y a encore de nombreux territoires qui ont des difficultés importantes de connexion à Internet » , s’est agacé Mathieu Vidal, président de Villes internet, même si celui-ci reconnaît que même dans les zones denses, « les réseaux sont de plus en plus sollicités, ce qui pose également la question de leur entretien et de leur maintenance ».
En ce qui concerne la fibre optique, il s’agit « d’encadrer le processus de déploiement et de maintenance des réseaux par les opérateurs en évaluant les pratiques et en contrôlant les sous-traitants. » C’est un sujet qui cristallise la colère des élus, confrontés aux erreurs de branchements et aux coupures sauvages, notamment en raison de « l’ubérisation » de la sous-traitance chez les opérateurs (lire Maire info des 11 mars).
La fracture numérique, qui est « tout sauf enterrée » , n’est pas qu’une question d’infrastructures, mais aussi d’aide à la formation de la population à l’usage du numérique, alors que toujours plus de services publics font l’objet d’une dématérialisation totale, que l’association voudrait voir temporisée par un « maintien systématique d’un guichet humain » .
D’où un appel, également, à « pérenniser les structures de la médiation numérique », avec notamment la garantie « d’un financement pluriannuel des conseillers numeriques France Services ».
Après un démarrage difficile, le dispositif a été plébiscité par les collectivités, mais celles-ci se posent depuis le début la question d’un soutien du gouvernement au-delà des deux années initialement prévues. Pour rappel, l’État finance la rémunération du conseiller numérique à hauteur de 50 000 euros sur deux ans (lire Maire info du 18 janvier 2021).
« Certaines collectivités n’en ont pas fait la demande, car elles ne savaient pas si elles pourraient gérer l’après-contrat aidé » , a rappelé Mathieu Vidal, également adjoint à la Ville numérique au maire d’Albi. « Le gouvernement a annoncé son intention de pérenniser le dispositif, mais nous demandons qu’il le soit véritablement, avec une prise en charge complète du salaire, car celui-ci est peu élevé » , a-t-il ajouté.
Les élus de Villes internet souhaitent également que soit élaboré un « référentiel national de formation » pour ces médiateurs du numérique.
Un accompagnement contre les cyberattaques
Autre sujet sensible : les attaques informatiques, qui se multiplient contre les collectivités – si l’affaire de l’hôpital de Corbeil-Essonnes a fait grand bruit cet été, ce problème devient très épineux pour les élus, avec des récentes occurrences aux Mureaux (24 septembre), à Caen (26 septembre), et au conseil départemental de Seine-Maritime, le 10 octobre.
« Même si l’attaque n’est pas de grande ampleur, cela implique de suspendre les services quelques jours, et parfois il y a des pertes ou des fuites de données irréversibles » , a expliqué Mathieu Vidal.
C’est pourquoi Villes Internet réclame un accompagnement de l’État à « la creation d’un plan de defense contre les cyberattaques au niveau local » , avec des moyens financiers, notamment pour « sensibiliser les agents qui doivent faire face a des obligations de dematerialisation exponentielles » ; « c’est déjà compliqué pour une grande ville, c’est encore plus le cas pour une petite commune » , a souligné l’élu.
La question de la sécurité des données se pose également dans la commande publique ; pour l’association, il faudrait établir « un référentiel de critères structurant - interopérabilite, propriéte des données, RGPD, numérique responsable » , afin de mieux savoir comment rédiger les appels d’offres.
Les élus au numérique demandent enfin une aide pour déployer les stratégies numériques responsables, rendues obligatoire d’ici à 2025 pour les communes et EPCI de plus de 50 000 habitants (lire Maire info du 5 septembre 2022). Plus largement, pour l’association, les enjeux de la lutte contre le changement climatique passent aussi par une réflexion accrue sur la dématérialisation, l’usage du numérique ne devant être réservé qu’aux « seuls outils indispensables a l’amelioration des services publics ».
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