Édition du mercredi 22 octobre 2003
Jacques Chirac : « Nous pouvons, en quelques années, inverser le cours des choses (ndlr : dans les quartiers) (…), rebâtir des quartiers à visage humain, y ramener la sécurité, l'emploi et les commerces »
Jacques Chirac a retrouvé, mardi, à Valenciennes, les accents sociaux de sa campagne présidentielle de 1995, en mettant en garde contre "cette fracture sociale qui menace de s'élargir en une fracture urbaine, ethnique et parfois religieuse".
Dans un discours à l'hôtel de ville, devant lequel l'attendaient 2 500 personnes enthousiastes ou curieuses, le président de la République a apporté un soutien sans faille au plan de rénovation urbaine porté par Jean-Louis Borloo, ministre, atypique, de la Ville. Ancien maire de Valenciennes, il est aujourd'hui premier adjoint du maire Dominique Riquet.
Alors que la polémique se développe autour du port du voile islamique à l'école, Jacques Chirac a affirmé que "la laïcité n'est pas négociable". "On ne peut accepter que certains s'abritent derrière une conception dévoyée de la liberté religieuse pour défier les lois de la République ou mettre en cause ces acquis fondamentaux d'une société moderne que sont l'égalité des sexes et la dignité des femmes", a-t-il déclaré.
Le président qui, en juillet, a installé une commission sur la laïcité présidée par Bernard Stasi, a rappelé qu'il tirerait "toutes les conséquences" de ses travaux, "en ayant recours, s'il le faut, à la loi".
A Beuvrages, il a visité des quartiers qui cumulent tous les handicaps sociaux, avant de se faire présenter, à Valenciennes, les programmes de rénovation urbaine.
Située au centre d'une des régions les plus pauvres de France, Valenciennes a bénéficié, sous la conduite de Jean-Louis Borloo, d'un renouveau urbain considéré comme "exemplaire" par Jacques Chirac.
Dans son discours, M. Chirac a fait valoir que "les zones urbaines sensibles ne forment pas une France en marge, une France exclue, une France que l'on pourrait ignorer". "Il n'est pas acceptable que le progrès économique ne profite pas à tous", a-t-il dit, que "certains quartiers tombent en friche", "que des enfants aient peur d'aller à l'école", que "des demandes d'emplois passent à la corbeille en raison des origines maghrébines ou du lieu de vie du demandeur", "que l'insécurité s'impose dans certaines zones, que les valeurs de laïcité et de respect de la femme y soient bafouées", "que l'égalité des chances ne soit pas une réalité partagée, ressentie et vécue par tous".
"Habitat dégradé, insécurité, chômage, discriminations, montée du communautarisme et des inégalités sociales : ces réalités douloureuses doivent être prises à bras-le-corps", a ajouté Jacques Chirac.
Face à "ce défi", il a affiché son volontarisme, comme il l'avait fait le 16 septembre à Auxerre en matière économique. "Nous pouvons, en quelques années, inverser le cours des choses. Nous pouvons rebâtir des quartiers à visage humain, y ramener la sécurité, l'emploi et les commerces", a-t-il assuré.
C'est sur ces "nouvelles frontières de l'action publique" qu'il faut "agir pour défendre les valeurs républicaines, pour écarter la tentation de l'extrémisme, pour combattre les intégrismes qui se nourrissent du désordre, de l'abandon, du désespoir", a-t-il ajouté.
Venu de l'UDF, M. Borloo a pris la défense de M. Chirac : "Tous ceux qui pensent que politique internationale et politique nationale sont deux sujets distincts se trompent. La voix de la France est une".<sc
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