Maire-info
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Édition du vendredi 2 avril 2021
Coronavirus

Vaccination : pharmaciens et maires ruraux réclament une « alternative » aux vaccinodromes dans les zones rurales

Ils appellent le gouvernement à trouver « des solutions de proximité » pour la vaccination dans les territoires ruraux et proposent d'autoriser les pharmacies d'officine à administrer les vaccins de Pfizer et de Moderna.

Par A.W.

« La stratégie vaccinale du gouvernement se concentre sur les grandes villes, au risque de délaisser les populations des zones rurales. »  Dans un communiqué commun, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPT) et l’Association des maires ruraux de France (AMRF) s’inquiètent du déploiement de la vaccination dans les territoires ruraux et demandent au gouvernement de mettre en place une « alternative »  aux vaccinodromes.

Risque d’une « inégalité majeure d’accès aux soins » 

Alors que « 38 % de la population française vit dans une commune de moins de 3 500 habitants », celle-ci risquerait, selon eux, d’être « pénalisé[e] »  du fait de « son éloignement des établissements hospitaliers », notamment les personnes « les plus âgées ».
« Pour gagner collectivement la bataille de la vaccination, il faut impérativement ajouter une solution de proximité pour le monde rural à cette solution XXL adaptée pour les grands centres urbains », estiment les pharmaciens et les maires ruraux, qui souhaitent que le réseau des pharmacies d’officine « puisse administrer les vaccins à ARN messager », ceux de Pfizer et de Moderna. D’autant que ces dernières sont « réparti[es] de manière équilibrée sur le territoire », « parfaitement compétentes pour être intégrées à la stratégie vaccinale »  et « enclin[es] à être facilitateur territorial en la matière ».
« Leur refuser d’administrer les vaccins à ARNm, alors que les pharmaciens sont déjà habilités à administrer le vaccin d’AstraZeneca, retarderait d’autant plus l’atteinte de l’immunité collective nécessaire pour retrouver une vie normal », assurent-ils et conduirait à créer une « inégalité majeure d’accès aux soins ».

2 millions de vaccinations supplémentaires par semaine

Selon les estimations de la FSPT, ce réseau d’officines pourrait vacciner « un million de personnes par semaine et approvisionner les médecins, les infirmiers et les centres de vaccination de proximité ». Au total, elle estime que « près de 2 millions de Français pourraient être vaccinés chaque semaine par les professionnels de santé de ville ». Une solution qui représenterait ainsi un « levier supplémentaire »  pour accélérer la vaccination et permettrait de « pallier les faibles volumes de doses AstraZeneca disponibles et de vacciner les patients prioritaires de moins de 55 ans », selon les deux organisations
Pharmaciens et maires ruraux jugent ainsi « inconcevable »  que les populations rurales soient « contraintes de faire plus de 30 minutes de trajet pour se faire vacciner ». « Pourquoi envoyer [les habitants des communes rurales] se faire vacciner dans les grands centres urbains alors que leurs territoires sont pourvus d’officines, souvent derniers acteurs de santé locaux encore debout ? », questionne, dans le communiqué, le président des Maires ruraux de la Nièvre et maire de Varzy, estimant que ceux-ci sont « déjà désavantagés face à cette pandémie, souffrant bien souvent des effets du désert médical français ». 
Sur ce point d’ailleurs, et devant l’« échec des incitations »  favorisant l’installation des médecins dans les zones rurales, l’AMRF indique que le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, qu’elle a rencontré mercredi, a accepté d’étudier ses propositions et de « travailler de concert »  afin de « trouver des terrains d’expérimentation pour tenter de résoudre la pénurie globale », véritable « bombe à retardement sociale ».
Alors qu’Emmanuel Macron a promis, lors de sa dernière allocution, une accélération de la campagne de vaccination afin que « tous les Français qui le souhaitent »   puissent être vaccinés « d’ici la fin de l’été », le ministère des Solidarités et de la Santé recensait hier un peu plus de 11,7 millions d’injections réalisées depuis le début de la campagne de vaccination en France.
Ce sont ainsi « 8 806 108 personnes qui ont reçu au moins une injection (soit 13,1 % de la population totale et 16,8 % de la population majeure) et 2 956 205 personnes qui ont reçu deux injections (soit 4,4 % de la population totale et 5,6 % de la population majeure) ».

L'OMS fustige la « lenteur inacceptable »  de l’Europe

Reste que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas hésité a pointé la « lenteur inacceptable »  de la vaccination au sein de l’Europe. Ce rythme insuffisant d’injections « prolonge la pandémie », selon le directeur de la branche européenne de l'OMS, Hans Kluge, cité dans un communiqué publié par la branche européenne de l’organisation. Celle-ci juge que la situation épidémique du continent est la « plus préoccupante »  depuis « plusieurs mois ». 
« Soyons clair, nous devons accélérer le processus en renforçant la production, en réduisant les obstacles à l'administration des vaccins, et en utilisant la moindre dose que nous avons en stock », a fait savoir Hans Kluge. Mercredi, le président de la République avait assuré que l’Europe allait « progressivement devenir le premier continent au monde en termes de production de vaccin », souhaitant « construire notre indépendance »  en la matière.
A noter que les autotests, validés depuis la mi-mars par la Haute autorité de santé (HAS), devraient être disponibles « à la fin du confinement », selon le président de la FSPT, Philippe Besset, interrogé ce matin sur RMC. « Actuellement, le gouvernement achète des stocks et les autotests seront disponibles pour les publics qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire les jeunes de 10 à 20 ans, les aidants à domicile, les policiers, les enseignants… », a-t-il expliqué, confirmant que les élèves pourraient en bénéficier « pour le retour à l’école », annoncé le 26 avril pour les écoles maternelles et élémentaires et le 3 mai pour les collèges et lycées. 
Selon Europe 1, le gouvernement resterait pourtant encore réticent et s'apprêterait à « lancer une expérimentation dans les prochaines semaines pour déterminer l’utilité de ces autotests ».

A.W.
 

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