Vaccination : les régions se positionnent à leur tour
Les présidents et présidentes de région se sont réunis hier et ont publié, au sortir de cette réunion, un communiqué livrant leurs « propositions pour accélérer et réussir la campagne ». L’association rappelle l’engagement « sans faille » des régions depuis le début de la crise sanitaire (achat de distribution de masques, actions économiques d’urgence, campagnes de test…) et le fait qu’avec les départements et les communes, « dans le cadre de Territoires unis », elles ont proposé « dès le 25 novembre de se mettre à la disposition du gouvernement pour accompagner » la campagne de vaccination (lire Maire info du 25 novembre). Régions de France a par la suite réitéré cette demande par courrier le 19 décembre et désigné le président de la région Grand est, Jean Rottner (lui-même médecin) comme « interlocuteur politique et opérationnel du ministre de la Santé ».
« Démarrage chaotique »
Mais comme les autres associations avant elle, Régions de France ne peut que constater que ces propositions sont restées lettre morte : « Aucune des réunions mises en place dans ce cadre n’ont permis de co-construire quoi que ce soit. Elles n’ont été que des boîtes d’enregistrement. » Le ministère de la Santé a « souhaité organiser et décider seul de la stratégie », ce qui a conduit à « un démarrage chaotique de la campagne, (…) qui mine la confiance des Français ».
Il n’est toutefois « pas trop tard pour redresser la barre », a déclaré hier le président de Régions de France, Renaud Muselier, qui, avec les autres présidents de région, demande que l’État « bascule clairement d’une gestion centralisée de la crise et de la campagne de vaccination à une gestion décentralisée ».
Neuf propositions
Aussi, à la veille de la conférence de presse lors de laquelle le Premier ministre va faire un certain nombre d’annonces, Régions de France formule un certain nombre de propositions « simples, concrètes et pragmatiques ».
La première d’entre elles consiste à installer « une instance de coordination » à l’échelle de chaque région, qui réunirait « chaque semaine » le directeur général de l’ARS, le préfet et le président de région, les présidents des départements et les représentants des maires. Cette instance pourrait « sélectionner les lieux de vaccination, coordonner les questions de logistique, diffuser l’information pratique… ». Chaque niveau de collectivité pourrait ainsi agir selon ses compétences : par exemple, les régions pourraient « organiser l’acheminement des personnes vers les centres de vaccination au travers de leur compétence de transport à la demande ou en mobilisant les entreprises de transports scolaires ».
Régions de France demande également au gouvernement de mobiliser « tous les réseaux existants capables de vacciner » : y compris les pharmaciens, kinés, sages-femmes – ce que le gouvernement refuse jusqu’à présent. Rappelant qu’il existe dans le pays une pharmacie pour 3 100 habitants et que celles-ci disposent « d’un réseau logistique éprouvé », les régions insistent sur le fait que les pharmacies représentent « l’échelon le plus pertinent » pour accélérer la vaccination.
Régions de France souhaite également que le gouvernement permette aux régions « qui le souhaitent » d’acheter elles-mêmes des vaccins « afin de compléter les dispositifs nationaux ». L’association demande aussi, par ailleurs, que les employeurs de plus de 100 salariés, publics comme privés, soient autorisés à acheter également des vaccins pour « leur personnel ».
Parmi les autres propositions de Régions de France, on peut retenir la mise en place d’un « conseil des territoires » à l’échelle nationale et l’association « des représentants des collectivités au Conseil de défense » ; la co-construction d’une « campagne de communication grand public » ; ou encore une démarche « d’exemple », « en organisant très rapidement et en médiatisant la vaccination des principaux responsables politiques à commencer par les présidents de région eux-mêmes ».
« Des idées et des moyens »
« Tout ne peut pas être piloté depuis le ministère de la Santé », insistait hier Renaud Muselier. Les élus locaux, à tous les niveaux de collectivités, ont « des idées et des moyens », ont su « faire preuve d’agilité, de proximité et d’efficacité ». Le président de Régions de France appelle donc le gouvernement « à ne pas les laisser de côté », pour non seulement veiller à la santé des Français, mais également permettre que reprenne « au plus tôt » la vie « économique, sociale et culturelle du pays ».
Le gouvernement va-t-il entendre ces appels réitérés de toutes les associations d’élus à mieux et davantage associer les collectivités à la campagne de vaccination ? Réponse, peut-être, ce soir, lors de la conférence de presse de Jean Castex.
Franck Lemarc
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